En Haïti, un enfant sur quatre ne vit pas avec ses parents biologiques. Beaucoup de ces enfants ont été confiés à une famille plus aisée par leurs parents. Ils espèrent que la famille d’accueil prendra bien soin de leurs enfants et les inscrira dans une école en échange de quelques petits services. C’est avant tout dans l’espoir de donner à ces enfants une vie meilleure.
Ce fut le cas pour Joël. Quand il avait 14 ans, ses parents ne pouvaient plus payer ses frais de scolarité. Il a donc été placé chez sa tante et a pu, en conciliant tâches ménagères et école, poursuivre son rêve d’étudier. Persévérant, Joël a travaillé de longues heures pour y arriver.
Malheureusement, la réalité est souvent bien plus sombre. Plus de 400 000 enfants haïtiens âgés de cinq à 17 ans travaillent comme domestiques. De ce nombre, environ 286 000 enfants âgés de cinq à 14 ans vivent des situations de travail tout à fait inacceptables. Ces enfants doivent souvent travailler du matin au soir sans être payés, beaucoup ne peuvent pas aller à l’école et ils peuvent être victimes de maltraitance. Une vaste étude réalisée il y a deux ans par des organisations nationales et internationales (dont l’UNICEF) avait même découvert qu’un quart de ces enfants travaillent parfois la nuit.
Exploitée et maltraitée
L’histoire de Larissa (nom fictif) est emblématique de ce problème.
À l’âge de 10 ans, ses parents ont décidé de l’envoyer loin de chez elle, dans une famille de Port-au-Prince qui devait prendre soin d’elle et l’envoyer à l’école. Or, pendant trois ans, elle a été exploitée et maltraitée. Chaque jour, elle commençait son travail à 4 heures du matin : elle lavait le plancher, faisait les lits, allait chercher de l’eau, faisait la vaisselle et aidait à préparer le déjeuner. L’après-midi, elle lavait la vaisselle, allait au marché et faisait la lessive. S’il venait à manquer d’eau dans la maison, elle était fouettée. Sa journée ne finissait qu’après que la famille soit partie se coucher. C’était alors à son tour de pouvoir se reposer, à même le sol.
Un jour, elle a demandé si elle pouvait retourner chez ses parents. Pour toute réponse, elle a été fouettée.
Au bout de trois ans, Larissa a finalement trouvé le courage de partir au beau milieu de la nuit.
C’est la police qui l’a mise en contact avec l’Institut du bien-être social et de la recherche, un organe gouvernemental qui, avec l’appui de l’UNICEF, aide à la réintégration des enfants dans leur famille.
Larissa dit penser encore souvent à ces années de souffrance. Elle en rêve la nuit.
Malheureusement, la destruction causée par l’ouragan Matthew en octobre 2016 a accru la vulnérabilité de familles déjà démunies qui n’arrivent plus à subvenir aux besoins de leurs enfants.
L’histoire de Larissa est celle de trop d’enfants en Haïti. Malheureusement, la destruction causée par l’ouragan Matthew en octobre 2016 a accru la vulnérabilité de familles déjà démunies qui n’arrivent plus à subvenir aux besoins de leurs enfants.
Tous les enfants ont le droit d’être protégés
La famille est la première ligne de protection pour les enfants, c’est pourquoi l’UNICEF et le gouvernement haïtien s’efforcent de sensibiliser les communautés et d’aider les parents à créer un milieu de familial où l’enfant pourra s’épanouir. L’UNICEF œuvre aussi à la formation de travailleuses et de travailleurs sociaux et communautaires pour les aider à protéger les enfants.