Migration au Venezuela : les enfants et les jeunes en déplacement en Amérique latine
Au cours des trois dernières années, la crise économique au Venezuela a forcé des centaines de milliers d’enfants, d’adolescentes et d’adolescents accompagnés de leur famille à quitter leur foyer afin de s’installer dans d’autres pays de la région, principalement au Pérou et en Colombie. Ils ont pris la route en affrontant des conditions difficiles et en anticipant la discrimination et la xénophobie auxquelles ils risquent d’être confrontés à certaines étapes de leur périple.
Passer de longues journées à marcher, faire ses adieux aux membres de sa famille et s’acclimater à de nouveaux endroits – c’est ce à quoi ressemble la vie des enfants, des adolescentes et des adolescents vénézuéliens qui quittent leur foyer, la tête remplie d’espoir de connaître un avenir meilleur.
L’UNICEF est présent tout au long du chemin que parcourent les enfants, les adolescentes et les adolescents, ainsi que dans les pays où ils se rendent, afin de s’assurer qu’ils aient accès à des services de protection de l’enfance, à une éducation, à des services de soutien complet en matière de santé et de nutrition, et à des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (programme WASH).
L'histoire de David: un périple rempli d'espoirs et de rêves
Il a fallu deux semaines au jeune David, âgé de 10 ans, et à sa famille pour aller du Venezuela au Pérou. Pendant son périple, il s’est accroché à son rêve de jouer au soccer.
David Caña ne connaissait pas grand-chose du Pérou avant de partir. Âgé de 10 ans, il savait seulement que l’équipe nationale de soccer de ce pays s’était bien débrouillée lors de la dernière Coupe du monde. « Ils ont très bien joué contre la France et ils auraient dû gagner », dit-il. Lorsque ses parents lui ont dit qu’il était temps d’aller au Pérou, la première chose qu’il a mise dans sa valise a été son maillot de soccer de l’équipe de Barcelone, le numéro 10, avec les noms de l’UNICEF et de Lionel Messi, le capitaine.
Pour ses parents, il était à la fois trépidant et déchirant de quitter le Venezuela, de dire au revoir à la famille et d’effectuer tous les préparatifs nécessaires. Ce n’était pas non plus facile pour David. C’est pourquoi il s’est accroché à son maillot bien-aimé, qui est bien plus qu’un simple rappel de son sport préféré. Pour David, ce maillot représente les souvenirs d’une enfance heureuse qu’il a partagée avec ses camarades d’école et ses amis de son club de soccer dans la désormais lointaine municipalité de Maturín, au Venezuela.
Il porte aussi en lui l’espoir de jouer un jour au soccer pour le Pérou, où il vient d’arriver après un voyage de 15 jours en compagnie de ses parents et de son frère. Épuisé, il se souvient à quel point il a été difficile de tout laisser derrière eux.
« Lorsque nous avons entrepris ce périple, l’année scolaire était déjà terminée, et nous étions en vacances. Au cours des semaines qui ont précédé notre départ, j’avais cessé d’aller aux entraînements de soccer parce qu’il était difficile de trouver un moyen de transport. J’ai dû partir sans dire au revoir à mes amis. Cela me rend triste, car nous jouons ensemble depuis que nous sommes tout petits », explique-t-il.
Le voyage a brisé le cœur de David. À son jeune âge, il sait déjà à quel point il est difficile de laisser des êtres chers sans pouvoir leur dire au revoir.
Il éprouve également ce sentiment lorsqu’il parle de ses parents. Cela lui fait mal de penser à tout ce qu’ils ont sacrifié pour lui. « Mon père avait une très belle voiture. Nous sommes venus dans cette voiture de Caracas à Zulia, où il a dû la vendre pour payer le voyage jusqu’ici », dit-il.
Le voyage de David et de sa famille a été long. Une enquête menée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’UNICEF révèle que 81 pour cent des groupes de migrants vénézuéliens arrivés à Tumbes avec des enfants avaient mis d’un à sept jours pour atteindre la ville, qui est située à la frontière nord du Pérou et de l’Équateur. Les 19 pour cent restants avaient eu des voyages plus longs, ce qui accroît la vulnérabilité des voyageurs, en particulier des enfants et des jeunes.
Selon l’enquête, six enfants sur dix ont été affectés émotionnellement par le voyage. Les symptômes les plus courants étaient la peur de se perdre, les changements d’appétit, les pleurs et les maux de tête.
Malgré la marche pendant des jours le long de l’autoroute et les longues files d’attente à la frontière, David n’est pas découragé.
« Si Dieu veut, la première chose que je ferai une fois à Lima, c’est retourner à l’école et rejouer au soccer », dit-il en dessinant un stade avec les drapeaux du Pérou et du Venezuela.
À Tumbes, David a trouvé un lieu où dessiner et se distraire pendant que ses parents font la queue pendant des heures pour obtenir un permis d’entrée au Pérou. La tente portant le nom de Happiness Plan est un espace adapté aux enfants, établi par l’UNICEF et son partenaire Plan International pour que les enfants comme David puissent jouer et avoir un moment de répit dans leur périple stressant. Pendant que ses parents remplissent les documents de migration, David termine son dessin et joue dans la tente, portant un masque qui arbore le drapeau vénézuélien à côté du pays qui l’accueille maintenant.
Avant de dire au revoir, David imagine le plus beau jour de sa vie et dit que ce sera « un jour comme celui-ci, où ils m’interrogeront comme je suis interrogé maintenant, mais ce sera parce que je serai un joueur de soccer célèbre. Tout le monde sera là : mes parents, mon frère, mes amis et ma famille qui nous attend à Lima. »
David ne sait pas quand ils arriveront à Lima. Il sait seulement qu’il sera accueilli par la famille de son père, arrivée quelques mois plus tôt, qu’il veut jouer à nouveau au soccer et que, quoi qu’il arrive, s’il est avec son père, sa mère et son frère, tout ira bien.
Il a changé de pays, mais ses rêves sont restés les mêmes.
Votre don effectué aujourd’hui au fonds d’urgence d’UNICEF Canada nous permet d’être présents pour chaque enfant comme David et de procurer en moins de 72 heures des fournitures essentielles à la survie des enfants les plus vulnérables pratiquement partout dans le monde.
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Des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes accueillent au moins 2,4 millions de migrants et de réfugiés vénézuéliens sur les 3 millions de Vénézuéliennes et Vénézuéliens qui migrent dans le monde. À la fin de 2018, l’UNICEF estimait que plus de 460 000 enfants avaient besoin d’aide au Brésil, en Colombie, en Équateur, en Guyane, au Panama, au Pérou et à Trinité-et-Tobago.
Les personnes dans le besoin comprennent les migrants et les réfugiés vénézuéliens, les communautés d’accueil et les rapatriés non vénézuéliens. Les flux migratoires élevés et imprévisibles mettent à rude épreuve les capacités des pays hôtes et accroissent la demande de services et de structures déjà limités au sein des communautés d’accueil. Les femmes et les enfants, en particulier les enfants non accompagnés et ceux qui vivent avec un handicap, ainsi que les groupes autochtones sont exposés à des risques de violence, de discrimination, de trafic d’êtres humains, d’exploitation et de mauvais traitements.
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