« La nuit, je ne peux pas dormir. J’ai peur qu’un autre tremblement de terre se produise et que nous mourrions. »
Par Veronica Houser
Gulabea a été réveillée en sursaut par le poids de toute sa maison sur son petit corps. Quelques heures auparavant, elle dormait paisiblement, pelotonnée à côté de sa sœur Mahgol, âgée de 10 ans.
Mais cette nuit-là, un séisme de magnitude 5,9 a secoué son village situé dans le district de Gayan, rasant des quartiers entiers et éradiquant les moyens de subsistance qui dépendaient d’entreprises et de magasins détruits.
Gulabea est restée piégée pendant cinq heures sous des pierres, des poutres de bois, des briques et de la boue avec ses frères, ses sœurs et ses parents. C’était plus traumatisant que ce qu’un enfant de sept ans ne devrait supporter.
« Je pensais que je rêvais, que je tremblais. Mais je me suis réveillée au bruit terrible du toit qui s’effondrait. Je sentais que je me trouvais dans un endroit très étroit et je ne pouvais pas bouger », se souvient-elle.
« J’étais terrifiée », ajoute-elle en chuchotant.
Le père de Gulabea, Matekhan, semble hagard. Il se souvient s’être senti impuissant lorsque le séisme a ravagé sa communauté et l’a dépossédé.
« Lorsque le tremblement de terre s’est produit, il était environ 1 h du matin, et nous dormions. J’ai senti une secousse et j’ai voulu me lever, mais le toit s’est effondré sur moi et ma famille », raconte-t-il.
Gulabea tremble. Sa voix tremble. Elle étreint son corps comme si elle essayait de disparaître en elle-même.
« Lorsque j’étais coincée sous la maison, j’ai cherché la main de ma sœur à côté de moi. Ses mains étaient froides, mais je n’arrêtais pas de l’appeler doucement : ‘Que t’est-il arrivé, Mahgol?’ Et elle n’a pas répondu. »
Au bout de cinq heures, les voisins ont réussi à sortir Gulabea et sa famille des décombres.
« On m’a sortie de sous les chevrons, et j’ai vu une couverture blanche jetée sur ma sœur. J’avais peur et je tremblais, et mon père m’a serrée dans ses bras. »
La sœur aînée de Gulabea, Mahgol, âgée de 10 ans, est décédée dans l’effondrement.
Gulabea vit maintenant sous une tente avec son père, sa mère et ses frères et sœurs. Leur maison a disparu, ainsi que la plupart de leurs biens.
« Tout ce que nous possédions a disparu. Même nos vaches et nos moutons sont morts. Nous avons toujours peur que le tremblement de terre se reproduise », dit Matekhan.
Une lourde atmosphère de perte accable la famille. Gulabea, terrifiée et comprenant à peine ce qui s’était passé, a été prise d’une forte fièvre après le tremblement de terre. Les seuls soins de santé auxquels elle pouvait avoir accès dans le district sont les cliniques mobiles que l’UNICEF soutient et auxquelles il procure des fournitures médicales, des tentes où les personnes malades et blessées peuvent se faire soigner, et du personnel médical qualifié.
L’UNICEF soutient également quatre espaces adaptés aux enfants dans les districts touchés par le tremblement de terre, où les enfants peuvent trouver des jouets, des amis pour les réconforter, des intervenantes et intervenants formés, et des travailleuses et travailleurs sociaux pour les aider à surmonter leur traumatisme.
Le traumatisme de Gulabea est évident. Quand elle essaie de parler du séisme, elle se rapproche, regarde ailleurs. Elle a du mal à répondre avec plus d’un mot.
« La nuit, je ne peux pas dormir. J’ai peur qu’un autre tremblement de terre se produise et que nous mourrions », dit-elle doucement.
« Ma sœur me manque et j’ai très peur. »