Sur les bords de routes isolées de Sicile, la plus grande île italienne, des jeunes femmes attendent les clients, assises sur des chaises situées à quelques centaines de mètres d’intervalle. Beaucoup d’entre elles sont des migrantes nigérianes tombées dans la traite et l’exploitation sexuelle au cours de leur dangereux voyage vers l’Europe. Cette série de photographies montre les lieux où ces femmes et ces filles sont exploitées.
Sur le chemin de l’Europe
Sur les bords de routes isolées de Sicile, la plus grande île italienne, des jeunes femmes attendent les clients, assises sur des chaises situées à quelques centaines de mètres d’intervalle. Beaucoup d’entre elles sont des migrantes nigérianes tombées dans la traite et l’exploitation sexuelle au cours de leur dangereux voyage vers l’Europe. Cette série de photographies montre les lieux où ces femmes et ces filles sont exploitées.
Avec l’Etna en arrière-plan, une chaise et des chaussures à talons, preuve de l’exploitation sexuelle qui a cours le long de cette route de 5 kilomètres qui serpente entre les orangers et les oliviers. Quand les clients se font rares, à la tombée de la nuit, des proxénètes sortent de leur cachette et entassent les femmes dans des voitures qui les ramèneront à Catane.
Des préservatifs usagés et un soutien-gorge jonchent le sol dans une clairière utilisée par les prostituées dans une zone de forêts et d’orangeraies dans le quartier de Parco della Favorita, à Palerme.
« Aucune d’entre nous n’est heureuse de faire ce métier », explique Glory [NOM FICTIF], 27 ans, une migrante originaire de Lagos qui travaille dans ce quartier.
« C’était une petite route dans les bois, où travaillent plein de filles », raconte Cynthia, une Nigériane de 21 ans victime de traite et d’exploitation sexuelle au sud de Catane. « Je travaillais du matin au soir. Je ne me souviens plus avec combien d’hommes j’ai été, mais il y en a eu beaucoup. »
Des matelas dont se servent les prostituées, au sud de Catane. Les trafiquants prospèrent là où les institutions étatiques font défaut et où le crime organisé abonde. Les descentes de police sont rares dans ces zones, et pour les filles et les femmes exploitées, la loi n’est pas un moyen de dissuasion, ni de protection.
Une chambre utilisée par des prostituées nigérianes dans le quartier de Ballaro, à Palerme. Démunis, sans protection et souvent seuls, les enfants en déplacement peuvent devenir des proies faciles pour les trafiquants – 72 % des femmes victimes de traite font l’objet d’exploitation sexuelle.
Une chaise de prostituée près de la gare de Palerme. Les enfants déracinés doivent être protégés de l’exploitation et de la violence. Pour assurer leur sécurité, il est nécessaire de sanctionner la traite, de renforcer les systèmes de protection de l’enfance, ainsi que d’élargir l’accès à l’information et à l’assistance.
Une ferme abandonnée avec un matelas utilisé par des prostituées à Palerme.
« C’est comme si je n’avais jamais eu d’enfance », confie Mary [NOM FICTIF], qui a reçu l’aide d’une avocate après que des trafiquants l’ont fait passer en Italie à l’âge de 17 ans.
Les enfants en déplacement sont avant tout des enfants, ils ont besoin d’être protégés.