Maude Audet est une auteure-compositrice-interprète originaire de Québec qui sillonne les routes de la province afin de partager son talent et sa musique avec le public; elle a entre autres fait la première partie d’artistes d’envergure comme Les sœurs Boulay, Fred Fortin et Saratoga. Maude a deux albums à son actif, Nous sommes le feu et Comme une odeur de déclin, la réalisation de ce dernier ayant été confiée à Ariane Moffatt. Grâce à ses compositions poétiques, accrocheuses et sensibles, Maude éveille les sens et les consciences, et se taille rapidement une place de choix sur la scène musicale.
Entretien avec une artiste engagée qui crée le bien, de plusieurs façons.
Maude, tu verses très généreusement une partie des profits de tes spectacles à l’UNICEF. Qu’est-ce qui t’as inspirée à agir pour aider les enfants vulnérables?
Au cours des deux dernières années, j’ai eu le plaisir de tourner avec le duo Saratoga, des artistes et amis que j’admire beaucoup, pour assurer la première partie de leur spectacle. Ils sont aussi porte-voix pour un OBNL à qui ils offrent un don pour chaque album vendu en concert, en plus d’expliquer au public pourquoi ils portent cette cause. J’ai trouvé leur initiative vraiment inspirante parce que ça sensibilise les gens sur un sujet auquel ils n’auraient peut-être pas spontanément prêté attention. En tant qu’artistes, nous avons accès à une tribune et peu importe sa taille, ça vaut le coup de s’en servir pour véhiculer des messages positifs et constructifs. J’ai donc eu envie de suivre leurs traces et de faire la même chose. Mais pour ça, je trouvais que c’était important d’avoir ma propre cause à soutenir et j’ai naturellement choisi l’Unicef.
Pourquoi avoir choisi l’UNICEF?
Je suis très sensible au sort parfois difficile et tragique des enfants dans le monde. C’est une chose qui me touche beaucoup et face à laquelle je me sens souvent impuissante. Je suis mère de deux garçons et la famille est ce que j’ai de plus précieux dans la vie. C’est impensable pour moi d’envisager que je ne pourrais plus protéger mes fils ni subvenir à leurs besoins; juste d’y penser m’effraie beaucoup. Quand je regarde ce qui se passe ailleurs, que je vois à quel point nous sommes privilégiés, ça me donne envie de faire plus.
Les enfants méritent tous de manger, dormir, être soignés et aller à l’école tous les jours. Dans les dernières années, les conflits dans des pays comme la Syrie et le Yémen ont fait des ravages monstrueux, autant par le sang que par la famine. Malheureusement, la place réservée à ces actualités dans les manchettes reste minime face à leur gravité; nous sommes souvent mal informés. C’est pourquoi je pense qu’on doit en parler plus, pour qu’ensemble on puisse agir en donnant ce qu’on peut mais aussi en incitant nos gouvernements à faire plus pour sauver des vies.
La pièce Mirage, tirée de ton deuxième album, aborde entre autres le thème des migrants. Peux-tu nous en dire plus sur cette chanson et ce qui t’as poussée à l’écrire?
Pour moi, des gens qui fuient un pays avec rien et dans des conditions extrêmement périlleuses le font parce qu’ils n’ont pas d’autres choix. Ça m’attriste de constater qu’on puisse se sentir menacé par l’arrivée d’humains et la peur que cela suscite chez certaines personnes. Surtout qu’à part les peuples autochtones, nos familles ont toutes migrées ici à un moment ou un autre…
Mais par contre, quand je regarde autour de moi, que je vois évoluer mes enfants à l’école, je suis plus optimiste face à cela. C’est beau de voir comment ils s’intègrent entre eux, justement en ne faisant pas de cas des différences, des origines et de la couleur de peau de chacun. Je pense qu’on a beaucoup à apprendre d’eux et je suis sure qu’ils nous aideront à être meilleurs dans le futur!
En gros c’est tout ça qui m’a inspiré cette chanson, mon incompréhension face à certaines réactions, nos maladresses, mais aussi l’espoir que tout aille mieux demain.
Peux-tu nous décrire ton processus créatif? Comment une chanson naît-elle chez toi?
Pour moi, la création d’une chanson est quelque chose de très instinctif. À la base, ça part d’une idée vague sur un sujet et d’un petit bout de mélodie. Je construis autour de ça en étoffant mes mots pour préciser mon idée. En amont, je brode doucement la musique et esquisse les arrangements. Je travaille toujours pour créer une symbiose entre mon sujet et l’esprit de la chanson pour que ça puisse transporter l’auditeur quelque part, lui raconter une histoire.
Parfois ça ne fonctionne pas, mais quand je réussis c’est magique et un beau travail d’équipe s’en suit!
Crois-tu que les artistes ont la responsabilité de sensibiliser leur public aux enjeux mondiaux, en raison de la tribune qu’ils possèdent?
Je ne voudrais pas parler pour les autres car ça reste bien personnel mais j’admire beaucoup les artistes qui osent prendre position sur des sujets importants. Pour ma part, j’essaie de le faire le plus naturellement possible, dans mes mots et avec sincérité. Je ne souhaite pas faire la morale aux gens, mais plutôt tenter de m’améliorer avec eux, un geste à la fois. Il y a tant de causes urgentes, je crois que ça vaut le coût d’essayer!
Si tu avais un souhait pour les enfants du monde, et la communauté mondiale, quel serait-il?
Je sais que mon souhait est utopique, mais j’aimerais que les guerres cessent, que les humains soient enfin égaux et que tous les enfants puissent vivre avec insouciance.