Les objets que j’ai emportés avec moi : les histoires d’enfants syriens
Le 15 mars, la guerre en Syrie entrera dans sa huitième année : ce conflit fait rage depuis 2011.
Chaque jour, la guerre en Syrie continue de bouleverser la vie de toute une génération d’enfants. En Syrie, 5,6 millions d’enfants subissent les conséquences directes du conflit, de même que les 2,5 millions d’autres qui sont actuellement réfugiés à l’extérieur de leur pays. Les camps sont devenus leur domicile; la vie avant la guerre n’est plus qu’un souvenir.
Pour de nombreux enfants, les objets de leur maison en Syrie qu’ils ont emportés avec eux dans les camps sont devenus les réceptacles de leurs souvenirs, une façon pour eux de se rappeler ce qu’était la vie avant le début du conflit.
Les enfants syriens ont besoin de votre aide.
« Je pensais qu’il me protégerait. »
« J’ai emporté ce chien. J’étais petite lorsque nous avons quitté la Syrie, je n’avais que 8 ou 9 ans. Je ne me rappelle pas vraiment. Lorsque nous avons dû partir, je l’ai pris avec moi; je pensais qu’il me protégerait. J’avais beaucoup de jouets parmi lesquels choisir, mais c’était mon préféré. J’ai beaucoup joué avec lui », explique Shatha, maintenant âgée de 15 ans.
« Je me rappelle avoir été dans l’autobus et avoir beaucoup dormi. Je l’ai tenu jusqu’à notre arrivée à Zaatari. Le camp était rempli de tentes à l’époque, et la vie était dure, vraiment dure. Je me perdais sans cesse. Pendant ces premiers jours, je n’ai jamais lâché mon chien pour qu’il puisse me protéger. »
Lorsqu’elle sera adulte, Shatha veut être avocate pour se protéger et protéger les autres. « Mon chien sera toujours avec moi. Je raconterai toute ma vie et la sienne à mes enfants, parce que sa vie est la même que la mienne. »
« J’avais peur, mais ma mère me tenait. »
« Voici ma couverture. Lorsque j’étais petite, ma grand-mère l’a achetée pour mon anniversaire. Je me souviens que nous avons dû fuir à cause des bombardements. C’était la nuit. C’est la raison pour laquelle nous sommes venus ici », raconte Nour, âgée de 12 ans.
« Ma couverture m’a protégée du froid et de la pluie. J’avais peur, mais ma mère me tenait. »
Lorsqu’elle sera grande, Nour veut être une enseignante. Les sciences sociales sont sa matière préférée, parce qu’elle aime ça et qu’elle aime aussi son enseignante. « J’éprouve toujours des sentiments lorsque je m’enveloppe dans cette couverture. J’éprouve de la tristesse en pensant aux anciens beaux jours en Syrie. Mais je me sens aussi protégée et en sécurité… Je la garderai aussi longtemps que je pourrai. »
« J’étais en première année, et mon père m’a donné ce sac à dos. »
« J’étais en première année, et mon père m’a donné ce sac à dos. J’étais petit alors, mais maintenant je suis en sixième année », explique Qusai, âgé de 13 ans.
Bien que le sac soit maintenant trop petit pour lui, il le garde en lieu sûr. « C’est important pour moi, parce que mon père me l’a offert en cadeau et que je me souviens de lui grâce à ce sac. Et aussi parce qu’il vient de mon pays. »
Il a encore de bons souvenirs de sa vie en Syrie, y compris d’aller à l’école. « Je me sentais vraiment heureux lorsque la pause arrivait et que je pouvais aller au magasin. Je me souviens que je jouais dans la cour d’école; mes amis couraient après moi, et je courais après eux. »
Qusai n’a pas l’intention d’abandonner son vieux sac à dos. « Je le garderai pour toujours. Je dirai à mes enfants que mon père me l’a offert et que le l’ai gardé en lieu sûr toutes ces années pour leur montrer. »
« Je suis si loin de chez moi. »
« Ce sont les clés de ma maison. Je les ai emportées avec moi parce que, lorsque nous rentrerons en Syrie, je serai celle qui ouvrira la porte », explique Rudaina, âgée de 11 ans.
« Mes parents me disent que la Syrie est belle. J’étais si petite que je ne m’en souviens pas. Nous avions autrefois une maison, mais nous vivons maintenant dans une caravane. Je suis tellement triste quand je tiens les clés parce que je suis si loin de chez moi. »
Les enfants syriens en danger
La violence et les déplacements continus mettent la vie des enfants syriens en danger. Le risque d’être blessés ou séparés de leur famille, le manque d’articles de première nécessité et de soins médicaux sont autant de préoccupations auxquelles fait face actuellement la population syrienne.
« L’aide humanitaire et la protection ne sont pas un privilège ni un luxe; ce sont des droits fondamentaux de tous les enfants syriens. Si nous manquons collectivement à ce devoir, les enfants continueront de payer le plus lourd tribut d’une guerre qui n’est pas la leur, ce qui serait une honte pour la communauté internationale », a déclaré Geert Cappelaere, le directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.