La fin de la famine au Soudan du Sud, annoncée il y a quatre jours, est une bonne nouvelle. Elle ne doit cependant pas nous faire oublier que la vie de millions d’enfants est toujours menacée par une grave insécurité alimentaire dans le nord-est du Nigeria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen, prévient aujourd’hui l’UNICEF.
« Il ne faut pas relâcher les efforts », a déclaré Manuel Fontaine, directeur des programmes d’urgence de l’UNICEF. « Même si l’état de famine a été levé au Soudan du Sud, la vie de millions d’enfants ne tient toujours qu’à un fil. La crise est loin d’être terminée. Nous devons poursuivre et intensifier nos efforts, et insister pour obtenir un accès sans restriction aux populations touchées, sinon, les progrès réalisés pourraient rapidement être compromis. »
Dans les quatre pays, la situation continue d’être préoccupante et le nombre d’enfants exposés à un risque imminent de décès reste alarmant.
Dans le nord-est du Nigeria, les violences perpétrées par le groupe Boko Haram continuent d’entraîner un déplacement massif de la population, entravent l’activité des marchés et restreignent les moyens de subsistance habituels. Près de 5,2 millions de personnes sont encore victimes d’une grave insécurité alimentaire et 450 000 enfants risquent de souffrir de malnutrition sévère aiguë cette année. L’arrivée de la saison des pluies compliquera encore davantage les interventions humanitaires en entraînant la détérioration des conditions routières et en provoquant des inondations qui rendent les populations plus difficiles à atteindre et qui augmentent les risques de maladies d’origine hydrique.
En Somalie, une population fragile, meurtrie par des décennies de conflit, a connu encore plus de souffrances en raison d’une sécheresse prolongée. On estime que 275 000 enfants souffriront de malnutrition sévère aiguë en 2017, ce qui les rend neuf fois plus susceptibles de mourir de maladies mortelles comme le choléra, la diarrhée aqueuse aiguë et la rougeole, qui prolifèrent dans le pays.
Au Soudan du Sud, le nombre de personnes qui luttent quotidiennement pour trouver de quoi manger est passé à six millions, le plus haut niveau d’insécurité alimentaire jamais enregistré dans ce pays. Cette année, on estime que près de 276 000 enfants sont gravement dénutris et ont besoin d’une aide immédiate essentielle à leur survie. Selon une nouvelle analyse publiée cette semaine, une intensification importante de l’aide humanitaire a fait reculer la famine, mais la situation reste critique dans l’ensemble du pays.
Au Yémen, où l’on estime que près de 400 000 enfants souffrent de malnutrition sévère, une flambée épidémique sans précédent de choléra, avec plus de 175 000 cas présumés et plus de 1000 décès enregistrés à ce jour, a compliqué l’intervention humanitaire en cours. Certains des enfants décédés ou ayant contracté la maladie souffraient déjà de malnutrition sévère aiguë, qui avait affaibli leur système immunitaire. Le système de santé est sur le point de s’effondrer : les hôpitaux et les centres de traitement peinent à faire face à la situation, et les stocks de médicaments et de fournitures médicales s’épuisent rapidement. Si le conflit perdure, la famine pourrait frapper le pays.
Au-delà des frontières de ces quatre pays, dans la région de la Grande Corne de l’Afrique, du bassin du Lac Tchad et du Sahel, la vie de centaines de milliers d’enfants est menacée par le manque d’eau, les crises alimentaires et la situation en matière de santé.
Cette année, l’UNICEF et ses partenaires s’emploient à fournir des aliments thérapeutiques essentiels à plus de 314 000 enfants souffrant de malnutrition au Nigeria, à plus de 200 000 au Soudan du Sud et à 320 000 au Yémen.
L’UNICEF contribue également à remettre en état et à équiper les installations de santé, met sur pied des systèmes d’approvisionnement en fournitures médicales et produits nutritionnels, et fournit de l’eau potable aux enfants et aux familles vulnérables. En Somalie, 1,8 million de personnes ont été approvisionnées en eau potable et plus de 2,6 millions de personnes le seront cette année au Nigeria.
L’UNICEF a besoin de 251 millions de dollars US pour procurer de la nourriture, de l’eau, ainsi que des services d’éducation, de santé et de protection aux enfants jusqu’à la fin de l’année au Nigeria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen.
Pour aider l’UNICEF à répondre aux besoins urgents des enfants dont la vie est bouleversée par la crise alimentaire, cliquez ici.