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UNICEF Canada
8 mai, 2018
L’Afghanistan compte parmi les trois pays, avec le Nigéria et le Pakistan, où le virus de la poliomyélite est encore actif. Les régions isolées et inaccessibles et la méfiance à l’égard de la vaccination sont souvent des obstacles aux efforts d’éradication.
Chaque année, les agentes et les agents de l’UNICEF et de l’Organisation mondiale de la Santé vaccinent près de 10 millions d’enfants pendant chacune des trois Journées nationales de vaccination en Afghanistan, en plus des plus petites campagnes dans les districts prioritaires.
Le Canada participe à la lutte contre la poliomyélite. En 2018, le gouvernement du Canada s’est engagé à consacrer 45 millions de dollars aux initiatives de l’UNICEF pour aider les travailleurs et travailleuses humanitaires à l’échelle mondiale, dont ceux en Afghanistan, à faire disparaître la poliomyélite pour de bon.
En Afghanistan, 70 000 intervenantes et intervenants dévoués travaillent à l’éradication de la poliomyélite, dont bon nombre sont des femmes. La présence d’intervenantes est cruciale étant donné que seules les femmes sont autorisées à pénétrer dans la maison d’une famille pour vérifier que chaque enfant a été vacciné.
Les vaccins contre la poliomyélite sont efficaces et peuvent sauver la vie d’enfants.
[© UNICEF/UN0202763/Hibbert]
Afia [NOM FICTIF], âgée de 19 ans, est l’une des 70 000 intervenantes dévouées travaillant à l’éradication de la poliomyélite en Afghanistan. Elle œuvre au sein de l’un des plus importants effectifs composés de femmes en Afghanistan : une équipe nationale, soutenue par l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la Santé. Le travail d’Afia consiste à sensibiliser les familles à la poliomyélite et à encourager la vaccination.
« Là où je vis, il est dangereux pour une femme de montrer son visage. Ce n’est pas facile d’être une femme ou un enfant ici. Ma cousine n’a que 11 ans et elle est déjà fiancée; elle va bientôt se marier. J’ai de la chance... [mon père] m’a laissé aller à l’école et je n’ai aucune pression pour me marier, car je subviens aux besoins de mes trois frères qui n’ont pas d’emploi. Si je ne travaillais pas, je serais aussi forcée de me marier. Mon travail ne sauve pas seulement la vie d’enfants, il sauve aussi la mienne. »
Apprenez-en plus sur les efforts de l'UNICEF en matière de vaccination.
Une équipe nationale soutenue par l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la Santé a été mise sur pied pour venir en aide à chaque enfant
Afia vaccine un enfant dans un vieux baraquement militaire. [© UNICEF/UN0202763/Hibbert]
Afia vaccine un enfant dans une ancienne caserne militaire entourée d’eaux usées, un problème omniprésent dans l’ensemble de l’Afghanistan où le manque de services d’assainissement constitue un terreau fertile à la propagation du virus de la poliomyélite.
« Dans mon pays, les armes et les chars d’assaut sont chose courante. Nous n’y pensons même plus. Je me rends [dans les casernes] pour encourager les parents à faire vacciner leurs enfants. L’un des plus grands défis auxquels je suis confrontée est le refus de certaines familles à faire vacciner leurs enfants contre la poliomyélite. Ils disent que c’est dangereux ou que cela est haram [interdit par la loi islamique]. »
Afia (à droite) tient dans ses bras un enfant qu’elle vient tout juste de vacciner pendant que les frères et sœurs de ce dernier les observent. [© UNICEF/UN0202762/Hibbert]
Dans le sud de l’Afghanistan, il est interdit à la plupart des femmes de travailler à l’extérieur du foyer. Travailler pour une équipe nationale de lutte contre la poliomyélite est particulier : ce regroupement représente l’un des plus importants effectifs féminins du pays. Afia se déplace courageusement dans sa communauté pour renseigner les familles à propos de la poliomyélite et pour encourager la vaccination, car elle croit qu’aucun enfant ne devrait être paralysé à cause de cette maladie.
