Enfants pris pour cible au Mali : « Tout ce que je veux, c’est retrouver mon père. »
Texte et photos par Patrick Rose et révision par Eliane Luthi pour UNICEF.
Comme beaucoup d’enfants affectés par la violence dans le centre du Mali, Hamadou* a dû fuir un raid sur son village. Il vit maintenant dans un campement temporaire avec sa famille, mais depuis l’attaque, son père manque à l’appel.
Hamadou vivait jusque-là dans un petit hameau paisible de la région de Mopti. Il se rappelle ce qu’était la vie dans son village avant l’attaque : « Je jouais tout le temps avec mes amis et restais dehors jusqu’à la nuit tombée. Nous avions tellement de plaisir avant tout cela. »
Hamadou vient d’une communauté agricole du centre du Mali. Malgré la crise dans le nord du pays, il a grandi dans un milieu paisible où il fréquentait l’école et pouvait profiter de sa vie d’enfant.
Des villages attaqués en pleine nuit
Il y a quelques mois, cette enfance a été bouleversée par l’une des attaques, de plus en plus fréquentes, opposant des groupes armés qui se livrent à des règlements de compte, à des vols et à des massacres. Les attaques surviennent souvent la nuit, lorsque les femmes et les enfants sont à la maison.
« Ils sont venus pendant la nuit, nous avons entendu des coups de feu et nous nous sommes mis à courir dans toutes les directions. Ils ont commencé à mettre le feu. Nous avons couru et je me suis réfugié dans un arbre, dans la forêt. J’ai attendu le lever du soleil quand tout a été fini. »
Cachés dans l’arbre, Hamadou, son frère et ses sœurs ont alors aperçu les lueurs de l’incendie qui faisait rage dans leur village. « J’ai alors vu que tout mon village avait brûlé et j’ai entendu tout le monde crier et pleurer », se rappelle-t-il.
À l’aube, Hamadou et sa famille ont fouillé dans les cendres et les décombres et pris ce qu’ils pouvaient emporter avant de se sauver. Il ne restait rien de ses manuels scolaires d’Hamadou, seulement quelques articles pratiques comme des seaux et des nattes qui n’avaient pas brûlés. Tout au long de la route pour se mettre en sécurité à Mopti, Hamadou était très inquiet car son père manquait à l’appel.
Les semaines se sont transformées en mois et les souvenirs de cette nuit-là ont commencé à s’atténuer. Le soutien psychosocial qu’il reçoit de la part de l’UNICEF joue pour beaucoup dans le rétablissement d’Hamadou, mais la tristesse et l’envie de retrouver père se sont accentuées. Sa famille a entendu des rumeurs selon lesquelles il avait été capturé, mais impossible de les vérifier en raison du chaos créé par la violence sans trêve.
Même s’il est en sécurité dans le camp soutenu par l’UNICEF, Hamadou tente toujours de s’adapter. Sa vie d’avant lui manque. Il est traumatisé par ce qui est arrivé à son père et toujours angoissé par sa disparition. Mais le temps n’est pas au deuil, car la famille fait maintenant face à la dure réalité de son déplacement.
Violence et déplacements forcés
Beaucoup d’autres enfants vivent la même chose qu’Hamadou : violence, perte et déplacement. Dans tout le Mali, les graves préjudices portés aux enfants, y compris les meurtres et les mutilations, sont en hausse. La violence a aussi entraîné des déplacements massifs à l’intérieur du pays, particulièrement dans le centre.
Selon le gouvernement du Mali et l’Organisation internationale pour les migrations, on enregistre près de 70 000 personnes déplacées dans la région de Mopti. Cette zone reçoit maintenant 70 % des personnes déplacées à l’intérieur au Mali, et la plupart d’entre elles sont des enfants.
Grâce au soutien de ses donateurs, UNICEF Mali travaille de près avec les agences de l’ONU, les autorités locales et des organisations non gouvernementales pour venir en aide aux enfants comme Hamadou affectés par la crise.
Hamadou est maintenant de retour à l’école dans un espace temporaire d’apprentissage mis en place par l’UNICEF et ses partenaires. Tous les enfants y partagent la même tristesse, mais malgré les circonstances, ils apprennent leurs leçons et essaient de s’amuser.
« L’histoire d’Hamadou est déchirante. Nous tentons de fournir aux enfants les plus vulnérables un soutien supplémentaire et nous observons de petits signes d’amélioration à chacune de nos visites », a dit Moussa Cisse, un travailleur social du COOPI (une ONG italienne), une partenaire de l’UNICEF qui aide les enfants déplacés à guérir
Hamadou confie qu’il veut rentrer à la maison dans son village. Mais par-dessus tout, il souhaite retrouver son père.
* Pseudonyme