Les enfants enlevés par Boko Haram : disparus, mais pas oubliés
Il y a près de 5 ans, 276 étudiantes ont été enlevées d’une école à Chibok, dans le nord-est du Nigéria. Ces filles, qui sont un symbole du conflit armé qui sévit dans la région, représentent une fraction des milliers d’enfants – filles ou garçons – qui ont été enlevés par des groupes armés jusqu’à présent.
La communauté mondiale a peut-être oublié ces enfants, et tant d’autres disparus, mais ce n’est pas le cas pour leurs parents et leur famille. Ils n’arrêteront jamais de chercher leurs enfants ou d’espérer leur retour.
Depuis 2013, plus de 3 500 enfants ont été recrutés et utilisés par des groupes armés non étatiques dans le nord-est du Nigéria. Malgré le fait que certains des enfants aient réussi à s’échapper, une majorité d’entre eux demeurent encore disparus.
Aider les enfants à retrouver une vie normale après avoir été enlevés
L’UNICEF travaille avec le gouvernement et ses partenaires pour protéger les enfants du pays et venir en aide à ceux qui ont été sauvés ou qui ont pu s’échapper. Aider les enfants à retrouver une vie normale après leurs horribles expériences est un processus très long et complexe. Les priorités de l’UNICEF sont de réunir les familles et d’offrir un soutien psychosocial aux enfants, afin de les aider à surmonter les traumatismes qu’ils ont vécus.
Le cinquième anniversaire de l’enlèvement des filles de Chibok nous rappelle que l’enlèvement d’enfants continue de prendre place dans la région.
Enlevée par Boko Haram, Dada est tombée enceinte alors qu’elle était en captivité. « Depuis que j’ai échappé à Boko Haram, nous souffrons beaucoup et il n’y a pas assez à manger. J’adore jouer avec Husseina. J’aimerais qu’elle aille à l’école. Qu’elle ait à manger et des vêtements. C’est important de lui montrer que je l’aime et de la faire sourire. Je souhaite qu’elle ait du succès dans la vie. »
Zanieb était mariée depuis un mois quand Boko Haram a envahi le village et tué son mari. Après l’avoir enlevée, ils l’ont forcée à se marier. Elle était enceinte de son fils lorsqu’elle a réussi à s’échapper et a été prise en charge par les forces armées. « Je souhaite que mon fils soit un jour un homme influent. Lorsqu’il aura du succès, j’oublierai peut-être toutes les souffrances qu’il a endurées au cours de sa vie. »
Disparus, mais pas oubliés
Malheureusement, fuir n’est pas une possibilité pour tous. Des témoignages de parents et familles mettent en lumière le fait que beaucoup d’enfants sont toujours disparus ou en captivité, près de cinq ans après l’enlèvement des étudiantes de Chibok.
« Quand je vois des filles du même âge ou de la même taille, qui jouent aux mêmes jeux, je me souviens de mes filles », raconte Mustafa. Il a perdu trois de ses filles il y a quatre ans, lors des attaques de groupes armés dans son village de Mafa. La plus âgée avait 15 ans à l’époque, et la plus jeune seulement 10 ans.
« Mon fils et moi, nous étions très proches. Il m’aidait à effectuer les tâches ménagères et à laver les vêtements. Il faisait des commissions pour moi et allait puiser de l’eau. Aujourd’hui, je m’ennuie de lui lorsque je fais des commissions toute seule », explique Habi Usman, dont le fils le plus âgé a été enlevé il y a quatre ans à Konduga. Aujourd’hui, elle élève ces deux plus jeunes enfants seule dans un camp pour personnes déplacées.
Hypertension, anxiété et peur. Ce ne sont que quelques exemples des conséquences qu’apportent les enlèvements perpétrés par les groupes armés. « Je suis triste moi aussi, mais je dois réconforter ma femme et je ne peux pas montrer ma peine », affirme Kadir, qui a perdu quatre de ses filles il y a presque 3 ans quand Boko Haram a menacé de tuer sa femme.
L’UNICEF vient en aide aux enfants touchés par le conflit dans le nord-est du Nigéria
En 2017 et 2018, l’UNICEF et ses partenaires ont procuré des services de réinsertion communautaires à plus de 9 800 personnes anciennement associées à des groupes armés, de même qu’aux enfants vulnérables au sein des communautés. Ces services permettent de retrouver les familles des enfants, de les renvoyer dans leur communauté, et de leur offrir un soutien psychosocial, une éducation, une formation professionnelle, des stages informels et des possibilités d’améliorer leurs moyens de subsistance.