Les écoles sont fermées, c’est au tour des parents
Les parents vietnamiens ont des sentiments partagés alors qu’ils assument leur rôle parental dans la nouvelle réalité causée par la pandémie de COVID-19.
Le premier cas de COVID-19 au Vietnam a été signalé fin janvier 2020. En date du 24 mars, le pays avait enregistré 123 cas supplémentaires, un nombre peu élevé que beaucoup attribuent aux mesures rapides prises par le gouvernement vietnamien, y compris la décision de fermer toutes les écoles à l’échelle nationale au début du mois de février, peu après le Têt, le nouvel an lunaire vietnamien.
« Il est nécessaire de garder les enfants en sécurité à la maison pendant les périodes à risque élevé de transmission. Mais pour de nombreux parents, cette situation représente un défi », explique Le Nguyet, une mère de deux enfants d’âge scolaire.
Qualifiant cette période de « congé spécial et involontaire », Nguyet et d’autres parents jonglent avec leur travail à temps plein et le fait de s’occuper de leurs enfants qui sont à la maison. Beaucoup comptent sur les grands-parents et la famille proche pendant la journée. Ceux qui vivent en ville et qui ont de la famille à la campagne y ont envoyé leurs enfants. Pour les autres dépourvus de réseaux de soutien, les enfants plus âgés prennent soin de leurs frères et sœurs sous la surveillance parentale à distance. Certains autres n’ont pas le choix et doivent prendre un congé sans solde ou même quitter leur emploi pour faire face à cette nouvelle réalité qui a bouleversée leur vie.
Malgré la situation, Nguyet fait preuve de résilience et se considère privilégiée. Comme elle est professeure à l’université, elle a la possibilité de travailler de chez elle.
« Alors que nous entamions la deuxième semaine de fermetures d’écoles, je me suis rendue compte que la situation pouvait durer encore un moment. J’ai alors réalisé qu’il fallait mieux s’adapter le plus rapidement possible à la situation. »
Bien décidée à suivre le dicton « si la vie vous donne des citrons, faites-en de la limonade » et bien résolue à s’assurer que ses enfants ne se souviennent pas de cette période en l’associant à la peur et à l’ennui, Nguyet a trouvé utile de leur demander d’établir un horaire quotidien comprenant l’école à domicile avec des cours de leurs enseignantes et enseignants. Le fait de structurer leurs journées leur donne un sens du devoir et leur enseigne les bases de la planification tout en développant leur sens de l’adaptabilité.
« Leur emploi du temps est rempli d’activités. Il y a les moments pour lire, d’autres pour apprendre à cuisiner ou encore participer aux tâches ménagères. Nous jouons aussi à des jeux, comme des exercices de cartographie mentale qui consistent à dresser la liste de toutes les provinces du pays, en commençant par celles où ils sont allés, puis à nommer des pays du monde. Le matin, ils se lèvent tôt et préparent le petit-déjeuner pour tout le monde, impatients de commencer leur journée. »
« Il y a beaucoup de choses que les enfants peuvent faire pour jouer et apprendre à la maison. Et surtout, c’est l’occasion rêvée pour les parents et les enfants de créer des liens », ajoute-t-elle.
Sa fille, Nguyet Linh, une adolescente intéressée par les changements climatiques, a intégré à son horaire quotidien une série de séances d’apprentissage sur la protection de la faune et de la planète Terre. En ce moment, elle est fascinée par les pangolins. Avant la période de confinement, elle a aidé à recueillir des fonds pour Save Vietnam Wildlife en vendant dans son quartier des autocollants, des sacs et des t-shirts de l’organisme.
Ces temps-ci, son petit frère et elle s’aventurent trois fois par semaine dans leur quartier pour ramasser les déchets qui traînent dans les rues. Elle espère pouvoir bientôt se déplacer avec précautions et faire plus pour sauver l’environnement.
Le soir, lorsque leur père rentre du travail, la famille se rassemble pour jouer à un jeu, regarder la télévision ou aller faire une promenade.
« En ce moment, il est important de compter sur la communauté locale. Sans soins et conseils appropriés, les enfants peuvent être laissés sans surveillance ou passer leurs journées sur Internet sans supervision », ajoute Nguyet.
Dans les régions rurales du Vietnam, la perspective est bien différente. La plupart des parents sont fermiers et passent leurs journées à travailler sous la lumière éblouissante du soleil. Leurs enfants les accompagnent et se cachent à l’ombre des arbres ou jouent autour.
« Il est très difficile de travailler tout en les surveillant. C’est encore plus difficile lorsqu’ils se sentent mal et doivent malgré tout venir dans les champs. Certains jours, je dois choisir entre aller au travail ou rester à la maison pour en prendre soin », raconte Nu, une mère de la minorité ethnique Ba Na.
Cela dit, si l’on met de côté les répercussions économiques dévastatrices qui déferlent sur le pays, les parents vietnamiens font de leur mieux pour s’adapter à la nouvelle normalité. Comme Nguyet et Nu s’accordent à le dire et le démontrent, les parents sont imbattables lorsqu’il s’agit de protéger leurs enfants.