En plein conflit au Soudan, ces travailleuses humanitaires restent sur place et s’acquittent de leur mission
Le conflit au Soudan dure depuis quatre mois. Pour les enfants et les familles, la vie a changé du jour au lendemain. Maisons détruites, écoles endommagées, enfants tués et d’autres, blessés. Malgré l’incertitude due au conflit, les travailleuses et travailleurs humanitaires poursuivent leur mission pour les enfants au Soudan. Ils réconfortent un enfant déplacé, administrent des vaccins essentiels à un nouveau-né, offrent un espace de soutien à celles et ceux qui subissent le traumatisme de nouvelles violences.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, nous entendons les témoignages de travailleuses humanitaires de Wad Madani, au Soudan, où des milliers de personnes ont cherché refuge après avoir fui la violence dans d’autres régions du pays, et où le personnel et les partenaires de l’UNICEF sont restés pour procurer aux enfants et aux familles des services essentiels à leur survie. Leurs efforts ont permis de procurer des fournitures médicales à plus de trois millions d’enfants et de femmes, de l’eau potable à 2,1 millions de personnes et de dépister la malnutrition chez deux millions d’enfants.
Aujourd’hui, mettons des visages et des noms sur certaines de ces travailleuses.
Auatf Mater, infirmière en pédiatrie
Pendant les situations d’urgence humanitaire, des services de soins néonatals de bonne qualité sont essentiels pour réduire les décès de nouveau-nés. À l’hôpital pour enfants de Wad Madani, l’unité de soins intensifs néonatals est ouverte et contribue à la survie des bébés prématurés. « Nous sommes nerveuses de travailler pour les patients », explique l’infirmière en pédiatrie Auatf Mater. Malgré la charge de travail accrue depuis le début du conflit, elle reste déterminée à aider les bébés dans son unité de soins, ce qu’elle fait depuis 27 ans et ce qu’elle s’engage à continuer de faire même pendant la crise.
Compte tenu des énormes difficultés pour venir au travail, y compris les difficultés de transport depuis son domicile éloigné, Auatf est toujours à l’hôpital.
« L’unité subit une grande pression, car le nombre de patients a augmenté. Nous faisons de notre mieux pour maintenir le service dans des circonstances très difficiles. Récemment, il y avait une pénurie de travailleuses et de travailleurs; nous travaillons donc plus d’heures pour combler le manque », dit-elle.
Elle prend son temps, administre des médicaments, ajuste les sondes gastriques, vérifie les lignes intraveineuses, met à jour les dossiers, ajuste les masques à oxygène et s’assure que ses petits patients sont à l’aise. Auatf et ses collègues sont tout le temps là pour les nouveau-nés; elles les surveillent à tour de rôle dans une pièce remplie de moniteurs qui émettent constamment des bips.
Yosra Mohammed, agente de l’UNICEF en matière d’alimentation, et Asma Abdullah, nutritionniste
Asma Abdullah, Yosra Mohammed et une équipe de nutritionnistes surveillent chaque jour l’état nutritionnel des enfants à l’aide de rubans millimétrés et de pèse-personnes à l’hôpital pour enfants de Wad Madani.
Depuis le début du conflit, l’équipe a enregistré une augmentation du nombre de patients. À la clinique, de plus en plus de mères et de parents se présentent avec leurs enfants, dont certains ont besoin d’une aide d’urgence.
« Ce sont les enfants qui souffrent le plus. Ils dépérissent à cause du manque ou du peu de nourriture », explique Asma.
Malgré la charge de travail accrue, l’équipe reste et assure sans relâche la prestation des services. « Le conflit cause d’immenses souffrances aux enfants vulnérables, mais nous continuons d’être là pour eux », ajoute Asma.
Depuis le début du conflit au Soudan, deux millions d’enfants ont été dépistés pour la malnutrition; environ 107 000 d’entre eux ont reçu un traitement essentiel à leur survie grâce aux efforts de travailleuses humanitaires comme Yosra et Asma.
Asma Hessen, vaccinatrice
Depuis 1989, Asma s’est spécialisée dans la vaccination des enfants âgés de moins de deux ans et des femmes enceintes, ce dont elle est très fière. Aujourd’hui plus que jamais, sa contribution est nécessaire pour protéger les jeunes enfants les plus vulnérables contre les maladies évitables au moyen de vaccins.
« Lorsque j’étais enfant, je rêvais de devenir médecin, mais, aujourd’hui, je fais ce qui est le plus important pour prévenir les maladies », dit-elle. Des mères avec des bébés, certains nés pendant le récent conflit, affluent à l’hôpital pour les services de vaccination. Asma est restée et reste à son poste pour réaliser son rêve.
« Je prends en compte chaque enfant qui vient se faire vacciner. Je tiens l’enfant en pleurs dans mes bras jusqu’à ce qu’il arrête de pleurer. »
Avec l’augmentation quotidienne des déplacements massifs, les services fournis par les travailleuses et travailleurs de la santé de première ligne, y compris les services des vaccinatrices et vaccinateurs comme Asma, sont importants.
Nagla Mohamed, agente de l’UNICEF en matière de protection de l’enfant, et Khadiga Agab, spécialiste de l’UNICEF en matière de protection contre l’exploitation et les violences sexuelles
Nagla Mohamed, une agente de l’UNICEF en matière de protection de l’enfant, participe à une séance de soutien psychosocial avec des enfants déplacés à un point de rassemblement à East Madani. « J’adore mon travail et je sens que je suis une mère pour tous ces adorables enfants », dit-elle. Plus de 200 000 enfants, intervenantes et intervenants bénéficient d’un soutien psychosocial, d’une aide à l’apprentissage et de services de protection au milieu du conflit dans le pays.
Khadiga Agab, une spécialiste de l’UNICEF en matière de protection contre l’exploitation et les violences sexuelles, sensibilise les personnes déplacées à un point de rassemblement de Wad Madani aux formes d’exploitation, de violences et de harcèlement sexuels; à leurs facteurs déterminants; et aux mécanismes communautaires existants pour prévenir l’exploitation sexuelle, les violences sexuelles et la violence fondée sur le genre. Elle renseigne également sur la façon dont les cas doivent être signalés, sur le traitement et le stockage corrects des preuves, et sur la prestation d’un soutien psychosocial aux personnes survivantes.
L’UNICEF et ses partenaires ont établi plus de 400 espaces sûrs depuis le début du conflit.