Pourquoi des milliers d’enfants, de jeunes, de parents ou de familles entières fuient-ils leur foyer, risquant ainsi leur vie pour entreprendre un voyage vers le Mexique ou les États-Unis? En tirant au clair les causes profondes de la pauvreté et de la violence en Amérique centrale, nous sommes en mesure de mieux comprendre les raisons pour lesquelles tant de migrants quittent leur pays. Nous vous présentons donc un bref aperçu de la vie de millions d’enfants et de leur famille qui vivent dans certaines parties de l’Amérique centrale, et des efforts de l’UNICEF pour leur venir en aide.

Vous pouvez aider à soutenir les enfants et leur famille en Amérique centrale.

Enfant migrant en Amérique centrale
[©UNICEF/UN028170/Zehbrauskas]

Alors qu’ils étaient sur la route en direction de Houston pour tenter de rejoindre la mère de la famille, cette petite fille de quatre ans, son père et ses trois frères et sœurs, se sont fait enlever par des trafiquants et ont été tenus en otage pendant 42 jours. 

Billet de blogue par Maryanne Buechner et Sarah Ferguson

La violence et la pauvreté généralisée poussent des enfants et des familles d’Amérique centrale à migrer à la recherche d’un endroit sûr et d’une vie meilleure. L’UNICEF travaille en collaboration avec des gouvernements et des partenaires locaux pour améliorer les conditions dans les pays touchés par cette crise.

Le flux constant d’immigrants quittant le nord de l’Amérique centrale est le reflet de la triste réalité que vivent quotidiennement des millions d’enfants et leur famille au Honduras, en El Salvador et au Guatemala.

Les raisons pour lesquelles les migrants fuient sont diverses :

  1. Pauvreté extrême.
  2. Criminalité endémique.
  3. Violence, extorsion et recrutement forcé par des gangs.
  4. Taux élevé de violence familiale et d’agression sexuelle visant les filles.
  5. Manque de services sociaux.
  6. Possibilités d’apprentissage et moyens de gagner sa vie limités.
  7. Désir des enfants d’être avec leurs parents, qui travaillent déjà aux États-Unis

Voici donc les conditions de vie qui poussent des hommes, des femmes et des enfants à abandonner leur foyer et à entreprendre de dangereux voyages vers des destinations plus au nord ou au sud.

Nombreux sont ceux qui jettent le blâme sur le crime organisé, qui a pris une ampleur considérable à la suite des guerres civiles qui ont secoué la région, mettant au chômage un grand nombre de personnes et facilitant l’accès aux armes. La violence s’est particulièrement intensifiée à la fin des années 1990, après la déportation par les États-Unis de nombreux membres de la Mara Salvatrucha (MS-13) et du Barrio 18, deux gangs notoires en provenance de Los Angeles.

Carte de l’Amérique centrale:

Le nombre de demandeurs d’asile et de réfugiés dans la région a connu une hausse de 58 % au cours de la dernière année

Les statistiques quant au nombre de réfugiés en Amérique centrale montrent une réalité déchirante.

En 2017, 294 000 demandeurs d’asile et réfugiés ont fui au Belize, au Mexique et aux États-Unis, où plusieurs avaient de la famille, ou au Costa Rica et au Panama, à la recherche d’une vie meilleure. Cela représente seize fois le nombre de migrants enregistré en 2011, et une hausse de 58 % par rapport à l’année précédente.

Démunis, détenus, non protégés et souvent seuls, les enfants qui entreprennent ces voyages sont des proies faciles pour les trafiquants et d’autres gens malhonnêtes dont le seul objectif est de les maltraiter et de les exploiter. De plus, les enfants qui retournent dans leur pays d’origine sont souvent victimes de stigmatisation ou d’exclusion sociale par les membres de leur communauté et sont de nouveau exposés au risque de violence.

Comment l’UNICEF aide-t-elle les populations en Amérique centrale?

