L’année dernière, Tabarak, Safa et Dima ont chacune été forcées de fuir leur domicile en raison de la guerre qui ravageait la ville de Mossoul, en Iraq. Les trois filles, qui ne se connaissaient pas encore, allaient bientôt devenir inséparables, notamment grâce aux efforts de l’UNICEF pour donner aux enfants déplacés un accès à l’éducation.
« Nous travaillons ensemble. Nous jouons ensemble. Nous aimons lire en anglais. Nous aimons particulièrement les histoires de filles. Nous aimons aussi écrire nos propres histoires et les lire les unes aux autres », explique Dima.
Les filles ont fait connaissance il y a quelques mois lorsqu’elles ont commencé à fréquenter l’école primaire al-Huda, à Mossoul-Ouest.
« Lorsque je suis arrivée pour la première fois à l’école, il y a six mois, je me suis assise à côté de Safa. C’est ainsi que nous avons fait connaissance », explique Tabarak.
À la même époque l’année dernière, les filles ne pouvaient pas sortir de chez elles et encore moins aller en classe. En raison des opérations militaires menées en 2017 pour reprendre la ville, il était trop dangereux d’aller à l’école.
« Sous l’EI, nous sommes allées à l’école la première année seulement, puis nous avons arrêté parce que le programme a changé. Au début, c’était comme des vacances, car je déteste me réveiller tôt. Mais c’est devenu ennuyant. Nous devions la plupart du temps rester cachées au sous-sol. Nous avions peur, et c’était ennuyant », ajoute Tabarak.
De nombreux enfants en Iraq ne peuvent plus aller à l’école en raison du conflit
Tabarak et Dima comptaient parmi les enfants les plus chanceux qui ont pu poursuivre leurs études malgré le fait qu’ils étaient déplacés. La mère de Tabarak enseigne l’arabe et elle lui a fait la classe pendant les années où elle n’était pas scolarisée. Dima et les membres de sa famille ont été déplacés à Erbil, où elle a réussi à assister à des cours.
De nombreux enfants n’ont cependant pas eu cette possibilité. Dans les régions prises par l’EI, des centaines de milliers d’enfants ont perdu au moins une année de scolarité. Les écoles ont été endommagées ou détruites, et beaucoup n’avaient pas de personnel enseignant ou de ressources.
L’école al-Huda de Mossoul-Ouest se trouve à proximité de la vieille ville, le quartier le plus durement touché par le conflit. Les bâtiments autour de l’établissement scolaire ont été complètement détruits. Les enfants doivent enjamber un lampadaire tombé au sol pour traverser la rue et se rendre jusqu’à l’école.
Cette école est l’une des 256 écoles que l’UNICEF a contribué à réhabiliter à Mossoul depuis la fin de 2016, et dont bénéficient plus de 250 000 élèves. Des travaux sont en cours dans neuf autres écoles de Mossoul-Ouest afin que les cours puissent reprendre.
Aujourd’hui, les filles sont réunies à un pupitre de leur classe. Tabarak, avec ses grands yeux et son sourire qui fait apparaître ses fossettes, tient la main de Safa. Dima sourit comme si elle allait faire une plaisanterie.
« Lorsque nous sommes revenues à l’école, nous étions tellement heureuses de revoir nos amis », raconte Dima.
« J’étais un peu nerveuse, car je ne connaissais personne, mais j’ai rencontré Safa et Dima », ajoute Tabarak. Les membres de sa famille ont été déplacés de leur domicile situé à Mossoul-Ouest. Ils sont allés de l’autre côté de la ville, qui est légèrement plus sécuritaire.
Les trois meilleures amies, âgées de 9 et 10 ans, comptent maintenant parmi les meilleurs élèves de l’école primaire al-Huda. Elles arborent les rubans qui indiquent leur réussite scolaire et elles envisagent un avenir qu’elles estiment avoir contribué à façonner.
« Je veux être pilote », déclare Safa avec détermination. « Je veux être dentiste », ajoute Dima. « Et je veux être pharmacienne », affirme Tabarak.
Les filles ont aussi des idées très claires sur la façon d’améliorer leur pays. « Si j’étais présidente, je donnerais de l’argent aux personnes pauvres. Elles n’ont rien, nous devons les aider », explique Tabarak.
Safa, la plus pratique des trois amies, se préoccupe également de la reconstruction. « Je veux réparer les écoles. Cela permettra aux gens de retourner chez eux et cela procurera des emplois. »
Interrogée sur ce qu’elle ferait pour l’Iraq, Dima répond sans hésitation : « Je construirais un centre commercial! Tout le monde aime magasiner! »
Ce degré d’engagement, en particulier de la part des filles, est un signe encourageant de ce que Mossoul peut devenir. Ces jeunes élèves brillantes ont des idées, de l’énergie et, surtout, elles ont de l’espoir.
[UNICEF/UN0200991/Sparks]
Le conflit en Iraq menace l’éducation et l’avenir des enfants
Sans accès à une éducation de qualité, trop d’enfants iraquiens risquent de devenir une génération perdue. En Iraq, près de 3,5 millions d’enfants d’âge scolaire sont non scolarisés ou fréquentent l’école de façon irrégulière, et plus de 600 000 enfants déplacés ont perdu une année entière de scolarité.
En plus de contribuer au rêve de Safa de réhabiliter des établissements scolaires à Mossoul, l’UNICEF a jusqu’à présent procuré du matériel récréatif, des fournitures de premiers soins, des trousses pour le personnel enseignant et du matériel pédagogique pour 224 000 élèves.
Pour répondre aux besoins importants en matière de santé mentale chez les élèves dont la vie est bouleversée en raison du conflit, l’UNICEF a soutenu la formation en soutien psychosocial de 25 principaux intervenants et intervenantes à Mossoul, qui visiteront les écoles afin de former le personnel enseignant.
L’école al-Huda est l’une des 30 écoles de Mossoul où une formation soutenue par l’UNICEF est dispensée afin d’aider les établissements scolaires et la communauté locale à élaborer et à mettre en œuvre des plans pour améliorer les écoles. L’UNICEF procure également des subventions à ces 30 écoles.
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