L’UNICEF prône l’allaitement maternel et encourage les gouvernements et autres intervenants et intervenantes à élaborer et à mettre en œuvre des politiques et des plans d’action qui favorisent : (1) une initiation précoce de l’allaitement; (2) un allaitement au sein exclusif pendant les six premiers mois de la vie; (3) un allaitement maternel continu pendant une période de 6 à 24 mois et plus; et (4) une alimentation complémentaire appropriée à partir de l’âge de six mois.
- La Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant de l’UNICEF et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et la politique sur les raisons médicales acceptables pour utiliser les substituts du lait maternel < http://whqlibdoc.who.int/hq/2009/WHO_FCH_CAH_09.01_eng.pdf> (en anglais seulement) décrivent des pratiques qui ont fait leur preuve et qui favorisent l’état de santé optimal de l’enfant.
Le nombre de mères canadiennes qui ont commencé et ont persisté à allaiter leur bébé a augmenté progressivement, ce qui est attribuable, en partie, aux politiques de congé de maternité plus axées sur les bébés, ainsi qu’aux communautés et aux milieux de travail attentifs aux mères qui allaitent. Mais le nombre de femmes qui ont l’intention d’allaiter ou qui commencent à le faire, et qui continuent six mois plus tard, connaît une baisse importante, un phénomène qui laisse penser que le soutien de l’allaitement maternel est encore insuffisant au Canada. Le taux d’initiation à l’allaitement, qui s’élevait en 2005 à 87 pour cent, est resté stable depuis. Toutefois, seulement 14 pour cent des mères allaitent toujours six mois plus tard.
La décision d’allaiter appartient fondamentalement à la mère, mais de nombreux facteurs influent sur cette décision. Les habitudes et les croyances culturelles, le statut social et la situation économique, les normes sociales, l’origine ethnique, les médias et la religion, de même que la médecine, la science et l’industrie ont une incidence importante sur les décisions et les pratiques en matière d’allaitement. Les mères qui sont le plus susceptibles d’allaiter leur bébé avec succès sont celles qui bénéficient des mécanismes de soutien suivants :
- elles ont le soutien de leur partenaire, de leur famille et de leurs amis et amies;
- elles vivent au sein d’une communauté et d’une société dont les normes sociales favorisent de bonnes pratiques d’allaitement;
- elles disposent d’une information adéquate sur l’allaitement;
- elles bénéficient de l’appui d’une conseillère en allaitement ou d’une autre intervenante qualifiée;
- elles reçoivent une aide spécialisée et des conseils pertinents de membres du personnel médical;
- elles accouchent dans un établissement hospitalier doté de politiques adaptées au bébés qui permettent de garder les nouveau-nés dans la chambre, d’allaiter à la demande et qui offrent un soutien concret à l’allaitement.
- elles travaillent dans un milieu où les politiques sont adaptées aux mères et aux bébés.
Un ancrage juridique plus solide et une meilleure application du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel adopté en 1981 au Canada permettraient aux mères de faire des choix éclairés dans l’intérêt supérieur de leurs enfants. Bien que signataire du Code, le Canada n’en a pas totalement intégré les dispositions dans sa législation. Il a apporté des modifications à la Loi et aux Règlements sur les aliments et drogues relativement à l’étiquetage nutritionnel, aux allégations concernant la valeur nutritive et aux allégations relatives aux effets du régime alimentaire sur la santé, qui sont entrés en vigueur le 12 décembre 2005. En janvier 2007, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a émis un avis consultatif à l’intention de l’industrie concernant les exigences en matière de renseignements nutritifs et d’allégations concernant les préparations pour nourrissons, soit les substituts de lait maternel, avertissant l’industrie « [qu’] il est de la responsabilité de tous les fabricants, importateurs et distributeurs de préparations pour nourrissons de s’assurer que leurs produits respectent les dispositions législatives canadiennes ». L’ACIA et Santé Canada demandent aussi aux fabricants de préparations pour nourrissons d’appuyer et de mettre en œuvre les principes du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, et ce, le plus rapidement possible.
