Par Rebecca Phwitiko, UNICEF Malawi

Le moment n’aurait pas pu être pire. Quelques semaines à peine avant la récolte du maïs, qui est un aliment de base au Malawi, de fortes pluies se sont abattues sur la partie sud-ouest du pays, emportant avec elles les grains à récolter et des milliers de maisons, et coupant l’accès à certaines régions. Des dizaines de personnes ont perdu la vie.

« Je suis venue ici avec un seau, deux assiettes et les vêtements que je porte », explique Eneless Bernard, une mère de cinq enfants. Eneless ne possédait pas grand-chose avant les inondations des 9 et 10 mars. Le peu qu’elle possédait a maintenant disparu.

Son histoire est similaire à celle de quelque 95 000 familles, dont environ 460 000 enfants, qui font face depuis le 19 mars à un manque de biens de première nécessité, comme de la nourriture, de l’eau et des toilettes. L’accès aux communautés vulnérables s’est trouvé limité en raison des inondations, mais l’UNICEF travaille en collaboration avec ses partenaires pour aider les enfants et leur famille à vivre aussi confortablement que possible dans leur abri temporaire, en installant des latrines mobiles, en procurant des trousses de produits désinfectants, et en distribuant des moustiquaires pour le lit imprégnées d’insecticide et des fournitures récréatives pour les enfants.

« La priorité de l’UNICEF est d’aider les enfants et les familles qui ont perdu leur domicile et qui vivent dans les centres d’évacuation ou avec d’autres familles au sein de leur communauté. Nous disposions de fournitures d’urgence préalablement mises en place dans les régions du Malawi qui sont régulièrement touchées par des catastrophes naturelles. Cela nous a permis d’intervenir rapidement pour répondre aux besoins immédiats de la population », explique Johannes Wedenig, le représentant d’UNICEF Malawi.

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Des pluies violentes, un soleil impitoyable

C’est le début de l’après-midi dans le district du sud de Chikwawa, où la chaleur est aussi torride que les pluies qui ont forcé Eneless et des milliers d’autres personnes à quitter les villages inondés. Certaines femmes se sont rassemblées pour bavarder, se levant de temps en temps pour s’occuper des marmites de haricots alignées non loin et en train de cuire sur une vingtaine de petits feux de bois à l’extérieur d’un pavillon de l’école primaire Chagambatuka. Des villageoises et des villageois déplacés vivent depuis environ une semaine à l’école, qui est devenue leur camp de fortune.

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Eneless Bernard prépare un repas au camp de fortune établi à l’école primaire Chagambatuka, à Chikwawa, alors que sa fille Lincy, âgée de trois ans, pleure dans ses bras. [© UNICEF Malawi/2019/ Rebecca Phwitiko]

Le nombre de personnes qui y séjournent a fluctué, mais le président élu par la population villageoise estime qu’environ 2 100 personnes vivent actuellement dans le camp. Quelques familles sont parties vivre chez des parents. L’après-midi, la plupart des hommes partent à la recherche d’un travail, tandis que les hommes plus âgés restent avec les femmes et les enfants. Dans les régions où l’eau s’est retirée, certaines familles tentent de reconstruire leur maison détruite.

L’école dispose généralement de 14 latrines pour ses 756 élèves, qui doivent maintenant les partager avec les villageoises et les villageois déplacés qui vivent ici.

« Nous nettoyons les toilettes à tour de rôle, mais nous sommes trop nombreux à les utiliser. Hier, des membres du personnel de l’hôpital du district sont venus désinfecter les toilettes au chlore. J’espère qu’ils reviendront », explique Eneless.

Chlore, latrines portables, savon et seaux ne sont que quelques-unes des fournitures d’urgence essentielles que l’UNICEF procure aux camps et aux communautés, afin d’aider les personnes déplacées par les inondations qui ont frappé le Malawi et le Mozambique, où le gouvernement a estimé à 600 000 le nombre de personnes dont la vie a été bouleversée. De ce nombre, on compte 260 000 enfants.

Depuis le début du mois de mars, les inondations causées par le cyclone tropical Idai ont bouleversé la vie de plus d’un million de personnes et au moins 145 personnes ont perdu la vie, selon le bilan dressé le 17 mars.

Un toit au-dessus de leur tête

Dans le district de Nsanje, situé à la pointe sud du Malawi, les histoires sont similaires. Les familles déplacées campent dans des écoles, des églises et d’autres bâtiments ouverts au public qui n’ont pas été détruits. À une cinquantaine de kilomètres du centre du district, environ 4 700 personnes cherchent refuge dans un grand marché couvert, où il n’y a qu’un toit pour les protéger des éléments, six latrines et pas d’eau sur place.

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Des mères et des grands-mères préparent des légumes pour les faire cuire au camp de Bangula Admarc pour personnes déplacées, à Nsanje. [© UNICEF Malawi/2019/Phwitiko]

Isaac Falakeza, le responsable du camp de Bangula Admarc, explique qu’il n’y a pas d’eau sur place et qu’il n’y avait pas de latrine les premiers jours. Le quatrième jour, ils ont reçu six latrines, ce qui était loin d’être suffisant pour répondre aux besoins des quelque 4 700 personnes dans le camp.

« J’étais heureuse d’avoir été secourue et amenée ici après que notre maison se soit effondrée au milieu de la nuit. Nous avons attendu l’arrivée des secours pendant des heures dans nos vêtements mouillés. Mais maintenant, je veux rentrer chez moi », déclare la jeune Funny, âgée de 14 ans. Elle pointe du doigt l’endroit où elle dort et dit qu’il est surpeuplé et qu’il y a trop de moustiques.

Pour Funny et de nombreuses autres personnes, cependant, il est malheureusement peu probable qu’elles puissent bientôt rentrer chez elles.

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Des latrines mobiles et d’autres fournitures sont déchargées à Chikwawa. [© UNICEF Malawi/2019/ Nyimba]

Environ 2 000 enfants séjournent dans le camp de Bangula Admarc, qui est situé à proximité d’une école primaire. Avec des ressources supplémentaires, l’établissement peut accueillir un certain nombre d’enfants, mais la plupart des enfants déplacés ne sont pas encore retournés à l’école. L’UNICEF a formé et déployé du personnel enseignant bénévole, et distribue des tentes à utiliser en guise de salles de classe temporaires, de même que des trousses comprenant des tableaux, des cahiers d’exercices, des stylos et des crayons.

Pour beaucoup de personnes dans la région, le pire est passé. Du moins, pour le moment. Mais les enfants comme Funny connaîtront des semaines, voire des mois, de nouvelles perturbations dans leur vie et leur éducation. Grâce à l’aide de l’UNICEF et de ses partenaires, nous espérons que leur vie reviendra à la normale dès que possible.

L'UNICEF a la capacité de fournir des fournitures qui sauvent des vies aux enfants les plus vulnérables presque partout dans le monde en moins de 72 heures - grâce à des donateurs comme vous.


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