L’UNICEF travaille avec les gouvernements nationaux et locaux et des partenaires de la société civile pour soutenir et protéger ces enfants, et pour s’attaquer aux causes profondes de leur exil, qu’ils ont effectué sans ou avec leurs parents.

Crise en Amérique centrale: Garçon au Honduras
[© UNICEF/UN076689/Amaya ]

Briser le cycle de la violence à la maison

Les bureaux de l’UNICEF en El Salvador, au Guatemala, au Honduras et au Mexique ont accru leurs efforts pour répondre aux besoins de plus en plus urgents des populations. Leur travail consiste à adopter une approche globale pour tenter de protéger et de soutenir les enfants où ils se trouvent, où ils se dirigent et à des endroits critiques sur leur chemin.

Pour cela, l’UNICEF doit prendre des mesures pour prévenir et combattre la violence; pour lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie des enfants dans leur propre pays; pour faciliter l’accès aux services et fournir des soins aux enfants pendant leur voyage; pour soutenir les enfants pendant leur réintégration s’ils reviennent dans leur pays d’origine; et s’ils se rendent à destination, pour soutenir leur intégration sociale et les protéger de la discrimination et de la xénophobie dans leur nouvel environnement.

L’UNICEF milite également pour un investissement plus important par les pays dans les systèmes nationaux de protection de l’enfance, afin de réduire l’exploitation et la violence, tout en leur demandant d’accroître l’accès et la disponibilité de solutions de rechange à la détention, afin de mettre fin à la pratique consistant à incarcérer les enfants en raison de leur statut d’immigrant.

Les gangs ciblent les écoles en Amérique centrale
[©UNICEF/UN028158/Zehbrauskas]

Les gangs ciblent les écoles en Amérique centrale, harcelant et volant les étudiantes et étudiants, et créant ainsi une culture de la peur. Bon nombre de jeunes qui tentent de s’exiler aux États-Unis affirment que leur désir d’avoir accès à une éducation est l’un des principaux facteurs ayant motivé leur décision de quitter leur pays. 

Rendre les écoles sécuritaires pour les étudiantes et étudiants

Voici un aperçu du travail réalisé sur le terrain :

Pour bon nombre d’enfants vivant en El Salvador, au Guatemala et au Honduras, l’école est un endroit très dangereux. Il est largement connu que des gangs violents ciblent les écoles, intimidant les étudiantes et les étudiants, volant leur argent et menaçant les jeunes, et établissent ainsi un climat de peur. Plusieurs étudiantes et étudiants cessent donc d’aller à l’école ou commencent à se comporter de manière agressive; certains vont même jusqu’à joindre un gang.

L’UNICEF travaille depuis plusieurs années avec les gouvernements municipaux et les écoles des pays du triangle du Nord pour briser le cycle de la violence, en créant et en soutenant des espaces sécuritaires où les enfants peuvent participer à des activités d’apprentissage et de formation professionnelle, sans avoir à craindre les gangs et leurs persécutions. Au Honduras, UNICEF Honduras offre des formations professionnelles ainsi que des programmes culturels et artistiques pour aider à responsabiliser les adolescentes et les adolescents. Avec son partenaire Mujeres en las Artes, le bureau de l’UNICEF au Honduras met en œuvre des programmes communautaires dans douze des municipalités les plus violentes au pays, auxquels participent des milliers d’enfants, d’adolescentes et d’adolescents et d’adultes.

Les programmes de l’UNICEF offrent également du soutien ciblé pour renforcer les systèmes de protection de l’enfance nationaux et locaux visant à protéger les enfants de différentes formes de violence. En réponse à un rapport révélant l’utilisation généralisée de châtiments corporels et son incidence négative sur le développement émotionnel des enfants, l’UNICEF a récemment lancé un programme au Honduras qui enseigne aux parents, au personnel enseignant et aux leaders communautaires des méthodes de discipline non violentes, qui aident à mettre fin à cette pratique.

