Vivre en tant que jeune à l’ère du septième feu
Aanii Boozhoo. Ashley ndizhinikaaz. Be bi yat wiigwaas jimaaning ndizhinikaaz. Miigizi ndoodem. Mishkeegogamang ndoonjiba.
Je m’appelle Ashley et je suis une Anishinaabe de la Première Nation Mishkeegogamang.
Je suis née colonisée. La situation de ma famille biologique et ma naissance ont été exactement comme les gouvernements coloniaux en avaient décidé : ma grand-mère est allée au pensionnat, ma mère a été placée en famille d’accueil et a combattu des dépendances, et je suis née directement dans le système de protection de l’enfance de la Colombie-Britannique, à peu près aussi loin que possible géographiquement de ma Première Nation au Canada. Je ne suis pas la seule dans ce cas. Beaucoup ont été enlevés à leur famille et placés dans des pensionnats lors de la rafle des années 1960, puis de celle du millénaire; des politiques conçues dans l’intention de coloniser.
Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai commencé à croire qu’il était honteux d’être autochtone. Beaucoup de personnes appartenant à notre peuple éprouvent des difficultés en raison de ces politiques et sont considérées comme impures, intoxiquées ou sans valeur.
En tant qu’enfant, je voulais être aussi loin que possible de mon propre peuple.
En vieillissant, j’ai cependant eu la chance et la possibilité de renouer tout d’abord avec mes pairs autochtones, puis avec ma communauté grâce à mes études universitaires et ma vie professionnelle. Beaucoup de jeunes pris en charge n’ont pas de telles possibilités.
Pour moi, être autochtone représente le parcours d’une vie vers la décolonisation et le renouement. Je suis née colonisée, mais, depuis que j’ai pu comprendre cela, je me suis mise à éliminer progressivement ce qui fait de moi une personne colonisée et à renouer activement avec ma communauté et ma culture. C’est un parcours qu’entreprennent de nombreux jeunes autochtones; nous accomplissons la prophétie des sept feux
Savoir que les jeunes autochtones s’efforcent de se décoloniser, de renouer avec les leurs et de récupérer leur identité me donne de l’espoir.
L’endurance émotionnelle, l’effort et le temps nécessaires pour y parvenir sont stupéfiants, mais je sais que nous réussirons et rendrons le monde meilleur pour nos jeunes et toutes les générations à venir.
Il est important que tout le monde au Canada comprenne que la décolonisation ne concerne pas uniquement les peuples autochtones. Les personnes non autochtones doivent également travailler pour se décoloniser, devenir des alliées et des complices, respecter les traités et leurs obligations, et s’attaquer aux structures qui favorisent les systèmes coloniaux qui nuisent aux peuples, aux cultures et aux moyens de subsistance des peuples autochtones. Certains jeunes non autochtones semblent vraiment comprendre cela, et il est formidable de voir qu’ils tiennent eux aussi à la décolonisation.
La réconciliation sera alors possible, et nous pourrons toutes et tous vivre en harmonie et dans un respect mutuel.
En vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant, les jeunes ont le droit de faire part de leur opinion, d’être pris au sérieux par les adultes et de s’exprimer de manières différentes, à moins de se causer du tort ou de causer du tort à autrui. UNICEF Canada respecte les points de vue des jeunes qui s’expriment sur leurs perceptions et leurs connaissances du monde qui les entoure, et leur fournit diverses occasions par l’entremise de nos billets de blogue rédigés par de jeunes invités pour l’initiative #EnfantsAuCanada et d’autres plateformes.