De l’air pur pour chaque enfant à Bayankhongor
Le ger de madame Handarmaa, une yourte mongole traditionnelle, c’est-à-dire une sorte de tente ronde portable, se distingue des autres gers du quartier dans la province de Bayankhongor. Contrairement à ses voisins, le ger de madame Handarmaa est doté d’un tuyau de ventilation plutôt que d’une cheminée, d’un filtre à air sur la porte, d’un radiateur électrique à haute efficacité énergétique, au lieu du traditionnel poêle à charbon, et d’une épaisseur d’isolation supplémentaire sous le ger et tout autour.
Tous ces ajouts font partie d’un ensemble appelé CHIPS, qui englobe la cuisson, le chauffage, l’isolation, les produits et services, et qui a été conçu pour améliorer le rendement énergétique et la qualité de l’air intérieur, afin de réduire la pollution atmosphérique.
Alors qu’Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, est fréquemment citée dans les actualités internationales comme étant une des villes au monde où l’air est le plus pollué, la qualité de l’air dans les capitales provinciales, comme Bayankhongor, est souvent aussi mauvaise qu’à Oulan-Bator.
Pendant l’hiver à Bayankhongor, les niveaux de qualité de l’air peuvent atteindre 600 μg/m3, ce qui est 24 fois supérieur aux niveaux acceptables.
Un épais brouillard de particules toxiques, causé par la combustion du charbon dans les chaudières et les poêles utilisés dans plus de 7 000 foyers, cache le ciel bleu et la vallée environnante. Un tel degré de pollution présente un grave risque pour la santé, en particulier chez les enfants et les femmes enceintes. En effet, cette pollution extrême peut avoir une incidence sur l’issu de la grossesse, le développement du cerveau et les fonctions respiratoires.
Comment l’UNICEF a-t-il été amené à participer à ce projet?
En 2018, l’UNICEF et le gouvernement local se sont fixé l’objectif ambitieux de faire de Bayankhongor la première ville dépourvue de smog en Mongolie d’ici 2022. Dans le cadre de ce programme, d’éminents scientifiques et spécialistes internationaux et locaux ont créé CHIPS pour présenter une solution abordable, mais efficace, visant à éliminer les cheminées et l’utilisation du charbon dans les habitations. Ces efforts ont été mis en œuvre avec l’aide financière et technique de la Direction du développement et de la coopération de la Confédération suisse, de Moncler, du gouvernement néerlandais et du Conseil canadien pour la coopération internationale du Manitoba
Produits par des entrepreneurs locaux ayant reçu une formation spécialisée, l’ensemble CHIPS a été présenté cet hiver à 200 familles, considérées comme étant parmi les plus vulnérables de Bayankhongor. Jusqu’à présent, les réactions ont été très positives.
Suite aux réactions positives des 200 familles, le gouvernement local a engagé son propre budget pour procurer cet hiver un ensemble CHIPS à 100 autres familles. Le gouvernement a également utilisé son propre budget pour moderniser le réseau électrique dans les quartiers ciblés, afin de rendre possible le chauffage à l’électricité.
« Il y a un mois environ, nous (…) avons installé l’ensemble CHIPS, et je l’ai immédiatement adoré », explique madame Handarmaa, mère de trois jeunes enfants.
« Nous sommes très reconnaissants que notre famille soit parmi les 200 foyers de gers sélectionnés pour recevoir un ensemble CHIPS. Nous ne devons plus faire un feu pour nous chauffer ou cuisiner. Nous avons mis notre poêle de côté. Nous n’avons plus besoin d’acheter du charbon, donc il n’y a plus de poussière dans le ger. Je suis heureuse que mon fils cadet puisse désormais grandir dans un meilleur environnement », ajoute-t-elle.
La famille de madame Handarmaa vit dans la capitale provinciale depuis 15 ans. Son mari, Tumenjargal, travaille dans la construction et rentre souvent très tard. Leurs deux enfants aînés, Usukhjargal et Erdentuya, âgés de 10 et 12 ans, vont à l’école publique. Madame Handarmaa est mère au foyer et s’occupe de son plus jeune fils, Tegshjargal, qui est âgé de deux ans. Parfois, elle travaille à temps partiel et organise des ateliers de couture.
Confort et économie d’argent
Usukhjargal tient beaucoup à ce que le radiateur soit toujours réglé à la bonne température. Interrogé sur ce qui lui plaît le plus à propos de l’ensemble CHIPS installé dans son ger, il dit qu’il aime se réveiller au chaud le matin et ne pas devoir s’inquiéter de rentrer dans un ger froid après l’école.
« Maintenant, notre ger est toujours chaud et propre. Regardez bien! Le voyant vert indique que le radiateur chauffe et, lorsqu’il atteint la température souhaitée, il s’éteint automatiquement. Il est très facile à utiliser. Je peux même régler la température correctement tout seul », dit Usukhjargal en réglant le thermostat installé sur l’un des piliers du ger.
« L’ensemble CHIPS nous fait gagner du temps, mais aussi économiser de l’argent. Cet hiver, j’ai été heureuse de voir que notre première facture d’électricité était de 70 000 tugriks, soit environ 33 dollars canadiens, ce qui était beaucoup moins que ce à quoi je m’attendais. Selon mon évaluation approximative, nous dépensions au moins 100 000 tugriks par mois, soit environ 48 dollars canadiens, seulement pour [le charbon] », ajoute madame Handarmaa.
Madame Handarmaa espère utiliser l’argent économisé pour ses enfants. Elle songe à les laisser participer plus souvent à des activités parascolaires.
On a demandé à madame Handarmaa si son poêle à charbon lui manquait. « Pas du tout. Je suis si heureuse d’être passée au chauffage électrique. Je n’avais jamais imaginé combien il était avantageux de se débarrasser du poêle et du charbon. Nous ne sentons plus l’odeur du charbon brûlé. Nous ne devons plus nous lever en pleine nuit pour remplir le poêle. Nous avons maintenant un air plus pur à l’intérieur de notre ger et il y fait plus chaud. »
L’UNICEF continuera à travailler en collaboration avec le gouvernement local, les communautés et le secteur privé pour mobiliser davantage de ressources et établir plus de partenariats afin d’élargir le programme CHIPS pour que chaque enfant à Bayankhongor puisse bénéficier d’un air pur d’ici quelques années.