Une volonté à toute épreuve, malgré le handicap
« Je suis triste de voir ma sœur partir à l’école le matin. Moi aussi, je veux apprendre. »
Ayan Abokor Isse se bat pour aller à l’école. À 13 ans, elle n’est qu’en quatrième année. Ce n’est pourtant pas la capacité d’apprendre qui lui manque! Issue d’une famille nombreuse, elle s’est récemment vue obligée de rester à la maison, sa mère n’ayant pas les moyens de payer les frais de scolarité. Et ça n’a rien à voir avec son genre non plus! Ayan est née avec un pied bot : ses pieds sont tournés vers l’intérieur, ce qui rend la marche difficile. Il est coutume de cacher les enfants dans la maison s’ils ont un handicap, mais les temps changent.
« Il est important pour un enseignant de créer un milieu d’apprentissage sécuritaire pour les élèves vivant avec un handicap. Cela consiste à enseigner aux étudiants l’inclusivité, le respect d’autrui et la patience envers les élèves plus lents. Nous devons mettre un terme aux préjugés à l’égard des personnes vivant avec des handicaps mentaux et physiques. Celles-ci doivent également être incluses pendant les périodes de jeu. Cela leur permettra d’avoir une meilleure estime de soi », explique Said Jama Hersi. Depuis douze ans, il enseigne l’Islam, la religion et l’arabe aux élèves de la cinquième à la huitième année à l’école primaire Kalyaxeed dans la ville de Dangoraio dans la région du Pount, en Somalie.
Said a toujours été d’avis que tous les enfants sont capables d’apprendre, peu importe leurs handicaps physiques ou mentaux. Grâce au projet À toute épreuve, lancé dans son école en août 2021, Said est en mesure de reconnaître les enfants aux prises avec des difficultés d’apprentissage, visibles ou non, et de les aider. « Certains enfants ont du mal à voir ou à entendre. Lorsque je m’en aperçois, je m’assure qu’ils sont en mesure d’apprendre. » Le programme a permis de réduire les préjugés à l’égard des enfants vivant avec un handicap aussi bien dans la salle de classe que dans la communauté.
À toute épreuve est un programme d’enseignement d’UNICEF déployé dans le Somaliland, le Pount et le Galmudug en juillet 2021 avec l’appui du gouvernement du Canada. D’abord, on procède à une enquête dans la communauté pour savoir combien d’enfants ont des besoins particuliers en matière d’apprentissage et aussi combien de filles ne vont pas à l’école. Ensuite, on commence à sensibiliser la communauté et on développe la capacité des responsables de l’éducation, du personnel enseignant et des membres du Comité communautaire d’éducation (CCE) pour qu’ils répondent aux besoins d’apprentissage des filles et des enfants vivant avec un handicap. Le programme comprend un suivi ainsi que des évaluations, la conception de matériel d’apprentissage et d’enseignement adapté aux enfants vivant avec un handicap et la remise en état d’écoles.
« J’aime aller à l’école et jouer avec mes amies. Ensemble, on apprend à l’école », déclare Ayan. Elle fait partie des trente-huit enfants ayant reçu une bourse d’études du programme À toute épreuve à l’école primaire Kalyaxeed, ce qui lui permet de payer ses frais de solidarité. Le programme appuie aussi 12 323 des enfants les plus marginalisés du Pount, en particulier les filles. Au total, 1 200 élèves, y compris des enfants vivant avec un handicap, ont droit à une bourse d’études complète.
« Trente nouvelles élèves fréquentent l’école primaire Kalyaxeed depuis le début de la campagne de sensibilisation communautaire du programme. Sans cette bourse d’études, les enfants de pasteurs ne pourraient tout simplement pas aller à l’école aujourd’hui », remarque Maryan Maxamad Celmi, présidente du CCE. Le programme À toute épreuve du Pount a formé 287 membres du CCE dans 41 écoles visées.
« Ce programme a permis à une fille sourde de s’inscrire à l’école. Elle a treize ans et apprend l’alphabet écrit pour la première fois », révèle madame Celmi. Dans l’année à venir, le ministère fédéral de l’Éducation, à l’aide du programme À toute épreuve, traduira les manuels de cours d’enseignement de base alternatif de niveaux 1 et 2 en braille. « Nous voilà avec deux responsabilités : d’aider les filles à aller à l’école et les élèves vivant avec un handicap à avoir accès à l’éducation. » Il nous faut venir en aide aux enfants exclus maintenant pour qu’une autre génération puisse réaliser son potentiel.
Ayan a une volonté à toute épreuve, malgré le handicap. Elle dit : « Je veux aller à l’école pour pouvoir apprendre. Ainsi, je pourrai subvenir aux besoins de ma mère, mes sœurs, mes frères et les personnes vulnérables qui ont besoin d’aide. »