C’est comme si elle savait qu’un tremblement de terre allait se produire
Par Can Remzi Ergen, responsable de la communication, développement du contenu et relations externes, UNICEF
KAHRAMANMARAŞ, Türkiye – « Elle a dû le sentir », dit Zeynep, se souvenant de la nuit précédant le tremblement de terre. Elle dit que sa fille Elanur, âgée de cinq ans, aime généralement dormir dans son propre lit. « Elle n’a jamais eu de problèmes de sommeil comme certains autres enfants. »
Mais cette nuit-là, Elanur a décidé de faire un lit par terre, ce dont Zeynep lui sera éternellement reconnaissante. Lorsqu’un violent tremblement de terre a frappé la Türkiye aux petites heures du 6 février, la lourde armoire de la chambre d’Elanur s’est renversée, fracassant son lit.
« C’est comme si elle savait. Si elle n’avait pas fait son lit comme ça, elle ne serait pas en vie aujourd’hui », dit Zeynep.
Plus de deux mois après que les séismes et les répliques dévastatrices ont frappé le sud de la Türkiye et la Syrie voisine, les effets catastrophiques sur les enfants et les familles de la région se font toujours sentir. De nombreuses familles, dont celle d’Elanur, ont perdu leur domicile et vivent maintenant dans des abris temporaires. Au 24 mars, plus de 2,7 millions de personnes avaient été déplacées en Türkiye, la plupart vivant dans des campements temporaires avec un accès limité aux services de base, comme l’approvisionnement en eau, l’assainissement et les services médicaux.
UN ESPACE SÛR POUR LES ENFANTS
Zeynep explique qu’elle a amené Elanur au centre d’hébergement temporaire de Kahramanmaraş, dans le sud-est de la Türkiye, presque aussitôt que le tremblement de terre s’est produit. Le centre, soutenu par l’UNICEF, offre un espace sûr où les enfants peuvent apprendre, jouer, se rétablir et simplement être des enfants. Avoir la possibilité d’interagir de cette manière avec leurs semblables aide à créer un certain sens de normalité et d’ordre indispensables lors de situations d’urgence.
« Elanur avait très peur au début. Elle ne voulait même pas sortir. Mais après une semaine passée au centre, elle participe beaucoup plus et demande régulièrement si c’est l’heure des activités dans l’espace adapté aux enfants. Cela me rend heureuse, elle passe de bons moments dans ce centre et elle en revient heureuse », ajoute Zeynep.
Grâce à son travail en collaboration avec le gouvernement et ses partenaires, l’UNICEF a utilisé des centres comme celui de Kahramanmaraş pour apporter une aide essentielle aux milliers d’enfants touchés par les tremblements de terre. Mais cela n’est qu’un aspect des opérations d’intervention de l’organisme. Immédiatement après les séismes, l’UNICEF était à pied d’œuvre sur le terrain et s’employait avec ses partenaires à distribuer des fournitures, notamment des trousses d’articles et de produits d’hygiène, des vêtements d’hiver, des radiateurs électriques et des couvertures. L’UNICEF a également offert une formation psychosociale à des centaines de travailleuses et travailleurs sociaux, et a procuré des soins en santé mentale et un soutien psychosocial à plus de 130 000 enfants et responsables parentaux avec l’aide de ses partenaires.
DE L’ESPOIR POUR UN BEL AVENIR
L’UNICEF s’emploie également à faire en sorte que les enfants puissent reprendre leurs études dès que possible. En collaboration avec ses partenaires, l’UNICEF évalue les dommages causés aux écoles, prépare les réparations immédiates et continue de créer et de soutenir des espaces d’apprentissage temporaires. Permettre aux enfants de retourner à l’école dans le cadre d’une routine quotidienne sera une étape cruciale pour aider les familles touchées par les séismes à retrouver progressivement un certain sens de normalité.
Zeynep dit qu’Elanur n’oubliera jamais ce que la famille a vécu, mais elle ajoute que, malgré le stress incroyable de tout ce qu’il s’est passé, sa fille a été une source de force remarquable. « Les enfants ressentent tout. Je suis sûre qu’elle s’en remettra, mais elle s’en souviendra toujours. Pourtant, c’est elle qui m’a calmée juste après le tremblement de terre, alors que j’étais en état de choc et que je pleurais. Elle me serrait fort en chuchotant : ‘C’est fini maman, c’est fini’. »
Zeynep dit avoir un message clair pour Elanur, un message qu’elle rappelle chaque jour à sa fille. « Tout ira mieux. Nous ferons mieux et nous nous bâtirons une nouvelle vie ensemble. Lorsque nous aurons une nouvelle maison, nous pourrons y retourner. »
Elle se tait un instant, réfléchissant à la catastrophe qui a coûté la vie à tant de personnes. « Cela nous rappelle à toutes et à tous qu’en fait nous ne possédons rien en ce monde. Nous sommes tous des visiteurs temporaires. Riches ou pauvres, peu importe. Regardez comme toutes les maisons ont disparu », conclut-elle.