Bangladesh : sauver la vie de nouveau-nés
Chaque jour, à l’échelle mondiale, 395 000 nouveaux bébés viennent au monde. Trop de femmes enceintes vivent cependant dans l’inquiétude et dans des conditions difficiles, sans soins médicaux de qualité, sans une bonne alimentation ou sans eau potable. Les bébés qui naissent dans les lieux où il est le plus risqué d’accoucher sont jusqu’à 50 fois plus susceptibles de mourir dans les 28 jours suivant leur naissance que les bébés nés dans les endroits les plus sécuritaires.
Au Bangladesh, l’UNICEF procure des soins néonataux dans les hôpitaux locaux afin d’aider les femmes enceintes, les nouvelles mères et les bébés, en particulier ceux qui nécessitent une intervention d’urgence.
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Le traitement efficace de bébé Alif
Le village de Haktullah de la commune de Badarpur, dans le district de Patuakhali, se trouve à cinq ou six kilomètres de l’hôpital général gouvernemental qui possède 250 lits. Tania, une jeune femme dans la vingtaine, est rentrée la veille chez ses parents dans le village de Haktullah après être sortie de l’hôpital.
Aujourd’hui, le fils de Tania, Alif, est âgé de 14 jours. Neuf jours après sa naissance, lorsque ses parents ont constaté qu’il avait un rhume et souffrait d’une infection oculaire qui provoquait des larmoiements, il a dû être emmené d’urgence à l’hôpital. Alif a donc été envoyé de la clinique jusqu’au département spécial de soins néonataux de l’hôpital, où il a été traité après que l’on eut diagnostiqué chez lui une jaunisse.
Tania avait déjà l’habitude des hôpitaux puisqu’elle avait consulté un médecin à plusieurs reprises au cours de ses deux grossesses. Même si elle avait entendu parler d’un département spécialisé pour les enfants, elle s’attendait à ce qu’il ressemble au milieu hospitalier qu’elle connaissait. L’atmosphère qui régnait dans le département, entouré de baies vitrées, ainsi que les soins prodigués, l’ont cependant étonnée.
« C’était complètement différent des autres hôpitaux. J’en avais déjà entendu parler, mais c’était la première fois que j’y allais. J’ai été très heureuse du traitement que nous y avons reçu. Les médecins et le personnel infirmier nous ont tellement bien traités », raconte Tania.
Sa surprise était cependant prévisible. Son premier enfant avait dû lui aussi être emmené à l’hôpital lorsqu’il était bébé, mais c’était avant que l’UNICEF y construise un département spécial de soins néonataux. Selon ce qu’a expliqué Mohammad Shohag, le mari de Tania, lorsqu’ils l’ont emmené à l’hôpital pour traiter sa jaunisse, leur fils Abu Sayeed a été placé sous des ampoules pour le réchauffer, ce qui est très différent du traitement qu’Alif a reçu alors qu’il a été placé dans un incubateur ouvert.
« Nous avons dû débourser un peu d’argent pour les médicaments, mais le traitement était entièrement gratuit. L’argent pour les médicaments n’a pas d’importance. Notre fils est revenu sain et sauf à la maison, c’est tout ce qui compte », ajoute monsieur Shohaq.
Le voyage de Sumaiya au département spécial de soins néonataux
Jharna Begum, une jeune femme pleine de vie, venait de rentrer chez sa mère avec sa fille Sumaiya, âgée d’un mois, après être sortie de l’hôpital général de Patuakhali. La grossesse de Jharna s’est passée sans complications. Elle a eu trois examens médicaux pendant sa grossesse, mais n’a pas pris les vaccins recommandés aux femmes enceintes.
Seulement deux semaines après sa naissance, la santé de Sumaiya a cependant gravement décliné. Le père de Jharna a été réveillé par les gémissements du bébé incapable de dormir. Inquiet, il est allé voir ce qu’il se passait et a constaté que Sumaiya était brûlante de fièvre.
Alors que son mari était à Dhaka pour son travail et que son enfant avait de la fièvre, Jharna a agi. En voyant l’état de sa petite-fille, le père de Jharna lui a donné de l’argent et l’a envoyée à l’hôpital avec sa belle-sœur. La moto ou la marche sont les seuls moyens de transport pour aller de son village jusqu’à la ville, et les conditions routières rendent le voyage à la fois risqué et coûteux. Jharna et sa belle-sœur sont parties le lendemain matin avec l’enfant malade, sillonnant les routes dangereuses en moto. Aussi risqué que fut pour elles le voyage à moto sur la longue route sablonneuse, elles n’avaient pas le choix. Les routes n’avaient pas été entretenues depuis des années, et c’était un risque qu’elles devaient prendre pour le bien de l’enfant.
Lorsqu’ils ont vu l’état de Sumaiya, les médecins de la clinique l’ont envoyée au service spécial de soins néonataux. Elle y est restée pendant huit jours, où elle a été soignée pour une pneumonie. Pendant ce temps, Jharna et sa belle-sœur se sont occupées de tout.
« J’ai été étonné! Ils ne m’ont même pas laissé entrer dans le département de soins néonataux pour voir ma petite-fille », dit le père de Jharna en plaisantant. Il comprend que l’environnement spécialisé de ce service exige l’isolement et il ajoute que la priorité était bien sûr le bien-être de Sumaiya.
Jharna pense que le seul changement à apporter au département spécial de soins néonataux est un plus grand nombre de lits pour les patients. Pendant son séjour à l’hôpital, elle a pu constater à quel point le nombre de bébés admis chaque jour pour un traitement dépasse la capacité de ce département de 32 lits. Selon le Dr Sidharta Sarkar, l’un des deux médecins en poste au département de soins néonataux, plus de 100 bébés sont parfois admis en une journée. Ils doivent alors laisser sortir des enfants et recommander des soins ambulatoires et des visites de suivi dès que leur santé commence à s’améliorer.
Pour chaque enfant, de nombreux jours marqués de premières fois.
Les services spéciaux de soins néonataux ne sont que l’un des nombreux moyens mis en place par l’UNICEF pour améliorer les soins apportés aux nouveau-nés et à leur famille. Pour sauver la vie de nouveau-nés, l’UNICEF demande à tous les gouvernements, aux travailleuses et travailleurs de la santé, aux communautés et aux familles de faire de la couverture de santé universelle une réalité.
Aucun parent ne devrait subir le chagrin de perdre son bébé ou de le regarder souffrir. Et aucun enfant ne devrait perdre son enfance.