Publié par :
UNICEF Canada
14 juin, 2017
Situation actuelle au Canada concernant la santé mentale et le suicide chez les jeunes.
Par Ayra Kathuria, âgée de 16 ans – étudiante stagiaire à UNICEF Canada
« Savoir que le suicide est l’une des principales causes de décès est une chose, mais découvrir ces types de classements en est une autre. Cela met tout simplement en évidence la nécessité d’avoir des solutions immédiates », déclare Sarah Mughal, la directrice des programmes et de l’évaluation à Jack.org, un organisme de bienfaisance axé sur l’engagement et l’esprit d’initiative des jeunes dans la santé mentale, et sur l’encouragement des jeunes à prendre soin d’eux-mêmes et de leurs pairs
Sarah Mughal fait référence au classement du Canada dans les indicateurs relatifs à la santé mentale et au suicide chez les jeunes qui a été dévoilé dans le nouveau rapport d’UNICEF Canada, Ô Canada! Nos enfants méritent mieux, le document canadien d’accompagnement du Bilan Innocenti 14 de l’UNICEF, intitulé Construire l’avenir : les enfants et les Objectifs de développement durable dans les pays riches. Ce bilan a été publié le 15 juin 2017.
Le Canada se classe actuellement au 14e rang sur les 41 pays les plus riches en ce qui concerne la santé mentale chez les jeunes, et il occupe une désastreuse 31e place sur les 41 pays relativement au suicide chez les jeunes. Pourquoi nous classons-nous si bas, pourriez-vous demander? C’est la question à laquelle des spécialistes à l’échelle nationale tentent de répondre chaque jour. « La santé mentale est un sujet extrêmement complexe qui englobe de nombreux facteurs. Vous sentez-vous bien? Sentez-vous que vous avez le contrôle de votre vie? Vous sentez-vous en sécurité et accepté(e)? C’est une conversation très délicate à engager », explique madame Mughal en réponse à cette question.
Le Bilan Innocenti 14 dévoile que, de façon générale, les garçons sont en moyenne trois fois plus susceptibles de mourir par suicide que les filles. Les filles, cependant, font deux fois plus de tentatives de suicide que les garçons, mais elles choisissent généralement des méthodes moins fatales. Le terme suicide dont il est question dans le rapport est défini comme le taux de suicide chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans.
« Nous constatons que le passage de l’école secondaire à l’éducation postsecondaire est une période très difficile. Les jeunes perdent leur accès aux soins pédiatriques, leur sentiment d’appartenance à une communauté; ils déménagent et adoptent une nouvelle identité, un nouveau domicile et un nouveau réseau. Il y a aussi des changements cérébraux et des responsabilités générales accrues », explique madame Mughal. Nous savons qu’au Canada une personne sur cinq souffre de maladie mentale; mais il est essentiel de comprendre que nous toutes et tous, soit cinq personnes sur cinq, avons une santé mentale. Les adolescentes et les adolescents constituent le groupe d’âge le plus à risque de développer une maladie mentale. La responsabilité nous incombe par conséquent d’utiliser les données dont nous disposons afin de veiller à ce qu’ils passent sans heurts de l’enfance à l’âge adulte.
Bien que la santé mentale soit difficile à quantifier, il existe des signaux d’alarme très évidents qui contribuent aux taux de suicide élevés et stagnants au Canada. Que pouvons-nous faire pour améliorer cette situation? « Notre système est actuellement fracturé. Nous avons besoin d’une plus grande sensibilisation sociale et de meilleurs services, en particulier pour les populations vulnérables, comme la communauté LGBTI et les groupes autochtones », propose madame Mughal en réponse à la question. Il doit y avoir un effort de collaboration entre les décisionnaires, les commissions scolaires et les jeunes afin de résoudre ce problème. Et il est plus important encore que les jeunes soient au centre de la conversation.
Que nos classements vous surprennent ou ne suscitent chez vous qu’indifférence, nous devons toutes et tous réagir et comprendre que, si la deuxième cause de décès chez nos jeunes est leur propre suicide, le Canada doit changer radicalement ses façons de faire.
Les enfants du Canada méritent mieux et en ont besoin.