Afia (à droite) et sa collègue vaccinent un enfant. [© UNICEF/UN0204018/Hibbert]
Ce petit garçon dort quand les agentes de vaccination arrivent chez lui. Il est chanceux qu’il s’agisse de femmes, à défaut de quoi il aurait pu rater le vaccin. Les hommes ne sont pas autorisés à entrer dans une maison à moins qu’elle n’appartienne à des membres de leur famille immédiate. C’est pourquoi le travail des intervenantes en matière de poliomyélite est si critique. Plus de 35 % des mobilisateurs communautaires travaillant dans le cadre des campagnes contre la poliomyélite sont des femmes; un nombre colossal, compte tenu du contexte.
Afia (à gauche) et des membres de son équipe vérifient si un enfant a été vacciné. [© UNICEF/UN0204018/Hibbert]
L’un des problèmes les plus importants réside dans le fait que certains enfants ne se font pas vacciner parce qu’ils dorment ou qu’ils ne sont pas à la maison lorsque les équipes de vaccination passent chez eux.
Afia rentre chez elle après avoir passé près de 10 heures à vacciner des enfants. Un petit garçon qu’elle vient de vacciner tient sa main. [© UNICEF/UN0204018/Hibbert]
Après une journée de vaccination de 10 heures, Afia marche en tenant la main d’un jeune garçon qu’elle vient de vacciner. Sa journée n’est pas encore terminée : elle se rendra directement à l’école. L’éradication de la poliomyélite ne sauve pas seulement la vie des enfants, elle transforme la société.
« Travailler à l’éradication de la poliomyélite m’a encouragée à rester dans le domaine de la santé. Mon rêve est de devenir sage-femme. J’espère que mon futur mari me permettra de travailler. Pareils hommes sont difficiles à trouver, mais ce programme montre ce que les femmes peuvent accomplir. »
Un petit garçon qui a été vacciné par l’équipe d’Afia montre la marque qui a été faite sur son doigt pour aider l’équipe à identifier les enfants qui ont été vaccinés. [© UNICEF/UN0202777/Hibbert]
« Ce garçon est heureux parce que je lui ai donné un ballon. Cela peut vous sembler insignifiant, mais ces enfants n’ont pas de jouets. Les enfants fabriquent des cerfs-volants à partir de sacs en plastique ou jouent dans le sable. Ils adorent les ballons, et tous les enfants courent vers les agents de vaccination pour en avoir un. Nous distribuons 1,2 million de ballons pendant chaque campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite. »
[© UNICEF/UN0202786/Hibbert]
Asadullah, âgé de 19 ans, est un survivant de la poliomyélite. Il est né pendant une longue période de conflit en Afghanistan au cours de laquelle les travailleuses et travailleurs de la santé étaient incapables de se rendre jusqu’à lui pour lui administrer le vaccin contre la poliomyélite.
« Lorsque tu es paralysé, tu n’existes pas. Je ne peux même pas faire des tâches simples et mes amis doivent me transporter. C’est humiliant. Imaginez comment on se sent quand on est le bagage d’un autre », affirme-t-il. Asadullah participe au programme de lutte contre la poliomyélite à la télévision et à la radio afghane, encourageant tous les parents à « donner à leur enfant la vie qu’il aurait souhaité avoir ». Personne dans sa communauté ne refuse le vaccin.
Asadullah dit qu’il éprouve de la colère d’avoir perdu ces jambes à cause d’un virus qui aurait pu être évité. « Je n’ai pas participé à la guerre, je n’ai pas combattu. Mes amis ont perdu leurs jambes à la guerre, mais je n’y ai pas pris part; alors pourquoi ai-je mérité ceci? », souligne-t-il.
Aucun enfant ne devrait être paralysé à cause de la poliomyélite.