Ce ne sont pas les données qui intéressent la plupart des gens, mais les progrès accomplis, et ce sont justement ces progrès que nous pouvons constater à la lecture des données sur la situation des enfants dans le monde. Aujourd’hui, moins d’enfants meurent avant d’atteindre l’âge de cinq ans, et un plus grand nombre de filles que jamais auparavant sont scolarisées. Ce sont certes de bonnes nouvelles, mais derrière ces moyennes se cachent des réalités plutôt inquiétantes. En 2012, près de 18 000 enfants mouraient encore de maladies pour la plupart pouvant être évitées. En 2011, près de 31 millions de filles en âge d’aller à l’école primaire n’étaient pas scolarisées, et la naissance de près de 230 millions d’enfants âgés de moins de cinq ans n’a jamais été enregistrée. Ils sont ainsi privés d’une identité officielle et de l’accès aux services et aux mesures de protection auxquels ils ont droit.
Les progrès accomplis en faveur des enfants sont inégaux et un trop grand nombre d’entre eux sont laissés-pour-compte. Ces enfants deviennent « invisibles » et leur pauvreté est dissimulée par des moyennes statistiques qui reflètent une amélioration générale de la situation, mais masquent les disparités existant au sein des pays.
Le nouveau rapport de l’UNICEF intitulé La Situation des enfants dans le monde en chiffres - Chaque enfant compte : Dévoiler les disparités, promouvoir les droits de l’enfant, révèle des inégalités criantes, certaines d’entre elles prenant place dans des régions où le Canada a effectué d’importants investissements en matière d’aide à l’étranger, et a ainsi contribué à améliorer la situation, notamment dans le domaine de la santé maternelle, néonatale et infantile. Les enfants les plus démunis du monde sont près de trois fois moins susceptibles de bénéficier des soins d’une professionnelle ou d’un professionnel de la santé qualifié à leur naissance. En Tanzanie, un pays désigné comme prioritaire par le Canada sur le plan des investissements en matière d’aide étrangère et de santé, 56 pour cent des enfants parmi les plus riches sont enregistrés à la naissance, comparativement à seulement quatre pour cent des enfants qui comptent parmi les plus pauvres.
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Les tendances reflétées par ces données se retrouvent aussi dans des pays riches industrialisés, comme le Canada. Selon le rapport, le taux de mortalité infantile au Canada est plus élevé que dans de nombreuses autres nations industrialisées, et présente des variations importantes au sein du pays.
Au cours des dernières décennies, l’UNICEF a considérablement amélioré la disponibilité des données sur les enfants, et nous avons constaté que les données exhaustives, celles qui englobent tous les enfants, constituent l’un des outils les plus efficaces et les plus puissants dont nous disposons pour nous assurer que les droits de chaque enfant sont respectés. Les données contribuent à transformer la vie des enfants en fournissant une base de preuves pour agir, cibler les investissements afin de venir en aide aux enfants les plus vulnérables, et rendre compte des progrès accomplis conformément aux critères définis dans la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies et les objectifs du Millénaire pour le développement.
Le gouvernement du Canada, un chef de file mondial en matière de santé maternelle, néonatale et infantile reconnaît l’importance des données pour rendre compte des progrès accomplis en matière de respect des droits de l’enfant, et pour exercer une pression sur les gouvernements nationaux afin qu’ils respectent leurs engagements à l’égard des enfants. C’est dans cet esprit que le premier ministre Stephen Harper a annoncé aux Nations Unies, en septembre dernier, l’organisation par le Canada d’un événement international axé sur l’enregistrement des données d’état civil, un type de données d’une grande importance. Cet événement constitue une excellente occasion d’attirer l’attention sur la nécessité de veiller à ce que chaque enfant, où qu’il soit, possède une identité officielle et soit comptabilisé dans les données, en plus de s’engager à réduire les inégalités entre les enfants en mettant l’accent sur l’aide aux enfants les plus vulnérables qui vivent dans les régions les plus difficiles d’accès du monde et au Canada.
Les données en elles-mêmes ne sont peut-être pas passionnantes, mais elles ont le pouvoir de réparer les injustices engendrées par l’exclusion et nous aident à tenir les promesses que nous avons faites aux enfants il y a vingt-cinq ans en signant la Convention relative aux droits de l’enfant. La collecte et l’analyse de données exhaustives nous permettent de rendre visibles des enfants qui étaient auparavant invisibles, et nous permettent de bâtir un avenir où chaque enfant peut non seulement survivre, mais aussi s’épanouir. Et cet aspect des données est quant à lui vraiment passionnant.