Trois ans se sont écoulés depuis l’enlèvement des lycéennes de Chibok, dans l’État de Borno, au Nigéria, en 2014. Depuis, Boko Haram mène une campagne systématique d’enlèvements qui lui permet d’enrôler de force des milliers d’enfants, auteurs d’un nombre croissant d’attentats-suicides. Ce reportage revient sur les lieux, à Maiduguri, capitale de l’État de Borno, où leurs bombes ont explosé.
Victimes malgré elles
Fatima, 12 ans, déplacée de la ville de Bama à l’intérieur du pays, au marché de Baga de Maiduguri, où 18 personnes, dont une femme enceinte, ont perdu la vie lorsqu’un jeune homme de 16 ans s’est fait exploser dans un cyclotaxi qui l’emmenait au marché, le 7 mars 2015.
Des locaux au Monday Market, l’un des marchés de Maiduguri, où, le 11 décembre 2016, deux fillettes de 7 ans ont actionné leur charge explosive, faisant un mort et de nombreux blessés. Depuis janvier 2014, 117 enfants, dont plus de 80 % sont des filles, ont été utilisés pour commettre des attentats-suicides dans la région.
Un enfant sort de la mosquée de Gindin Kurna à l’université de Maiduguri, où, le 16 janvier 2017, un petit garçon de 7 ans a fait exploser sa charge, ôtant la vie d’un enseignant en plus de la sienne, et blessant sept autres personnes. La multiplication des attaques est extrêmement préoccupante, tant pour les victimes que pour les enfants qui les commettent.
Des passants devant des véhicules détruits dans le quartier de Muna Garage, à Maiduguri, où, le 16 février 2017, un kamikaze a déclenché ses explosifs alors qu’un convoi de camions se préparait à partir pour Gambaru, une ville située à 141 km de là. Ce fut la première explosion d’une série d’attaques impliquant neuf kamikazes et des hommes armés de Boko Haram.
Des enfants déplacés, dans le camp de Dalori, à Maiduguri. Au Nigéria, plus de 1,7 million de personnes, dont plus de la moitié (55 %) sont des enfants, ont été déplacées par les combats qui opposent les insurgés de Boko Haram au gouvernement.
Des personnes à l’extérieur du palais du Shehu, à Maiduguri, où, le 13 juillet 2012, une adolescente de 15 ans a actionné son gilet d’explosifs après la prière du vendredi, au cours d’une attaque visant le vice-gouverneur de l’État et le Shehu, un dirigeant religieux local. Les deux hommes ont survécu, mais cinq autres ont été tués.
Des étudiants sur une route menant à l’université de Maiduguri, où, plus tôt dans l’année, le 16 janvier 2017, la police a tiré sur une jeune fille équipée d’un gilet d’explosifs, actionnant ainsi sa charge alors qu’elle courait se réfugier dans les buissons bordant la route. Au 31 mars 2017, 27 enfants avaient été utilisés dans des attaques dans le nord-est du Nigéria.
Des commerçants et des clients au Monday Market de Maiduguri, où, le 1er juillet 2014, une voiture piégée a explosé en face du tribunal de grande instance, tuant 18 personnes et en blessant 55 autres. Le recours aux enfants pour commettre des attentats est une pratique de plus en plus courante et constitue une caractéristique de ce conflit déjà marqué par de graves violations des droits de l’homme.