Le Mois de la fierté est une révolution
Écrit par Malik (Il/Monsieur/Prince), participant au Programme jeunesse de défense et de promotion des droits d’UNICEF Canada, 23 ans, Alberta
L’une des premières choses qui me viennent à l’esprit lorsque je pense au Mois de la fierté, c’est que je peux désormais être moi-même, ce qui m’apporte beaucoup de liberté, de bonheur et d’épanouissement dans ma vie. Ce changement, je le dois notamment au Mois de la fierté, qui nous a permis de bénéficier de ce privilège et de progresser de diverses manières.
Je reconnais, j’honore et je commémore également la révolution sur laquelle repose le Mois de la fierté. Le tout premier événement de la Fierté a été une émeute organisée et dirigée par des personnes de couleur transgenres. C’est ainsi que Marsha P. Johnson, une femme noire transgenre, l’un des principaux visages des émeutes de Stonewall, nous a aidés à obtenir les droits dont nous bénéficions aujourd’hui. Je pense aux possibilités qui s’offrent à nous maintenant (parallèlement à nos combats actuels), à notre communauté, au soutien, à l’acceptation, à l’espoir, à l’harmonie et à l’amour (sous toutes ses formes).
En tant qu’homme arabe transgenre et queer, il n’a jamais été facile pour moi de m’affirmer en tant que membre de la communauté 2SLGBTQ+. Lorsque j’ai commencé à m’interroger sur mon genre et ma sexualité, je vivais une période conflictuelle et difficile. Je suis né et j’ai grandi au Canada, mais ma famille est originaire du Moyen-Orient. Si l’appartenance à la communauté 2SLGBTQ+ est acceptée et légale ici au Canada, il faut savoir qu’en Irak, celle-ci est encore considérée comme un crime. J’ai pu apprendre que cela est lié au fait que de nombreux pays islamiques ont été colonisés et envahis par des puissances coloniales, et que les lois de l’époque coloniale qui interdisaient l’homosexualité exercent encore une influence aujourd’hui.
J’ai eu du mal à trouver ma place en raison de mes différentes intersectionnalités, puis lentement mais sûrement, j’ai découvert qu’il était possible d’être moi-même. En grandissant, je n’ai pas eu beaucoup de représentation ni d’informations et je ne savais même pas qu’une transition médicale était possible. Lorsque je me regarde aujourd’hui, cinq ans après avoir commencé la testostérone et quatre ans après mon hystérectomie et ma mastectomie, je ne pourrais pas être plus reconnaissant et fier de moi pour avoir pris ces mesures drastiques dont mon bien-être dépendait.
J’écris ces lignes dans l’espoir de sensibiliser les gens à la manière dont les différentes intersectionnalités d’une personne s’articulent les unes avec les autres. Mon histoire n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des raisons pour lesquelles certaines personnes au sein de la population (en particulier celles de couleur) ont tendance à disposer de moins de ressources et à rencontrer plus de difficultés lorsqu’elles sortent du placard et prennent les mesures dont elles ont besoin pour se sentir bien.
Aujourd’hui encore, même des pays développés comme le Canada ont leurs failles; c’est pourquoi nous continuons à célébrer, à nous battre et à plaider pour une meilleure reconnaissance de nos droits par la loi, partout dans le monde.
Le gouvernement de l’Alberta propose une législation selon laquelle les écoles devront demander l’avis et le consentement des parents pour tout enfant de moins de 15 ans qui souhaite modifier son nom ou ses pronoms. Les élèves âgés de 16 et 17 ans n’auront pas besoin du consentement de leurs parents, mais les écoles devront tout de même les aviser. Cela peut amener de nombreux enfants à révéler leur orientation ou leur genre à leur famille, ce qui n’est pas toujours prudent. Je me souviens avoir été l’un de ces enfants qui ne pouvaient pas se confier à leurs parents pour des raisons de sécurité, et la chose qui m’a le plus aidé pendant cette période a été qu’on m’appelle par le nom et les pronoms auxquels je m’identifiais vraiment. Les données et les statistiques prouvent que le risque de dépression et de suicide diminue considérablement lorsqu’une personne se fait appeler par le nom et les pronoms auxquels elle s’identifie.
L’Alberta propose également une législation qui limiterait les options de soins de santé pour les jeunes qui cherchent à effectuer une transition médicale. Cela signifie l’interdiction des chirurgies d’affirmation du genre au haut et au bas du corps pour toute personne âgée de 17 ans ou moins, et l’interdiction des inhibiteurs de puberté ou des thérapies hormonales pour les enfants âgés de 15 ans ou moins.
La célébration de la Fierté et du Mois de la fierté, c’est la célébration de la révolution qui nous a permis d’être nous-mêmes et d’aimer qui nous aimons. Nous honorons et chérissons nos prédécesseurs qui nous ont aidés à nous rendre là où nous sommes aujourd’hui. Ceux qui n’ont pas eu et n’ont toujours pas les mêmes libertés que nous. Nous célébrons ce que nous avons acquis, mais nous continuons à nous battre pour une meilleure reconnaissance de nos droits par la loi, non seulement au Canada, mais aussi dans le monde entier. La libération des personnes queer est essentielle pour nous tous.
Nous continuons donc à nous battre et à partager notre amour de la cause, afin de mieux soutenir et protéger ceux qui ne sont pas aussi privilégiés que nous.
Ce blogue est celui d’un auteur invité. Les points de vue ou les opinions exprimés sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle ou la politique d’UNICEF Canada.