Dans la lutte contre la COVID-19 au Mali, la connaissance apporte le pouvoir
« J’ai peur, nous dit Hawa, 15 ans, lorsqu’on aborde le sujet du coronavirus. Je sais que la maladie a tué beaucoup de personnes partout dans le monde. »
Hawa avait déjà beaucoup de difficultés à surmonter avant le début de la COVID-19. Elle est originaire de la région de Mopti au Mali, qui a connu une augmentation drastique des agressions violentes et des affrontements intercommunautaires depuis 2017. Hawa était à Bare Dar Salam en mars 2019 lorsque 85 enfants ont été tués lors d’une attaque brutale dans le village voisin d’Ogossagou. Elle s’est enfuie avec sa famille pour se mettre en sécurité, arrivant finalement au camp pour personnes déplacées de Socoura à Sévaré.
« Je veux m’assurer que le coronavirus n’arrive pas ici », dit-elle.
Bien qu’environ la moitié des cas de COVID-19 au Mali aient été enregistrés dans la capitale de Bamako, il y a eu, au cours des dernières semaines, une augmentation des cas dans les régions de Tombouctou et de Mopti, menaçant les sites de déplacement tel Socoura, où les familles vivent dans des tentes très proches les unes des autres et ont un accès limité à des services sociaux de qualité et à des informations fiables.
RELAYER LE MESSAGE
Alors que la nouvelle de l’arrivée du coronavirus se répandait dans les médias sociaux, via la messagerie instantanée et le bouche à oreille, elle était accueillie avec un certain scepticisme. Certains disaient que le virus mourrait sous les températures particulièrement élevées du Mali tandis que d’autres affirmaient que la COVID-19 ne toucherait que certains pays. D’autres encore prétendaient que le virus était une histoire inventée de toutes pièces et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.
Toutefois, lorsque les premiers cas de COVID-19 au Mali ont été confirmés à la fin mars, l’Organisation internationale pour les migrations, appuyée par l’UNICEF et le ministère de la Santé, a commencé à former des ‘relais’ communautaires dans les sites de déplacement internes dans le but de combattre les informations erronées. Ces organismes ont également donné des directives concernant la bonne technique de lavage des mains, la distanciation physique et l’utilisation d’un couvre-visage. L’UNICEF a également distribué des dispositifs de lavage des mains ainsi que du savon dans les sites pour personnes déplacées.
Oumar, un voisin de Hawa, est l’un de ces relais communautaires. Il soupire en se remémorant le déni auquel il a été confronté et les informations erronées entendues au sujet du coronavirus.
« Nous sommes quatre relais ici. Nous coordonnons nos efforts pour convaincre les autres membres de la communauté qui ne croient toujours pas que la maladie existe, dit-il. La formation que nous avons reçue nous a vraiment aidés à fournir des informations factuelles aux familles. »
Depuis qu’elle a reçu sa formation grâce à Oumar, Hawa peut énumérer par cœur la liste des mesures de prévention importantes.
« J’ai appris qu’on doit se tenir à au moins un mètre des autres personnes, que nous devons éternuer ou tousser dans le pli de notre coude, que nous devons nous laver les mains souvent avec de l’eau propre et du savon, que nous ne devons pas nous serrer la main et que nous devons porter un couvre-visage, » nous informe-t-elle.
Les espaces adaptés aux enfants, déjà établis par l’UNICEF et ses partenaires en 2019, ont également joué un rôle important dans le partage des informations sur la pandémie. L’espace adapté aux enfants dans le camp de Hawa fournit un lieu de jeu sûr aux enfants qui ont quitté la violence; ceux-ci peuvent y rencontrer d’autres enfants et ils ont l’occasion de parler à des psychologues et à des travailleurs sociaux. Cet espace les aide à retrouver un ‘sentiment d’enfance’ et fournit aussi une occasion d’attirer l’attention sur des questions importantes comme le mariage d’enfants, le travail des enfants – et maintenant, le coronavirus.
Oumar se rend régulièrement dans les espaces adaptés aux enfants pour enseigner à ces derniers comment prévenir la propagation de la COVID-19. Entre temps, l’espace comme tel a également dû être adapté. Auparavant, jusqu’à 40 enfants pouvaient s’y rassembler en même temps. Aujourd’hui, on a réduit le nombre d’enfants présents à tout moment. Les enfants s’assoient à au moins un mètre les uns des autres et se lavent tous les mains avant d’entrer.
« Nous devons continuer de fournir ce type de soutien vital à ces enfants qui proviennent des familles les plus vulnérables de la région et qui ont connu les pires formes de violence, nous confie Ahmed Ould Sid'ahmed Ould Aida, chef du bureau de l’UNICEF à Mopti. Nous nous adaptons pour nous assurer que les enfants puissent continuer à bénéficier des services essentiels, tout en minimisant le risque d’exposition à la maladie. »
Vivre dans un espace sûr et le fait d’être bien renseignée sur la COVID-19 a aidé Hawa à reprendre confiance, et elle partage maintenant ses connaissances avec les autres enfants du camp de personnes déplacées.
Oumar nous raconte que Hawa est devenue une fervente porte-parole pour les mesures de prévention. « Elle rappelle même souvent à sa mère de se laver les mains, » dit-il en souriant. Et c’est aussi elle qui a montré aux autres enfants ici comment bien se laver les mains. »
Affichant une nouvelle assurance, Hawa nous confie qu’elle rêve de pouvoir retourner un jour dans son village natal – et d’y amener avec elle ce qu’elle a appris. « J’aimerais que là-bas aussi il y ait un espace adapté aux enfants, pour que je puisse continuer d’avoir des rencontres avec les autres enfants pour parler avec eux. »
Aidez à soutenir des enfants comme Hawa et Oumar. Faites un don au fonds de secours d’UNICEF Canada pour la lutte contre la COVID-19, dès aujourd’hui.