Publié par :
UNICEF Canada
30 janvier, 2018
Les jeunes Canadiennes et Canadiens ne sont pas à l’abri de troubles de santé mentale. Un développement émotionnel solide durant l’enfance est crucial pour établir un fondement propice à une bonne santé mentale et à une stabilité émotionnelle en tant qu’adulte.
Le stress, la pauvreté, la précarité alimentaire et des relations sociales déficientes au cours des premières années de vie freinent le développement physique, social, spirituel et psychologique d’un enfant. Les symptômes apparaissent souvent même avant le début de la scolarité.
L’accroissement de la disparité des revenus et des inégalités sociales au cours des quinze dernières années a donné lieu à une hausse générationnelle des problèmes de santé mentale, dont l’anxiété et la dépression. La Commission de la santé mentale du Canada estime qu’à l’adolescence, un enfant ou un jeune Canadien sur cinq (soit 1,2 million) a été affecté par la maladie mentale. En fait, bon nombre de problèmes de santé mentale commencent au cours de l’enfance et de l’adolescence. Selon l’Association canadienne pour la santé mentale, seulement un enfant canadien sur cinq ayant besoin de services en santé mentale reçoit effectivement ces services, de sorte que les problèmes de plusieurs d’entre eux se poursuivent pendant l’âge adulte.
Alli Truesdell, organisatrice de la participation des jeunes d’UNICEF Canada, sillonne le pays pour faciliter le dialogue avec les jeunes et mener des recherches auprès d’eux. Depuis 2016, UNICEF Canada écoute les jeunes parler de leur bien-être et s’enquiert de ce qui compte le plus pour eux. Cet automne, UNICEF Canada a lancé Une jeunesse, un mouvement national visant à soutenir les enfants et les jeunes en leur offrant une tribune et en élaborant des solutions.
Alli affirme qu’elle entend fréquemment parler de problèmes de santé mentale lors de ses ateliers.
« J’ai entendu des enfants de partout au pays dire qu’il n’y a pas assez de services en santé mentale au Canada et que les délais pour y avoir accès sont longs. Pire encore, ces services ne sont souvent pas couverts par notre système de santé », explique-t-elle.
« L’une des choses que j’ai maintes fois entendues est que les enfants ne savent pas où aller chercher de l’aide pour composer avec les problèmes de santé mentale », ajoute-t-elle. « Presque personne ne leur demande s’ils ont besoin d’aide. Parfois, les adultes croient que si un enfant obtient de bons résultats scolaires, sa santé mentale est forcément bonne. Les jeunes disent qu’ils subissent des pressions énormes pour réussir à l’école, qu’ils ont des horaires trop chargés et qu’ils dorment mal. Ces facteurs ne mènent pas tous à des problèmes de santé mentale, mais bon nombre d’entre eux entraînent une détérioration de la santé mentale. »
L’an dernier, UNICEF Canada a sonné l’alarme avec la publication du Bilan Innocenti 14 de l’UNICEF, qui examine la situation des enfants dans les pays riches sous l’angle des Objectifs de développement durable (ODD). Selon les données recueillies, le Canada se classe pitoyablement au 25e rang sur 41 pays riches. Le rapport révèle des taux de suicide alarmants.
Le Bilan Innocenti 14 de l’UNICEF indique qu’en général, le suicide est une cause de mortalité plus usuelle chez les garçons que chez les filles, soit une fréquence moyenne trois fois plus élevée. Toutefois, les tentatives de suicide sont deux fois plus nombreuses chez les filles que chez les garçons, mais celles-ci choisissent généralement des méthodes moins létales. Chez les garçons autochtones, le taux de suicide est plus élevé que le taux moyen de n’importe quel pays riche. Dans le rapport, lorsqu’on parle du suicide, on parle du taux de suicide des adolescents âgés de 15 à 19 ans.
Ces conclusions ont été corroborées par l’Association canadienne pour la santé mentale, qui affirme qu’« au Canada, le taux de suicide chez les jeunes est le troisième en importance parmi les pays industrialisés ». En fait, le suicide est la cause de 24 pour cent des décès chez les Canadiennes et Canadiens âgés de 15 à 24 ans.
Un jeune Canadien anonyme de 16 ans de Kitchener a écrit à UNICEF Canada pour présenter une solution au problème :
« Les personnes souffrant de maladies mentales sont depuis longtemps stéréotypées et stigmatisées. Avec l’augmentation du nombre de jeunes, et plus particulièrement du nombre d’adolescents et d’adolescentes, qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale dans la société d’aujourd’hui, il est essentiel de mettre en œuvre plusieurs mécanismes de soutien et de créer un environnement favorisant la compréhension et le réconfort en sensibilisant le public aux maladies mentales et en augmentant le financement gouvernemental en matière de santé mentale. »
Grâce à l’initiative Une jeunesse d’UNICEF Canada, Alli Trusdell affirme qu’elle a bon espoir que la question de la santé mentale sera l’un des nombreux thèmes au Canada qui fera l’objet d’améliorations au fil du temps. Les recherches de l’UNICEF révèlent que le fait de s’attaquer aux causes profondes de la détérioration de la santé mentale en remédiant à la disparité des revenus au moyen de mesures comme l’Allocation canadienne pour enfants, l’amélioration de la qualité et de la disponibilité des programmes de développement de la petite enfance et la poursuite des efforts de réconciliation avec les populations autochtones pourrait faire toute la différence.
« Compte tenu de l’évolution rapide de la société, nous devons veiller à ce que les enfants aient la liberté de jouer, de rêver et de faire des erreurs. Pour ce faire, nous devons créer de meilleures conditions afin que les familles soient en mesure de bâtir un environnement sain et d’établir des liens affectifs solides », souligne Alli. « Selon les enfants, c’est exactement le plan en matière de santé mentale dont le Canada a besoin. »