L’UNICEF s’emploie sur place à répondre de toute urgence aux besoins des familles déplacées dont la vie a été bouleversée par les inondations et les glissements de terrain qui ont entraîné, selon des sources gouvernementales, le décès de plusieurs centaines de personnes, dont au moins 109 enfants, à Freetown, la capitale de la Sierra Leone. Le bilan risque de s’alourdir, plus de 600 personnes, y compris de nombreux enfants, étant toujours portées disparues. Pour aider les enfants et les familles dont la vie a été bouleversée par la catastrophe, cliquez ici.
Si l’Ebola a constitué une situation d’urgence causée par un minuscule virus qui a souvent tué avant d’être découvert, la brèche d’un brun foncé sur une colline de Freetown est le signe d’une catastrophe d’une nature très différente.
Tout comme Rio de Janeiro de l’autre côté de l’Atlantique, la capitale de la Sierra Leone est édifiée sur des collines côtières spectaculaires et est ombragée par une montagne au nom partagé de Pain de sucre. Nous traversons cette ombre chaque fois que nous quittons la ville. Il y avait à sa périphérie un mélange de logements de fortune et de villas impressionnantes. En quelques secondes terrifiantes, une vague de terre et d’eau boueuse a effacé une partie entière de cette communauté.
En descendant vers le site quelques heures plus tard, le son des pleurs est frappant. L’émotion est vive. Des personnes sont venues à la recherche de leur famille, des survivantes et des survivants ont vu leurs frères, sœurs et enfants se faire emporter. Je suis arrivé en compagnie de l’un de nos spécialistes en matière d’eau et d’assainissement, et avec une équipe de la société des eaux de la Sierra Leone venue évaluer l’ampleur du problème. Tandis que nous regardons, des pelleteuses tentent de dégager un homme pris sous les décombres d’une maison à moitié effondrée. L’homme utilise son téléphone, mais il est à court de crédit; quelqu’un s’empresse d’aller acheter un supplément. Il dit qu’il peut entendre les pelleteuses creuser. Il dit qu’une femme enceinte qui n’a pas survécu se trouve à côté de lui dans les décombres.
Les pentes boueuses constituent toujours un danger, en particulier avec la pluie incessante. Lors de cette première journée, la colline est parfois enveloppée dans les nuages et le brouillard, et devient un paysage étrange de terre rouge et de fumée. Un cri s’échappe d’un peu plus bas, où une autre pelleteuse est à l’œuvre. C’est un cadavre, l’un parmi les plusieurs centaines d’autres qui seront déterrés. Il est recouvert, placé sur une civière et transporté au sommet de la colline où attend une ambulance. Les travailleuses et travailleurs de la Croix-Rouge portent des combinaisons de protection, des masques et des gants épais, une vision qui m’a immédiatement ramené à l’épidémie du virus Ebola et à quelque chose que je ne pensais jamais revoir.
Dans la ville, presque tout le monde connaît une personne touchée par la catastrophe. Les images et les vidéos qui ont circulé dans les quelques heures suivant l’inondation nous font vivre la tragédie directement sur nos téléphones. Jusqu’à présent à la morgue, près d’un tiers des corps sont ceux d’enfants : 109 avaient été dénombrés mardi après-midi.
Nous sommes habitués à travailler ensemble lors de situations d’urgence en Sierra Leone. Et la population de Freetown, bien qu’en état de choc, participe à la recherche de ceux et celles qui ont perdu leur maison, nombre qui s’élève à au moins 3 000 selon le gouvernement. Les écoles, les églises et les mosquées offrent un abri, alors que de nombreuses personnes ont spontanément fait des dons. Sur le terrain, l’UNICEF travaille en collaboration avec le gouvernement et ses partenaires pour venir en aide aux enfants et aux familles dont la vie s’est trouvée bouleversée. Beaucoup d’entre eux ont perdu leur maison, et l’UNICEF est là, à procurer des abris, des fournitures, de l’eau potable, et des produits et articles d’assainissement et d’hygiène.
L’UNICEF, ses partenaires et les autorités locales unissent leurs efforts afin de réunir avec leur famille les enfants qui pourraient en avoir été séparés, et de s’assurer que les enfants obtiennent l’aide nécessaire pour faire face aux événements traumatisants qu’ils peuvent avoir vécus. La nation a entamé un deuil national de sept jours, et les funérailles organisées par le gouvernement pour les personnes décédées devraient débuter jeudi.
Pendant ce temps pour les survivantes et les survivants, la principale préoccupation est que les eaux ne causent pas davantage de décès, cette fois en raison de maladies d’origine hydrique. Des approvisionnements en eau, des citernes, du savon, des seaux et des comprimés de purification de l’eau sont distribués aux personnes déplacées, tandis que les communautés sont sensibilisées à l’importance du lavage des mains, d’une bonne hygiène et des signes avant-coureurs de maladie. Mais la saison des pluies est loin d’être terminée.
John James est un spécialiste des communications d’UNICEF Sierra Leone. Pour nous aider à procurer aux enfants et à leur famille les traitements essentiels à leur survie et les autres fournitures d’urgence dont ils ont besoin, cliquez ici.