Au Honduras, une grand-mère montre des photos
[© UNICEF/UN028163/Zehbrauskas]

Réintégration de migrants revenus dans leur pays et de familles déplacées

Pour de nombreux réfugiés et demandeurs d’asile, le voyage se termine par leur arrestation et leur détention au Mexique ou aux États-Unis. Près de 64 000 migrants provenant de l’Amérique centrale, dont 11 000 femmes et enfants, ont été renvoyés du Mexique et des États-Unis dans leur propre pays entre janvier et avril 2018 seulement, ce qui représente une hausse de 39 % par rapport à la même période de l’année précédente.

Lorsque des jeunes sont déportés, ils sont souvent victimes de stigmatisation par leur communauté, ou sont exclus socialement. Ils peuvent aussi être la cible d’actes de violence ou demeurer des personnes déplacées dans leur propre pays et vivre dans la pauvreté. L’UNICEF fournit aux enfants migrants du soutien psychosocial spécialisé visant à surmonter les traumatismes et à lutter contre la stigmatisation.

En El Salvador, l’UNICEF s’emploie à fournir des espaces sûrs, des activités récréatives, des programmes d’éducation flexibles et des possibilités de formation professionnelle aux enfants et aux jeunes les plus vulnérables, y compris ceux qui sont récemment revenus de l’étranger. Des programmes d’assistance juridique, des services de soutien psychologique et d’autres programmes de soutien pour les familles déplacées sont également mis sur pied. De plus, un système de suivi numérique est en cours d’élaboration; il servira à faciliter la gestion des cas entre les centres d’accueil et les services municipaux et ainsi gérer plus efficacement la réintégration des enfants migrants.

Centre local pour les jeunes au Honduras
[©UNICEF/UN028156/Zehbrauskas]

Lutter contre la pauvreté et créer des possibilités

Au Guatemala, l’UNICEF et ses partenaires soutiennent les efforts du gouvernement pour renforcer son programme d’assistance financière, Bono Seguro, conçu pour aider les familles dans le besoin. Le programme vise spécifiquement à veiller à ce que les enfants vivant dans la pauvreté et la pauvreté extrême reçoivent des services de santé et aient accès à une éducation. L’UNICEF a également participé à la création de bureaux municipaux à travers le pays pour protéger les enfants et les adolescentes et adolescents, promouvant des programmes visant à prévenir la violence et à dépister et référer les cas nécessitant une protection particulière. Aujourd’hui, 40 pour cent des gouvernements municipaux du Guatemala bénéficient de pareils bureaux de protection.

Un programme d’éducation soutenu par l’UNICEF mis en place au Guatemala a aidé plus de 38 751 étudiantes et étudiants à risque à rester sur les bancs d’école. L’UNICEF a également mis sur pied l’application Voces por ti, qui permet aux familles et les étudiantes et étudiants à signaler la violence liée aux gangs ainsi que les cas d’intimidation à l’école, de violence familiale, de maltraitance et de harcèlement sexuel.

D’autres programmes de l’UNICEF visent à aider d’anciens membres de gangs à réintégrer leur communauté. Au Honduras, l’UNICEF offre des services de counseling pour le traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie ainsi que des programmes de formation professionnelle et aide d’anciens membres de gangs à enlever les tatouages liés à leurs affiliations passées.

Le travail de l’UNICEF est animé par la conviction de longue date qu’investir dans l’enfance est ce qui rapporte le plus au sein d’une société, quelle qu’elle soit. Pour n’importe quel pays, s’engager à créer des environnements exempts de violence pour les enfants permet de prévenir les cas de maltraitance, favorise la cohésion sociale et participe à réduire le taux de criminalité. Investir dans l’éducation des enfants est une façon de miser sur la croissance du pays. L’UNICEF est déterminé à aider chaque enfant à réaliser son plein potentiel, et ce, où qu’il soit.

Apprenez-en davantage sur la façon dont l’UNICEF soutient et protège les enfants migrants de l’Amérique centrale.