À Herat, le savon est un joyau
Khatera, âgée de 30 ans et mère de trois enfants, prend un pain de savon dans ses mains. Elle l’admire comme si c’était un joyau et frotte les mains mouillées de son fils.
Dans le cadre de la pandémie de COVID-19, l’UNICEF a fourni plus de 84 tonnes de savon à des familles vulnérables comme celle de Khatera. Cela a permis aux familles d’adopter de saines pratiques d’hygiène, notamment se laver les mains avec du savon pendant au moins 25 secondes.
Pour Khatera, le fait de recevoir 12 pains de savon a changé les choses. « Je n’ai pas à me soucier d’acheter du savon pour le moment », souligne-t-elle. « Je vais plutôt utiliser l’argent ainsi économisé pour acheter de la nourriture pour mes enfants. »
Il y a deux ans, Khatera a quitté Badghis, une province du nord-ouest de l’Afghanistan, en raison de la sécheresse et de la détérioration de l’économie. La famille de Khatera n’a pas été la seule à quitter son village dans le district de Qadis. Beaucoup d’autres familles ont été forcées de partir, la région connaissant l’une des pires sécheresses depuis des décennies et étant en proie à un conflit sans fin.
Khatera est préoccupée par la COVID-19 et sa situation économique actuelle. Assise sur un tapis usé avec son enfant sur ses genoux dans la petite cour de son logement de fortune, elle essuie ses larmes avec le coin de son foulard : « Je suis inquiète pour mes enfants. »
Se remémorant la vie dans son village de Badghis et contemplant sa réalité en tant que personne déplacée à l’intérieur de son propre pays, Khatera ajoute : « Je suis inquiète pour l’avenir de mes enfants et surtout pour leur santé. Je ne peux pas les voir malades. Je n’arrive pas à bien dormir la nuit. Je me réveille au milieu de la nuit en pensant au virus et à mes enfants. »
Cela fait deux mois que le mari de Khatera n’est pas à la maison. Compte tenu des possibilités d’emploi limitées à Herat et du confinement, il s’est rendu à Helmand, une province du sud de l’Afghanistan, pour trouver du travail. « Jusqu’à présent, je n’ai pas eu de nouvelles de lui. Je ne sais pas s’il est vivant ou non. Je n’ai même pas de cellulaire pour l’appeler. »
Malgré la pandémie de COVID-19, l’UNICEF continue de fournir des soins aux enfants.
Dans les camps de personnes déplacées de Herat, l’UNICEF est sur le terrain pour aider les enfants et leur famille. Dans le contexte de la pandémie de COVD-19, l’UNICEF organise des séances de sensibilisation, fait la promotion des bonnes pratiques d’hygiène personnelle, distribue des trousses d’hygiène, notamment du savon, et fournit de l’eau potable à l’aide de systèmes d’approvisionnement en eau fonctionnant à l’énergie solaire. Ces mesures ont permis à l’UNICEF de venir en aide à environ 45 000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants.
« Dans les camps de Herat, les gens vivent sous des tentes surpeuplées, partageant les toilettes et les salles d’eau et ont un accès limité aux soins de santé et aux services sanitaires de base », explique David Igulu, responsable du bureau de l’UNICEF sur le terrain à Herat. « Ils sont parmi les plus exposés aux maladies, y compris la COVID-19. »
« J’ai appris à connaître le virus et les moyens d’éviter de l’attraper grâce aux mobilisateurs sociaux [de l’UNICEF] », affirme Khatera. Les dernières semaines ont été épuisantes pour cette mère de trois enfants, qui n’avait pas assez de savon pour laver les mains de ses enfants.
Chaque jour, l’UNICEF a aidé 52 mobilisateurs sociaux formés à faire du porte à porte pour apprendre aux familles et aux enfants comment se protéger de la COVID-19.
« Chacun d’entre nous a rendu visite à 30 familles chaque jour et leur a demandé de ne pas se rassembler en grands groupes, et de se laver les mains régulièrement, tout en les informant des autres moyens pour prévenir le virus », explique Zainab, un mobilisateur social de l’UNICEF. « Mais ici, les gens n’ont même pas les moyens d’acheter du savon. »
« Ce sont nos enfants qui souffrent le plus car ils sont encore jeunes et leur système immunitaire est faible », ajoute Khatera. « Certaines personnes souffrent de malnutrition et de diarrhée dans le camp, et c’est toujours un problème. J’ai peur des conséquences si le virus se répand dans le camp. Que Dieu ait pitié de nous. »
Le savon est un article simple qui peut sauver la vie des enfants de Khatera, et beaucoup d’autres encore. Pourtant, ces personnes n’ont pas les moyens d’en acheter puisqu’ils vivent dans des conditions de pauvreté extrême les obligeant à choisir entre se procurer de la nourriture ou du savon.
« J’ai besoin de nourriture pour mes enfants, mais aussi de savon et de détergent. Je veux simplement que mes enfants soient en bonne santé, aillent à l’école et reçoivent une éducation, afin que leurs rêves se réalisent. C’est une bonne chose que les gens du monde entier ne nous aient pas oubliés et nous aient donné du savon que nous pouvons utiliser pour prévenir la propagation des maladies, dont la COVID-19. Merci de penser à nous, merci de votre bienveillance. »