Quand la classe se fait à la maison
Najeeba était déçue, comme des millions d’autres étudiants dans le monde, lorsqu’elle a appris qu’elle ne pourrait plus aller dans son établissement scolaire pour poursuivre ses études en raison de la pandémie de COVID-19. Sa déception n’était pas uniquement liée à la fermeture temporaire des écoles au Pakistan qui allait bouleverser ses propres plans.
« Ce qui me dérangeait le plus était que cela allait perturber la scolarité des enfants », dit Najeeba, âgée de 19 ans, qui habite dans la ville de Gwadar au Baloutchistan, la plus grande province du Pakistan. « Je voulais que chacun des enfants de ma famille poursuive ses études, mais … ils ne pouvaient pas sortir de la maison ».
Najeeba décida alors que si les enfants de sa famille ne pouvaient pas aller à l’école, la meilleure chose à faire serait d’amener la salle de classe à eux. « J’ai alors décidé de devenir leur enseignante à domicile », dit-elle.
Najeeba a donc offert ses services à « Mera Ghar Mera School » qui signifie « Ma maison, mon école », une initiative appuyée par l’UNICEF et le département des études secondaires du Baloutchistan, qui aide les enfants à poursuivre leurs études malgré le confinement imposé par la COVID-19.
Najeeba a transformé une des pièces de sa maison en une salle de cours afin d’avoir suffisamment d’espace pour enseigner l’anglais, les mathématiques et les sciences. Elle a reçu l’appui de l’initiative « Ma maison, mon école » et a pu ainsi avoir accès à des groupes WhatsApp qui fournissent des directives sur l’enseignement à domicile. Ces groupes procurent également des renseignements sur la façon de protéger les familles contre le coronavirus, et donnent des conseils sur le maintien de l’activité physique.
« Les temps sont [difficiles], mais je saisis l’occasion pour m’impliquer auprès des enfants en les aidant à apprendre de façon créative et ludique », dit Najeeba. Elle précise qu’elle veille à ce que les enfants aient aussi du temps pour jouer et être actifs au cours de la journée.
Environ 375 groupes WhatsApp ont été créés dans le cadre de cette initiative, et cela comprend presque 14 000 membres. Les équipes appuyées par l’UNICEF fournissent un appui en ligne aux comités de gestion scolaire parents-enseignants et aux conseils d’éducation locaux.
« Au début, j’ai eu du mal à garder l’attention des enfants, car je n’avais pas suivi de formation en enseignement », dit Najeeba. « Mais les choses se sont améliorées lorsque j’ai commencé à recevoir du contenu de cours, ainsi que des directives par l’entremise des groupes WhatsApp ».
Mariam Ali, âgée de huit ans, est parmi celles et ceux qui bénéficient des cours de sa cousine.
« J’ai l’impression d’être à l’école. J’adore les cours par vidéo », dit Mariam. « À l’école, il y a tellement d’élèves qu’il est difficile d’attirer l’attention du personnel enseignant. Ici, c’est facile car nous ne sommes que cinq élèves. »
Najeeba explique à ses élèves comment se protéger contre la COVID-19, notamment en leur expliquant l’importance de bien se laver les mains. Elle profite également des activités récréatives pour renforcer le message de la distanciation physique.
« Nous sommes assis loin les uns des autres et nous ne nous touchons pas [pendant les cours] » dit Mariam.
Najeeba est persuadée que l’initiative « Ma maison, mon école » aide les enfants à retenir ce qu’ils avaient appris avant la fermeture des école, et que cela devrait les aider lors de la reprise officielle des cours. Cependant, elle précise que les leçons sur les bonnes pratiques d'hygiène personnelle sont aussi importantes que celles portant sur le programme régulier. D’ailleurs, elle a aménagé un endroit pratique où les enfants peuvent se laver les mains correctement.
« Depuis le début du confinement, les enfants ont appris [beaucoup] de choses sur les germes et les virus », dit Najeeba. « Ils sont maintenant heureux de se laver les mains avec du savon, et je veille à ce qu’ils le fassent chaque fois que cela est nécessaire, et au moins une fois par heure. »