L’UNICEF appuie l’Initiative hôpitaux amis des bébés afin de promouvoir l’allaitement maternel dans les hôpitaux et dans les centres de santé du monde entier. The Breastfeeding Comittee for Canada - < http://www.breastfeedingcanada.ca/> gère le processus de désignation fondé sur les « Dix conditions pour le succès de l’allaitement maternel » de l’UNICEF et de l’OMS pour les hôpitaux et les centres de naissance du Canada. Le pays compte aujourd’hui 36 établissements de santé amis des bébés, lesquels représentent un exemple idéal en matière de promotion de l’allaitement maternel; 24 de ces établissements se trouvent au Québec. Dans le monde, 154 pays et 21 000 établissements de soins de santé ont obtenu l’appellation amis des bébés.
Alerte politique! Nourrices au sein et substituts du lait maternel, banques de lait humain
Selon les recommandations de Santé Canada concernant l’utilisation des substituts du lait maternel, « pour le nourrisson qui n'est pas nourri au sein, ou qui ne l'est que partiellement, les préparations lactées commerciales constituent les meilleurs laits de remplacement jusqu'à l'âge de neuf à douze mois ». Les recommandations ne mentionnent aucunement ni n’encouragent l’allaitement par une nourrice ou le recours aux banques de lait humain comme le mentionne la Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant de l’UNICEF et de l’OMS.
La Société canadienne de pédiatrie soutient la création de banques de lait humain, mais n’appuie pas la pratique du don de lait informel en raison des problèmes médicaux. L’approvisionnement des banques de lait humain étant limité au Canada, elle recommande que le lait humain soit prioritairement attribué aux enfants prématurés, malades ou hospitalisés lorsque les mères ne peuvent pas allaiter.
En janvier 2011, UNICEF Canada a remis un mémoire à Santé Canada appelant à un plus grand respect de la Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et des Raisons médicales acceptables pour utiliser les substituts du lait maternel, qui privilégient l’utilisation du lait maternel d’une nourrice en bonne santé ou le recours aux banques de lait humain pour remplacer le lait de la mère. Considérant que le lait humain, qu’il provienne d’une nourrice ou d’une banque de lait humain est la solution la plus acceptable pour remplacer le lait d’une mère qui ne peut pas allaiter son nourrisson, UNICEF Canada encourage le développement des banques de lait humain réglementées, de même que l’élaboration de lignes directrices concernant l’allaitement au sein par une nourrice en bonne santé, les préparations lactées commerciales demeurant le troisième choix. La politique de Santé Canada relative aux banques de lait humain devrait inclure en principe tous les enfants en bonne santé qui ne peuvent pas être allaités par leur mère ou qui ont été adoptés, comme le stipule la Human Milk Bank of North America , tout en sachant que le lait humain doit être prioritairement attribué aux enfants prématurés et malades. Parallèlement à la promotion et au développement des banques de lait, il convient donc d’étendre les critères de priorité. UNICEF Canada demande aussi une modification de la formulation qui suggère que les préparations lactées commerciales constituent « l’alternative la plus acceptable au lait humain », conformément à la Stratégie mondiale et aux Raisons médicales acceptables pour utiliser les substituts du lait maternel, qui énumèrent les conditions sur lesquelles s’appuient les recommandations en matière de remplacement du lait maternel. Même si le choix de la méthode d’alimentation du bébé revient à la mère ou aux personnes qui s’occupent de l’enfant, les lignes directrices doivent indiquer clairement que l’allaitement maternel est la solution la plus adaptée aux besoins du nourrisson.
Au regard de l’« allaitement partiel » mentionné dans les recommandations actuelles, la Stratégie mondiale recommande un allaitement exclusif pendant les six premiers mois et n’est pas favorable à un allaitement partiel ou à une alimentation mixte (par exemple, lait maternel associé à une préparation lactée commerciale) avant l’âge de six mois. La Société de pédiatrie canadienne recommande elle aussi l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie du bébé. Les recommandations de Santé Canada doivent être plus précises à cet égard. L’allaitement mixte réduit la quantité de lait produit par la mère alors que l’expression du lait peut contribuer à maintenir un approvisionnement adéquat lorsque la mère retourne au travail.