Cette année marque le vingtième anniversairede la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies. Au moment de célébrer les progrès réalisés et de faire face aux lacunes liées au respect des droits de l’enfant, UNICEF Canada souligne cet anniversaire en publiant ce supplément au rapport 2009 de l’UNICEF La Situation des enfants dans le monde 2009.
Le problème – Aperçu
Les enfants autochtones sont parmi les enfants les plus marginalisés de la société canadienne. Malgré quelques progrès observés dans presque tous les aspects de la santé et du bien-être, leur situation, notamment celle des enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis, reste deux à trois fois plus affligeante que celle des autres enfants canadiens. Durant leur enfance, ils sont moins susceptibles de consulter un médecin et à l’adolescence, les filles ont plus de risques d’être enceintes. Par ailleurs, dans de nombreuses communautés, la tendance au suicide demeure plus élevée qu’ailleurs. Ces disparités représentent le plus grand défi en matière de droits de l’enfant auquel fait face notre nation.
La santé dépend d’un réseau de facteurs économiques, sociaux, politiques et environnementaux. Les facteurs qui influent sur la santé des enfants autochtones sont notamment :
- la pauvreté;
- le manque d’éducation;
- des logements insalubres;
- une alimentation déficiente;
- le manque d’accès aux soins de santé et aux autres services sociaux;
- un héritage de rupture familiale, communautaire et culturelle engendrée par la politique des pensionnats.
Les conséquences – Survol
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Un enfant des Premières Nations sur quatre vit dans la pauvreté, comparativement à un enfant sur neuf en moyenne dans la population canadienne.
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Dans les villes de plus de 100 000 personnes, environ 50 pour cent des enfants autochtones de moins de quinze ans vivent dans des habitations à loyer modique, comparativement à 21 pour cent chez les enfants non autochtones.
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Comparativement au taux de mortalité infantile national qui est de 5 décès pour 1 000 naissances vivantes, le taux est de 8 pour 1 000 chez les membres des Premières Nations et de 16 pour 1 000 au Nunavut (où 85 pour cent de la population est inuite).
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Seulement 63 pour cent des enfants des Premières Nations de certaines réserves ont consulté un médecin en 2001; il en est de même pour 46 pour cent des enfants inuits et 77 pour cent des enfants métis, alors que le pourcentage est en moyenne de 85 pour cent chez les enfants canadiens.
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De 33 à 45 pour cent des enfants inuits, métis et des Premières Nations souffrent de maladies chroniques, qu’ils vivent dans les réserves ou à l’extérieur de celles-ci.
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Le taux de vaccination des enfants des Premières Nations vivant dans les réserves est de 20 pour cent inférieur à celui de la population générale, ce qui entraîne une augmentation du taux des maladies pouvant être prévenues par la vaccination.
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Le pourcentage de décès attribuables au suicide chez les jeunes des Premières Nations âgés de 10 à 19 ans est de 38 pour cent. En 1999, le taux de suicide chez les communautés des Premières Nations était 2,1 fois plus élevé que dans l’ensemble du Canada. Chez les Inuits, ce taux était 11 fois plus élevé.
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Le taux de fécondité des adolescentes des Premières Nations est sept fois plus élevé que la moyenne nationale. Chez les adolescentes des Premières Nations âgées de moins de 15 ans, ce taux est 18 fois plus élevé que chez les autres Canadiennes. Le Nunavut affiche le plus haut de taux de grossesse précoce au Canada, soit 161,3 enfants pour 1 000 femmes.
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On enregistre une augmentation du poids à la naissance chez les bébés des Premières Nations. En effet, 21 pour cent des nouveau-nés des Premières Nations ont un poids élevé à la naissance comparativement à 13,1 pour cent dans la population générale, ce qui engendre des risques pour la santé.
La solution – En bref
La solution consiste à faire en sorte que nos politiques, notre financement et nos modèles de prestation de services favorisent un accès égal aux droits inhérents à tous les enfants de ce pays. Nous avons besoin :
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de plus de services de santé communautaires adaptés sur le plan culturel afin d’éviter que les familles autochtones aient à se déplacer pour avoir accès aux services dont ils ont besoin, services auxquels accèdent automatiquement les autres enfants au Canada;
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d’une coordination améliorée entre les divers systèmes de gouvernance, fédéral, provincial et autochtone, pour le financement et la prestation des services de santé. Aucun enfant autochtone ne devrait se voir refuser des services dont jouissent les autres à cause d’un conflit à savoir lequel des ordres de gouvernement a la responsabilité de fournir ou de payer ces services;
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de nous engager à financer les services destinés aux enfants autochtones de la même manière que ceux dont bénéficient les autres enfants canadiens.
Pourquoi se soucier de cette situation?
En 2009, vingt ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies portant en elle la promesse d’offrir à tous nos enfants le meilleur de ce que nous avons en tant que nation, les conditions de santé des enfants autochtones ne sont pas ce qu’elles devraient être dans un des pays les plus nantis du monde. Il est temps d’en faire plus afin de s’assurer que les enfants autochtones profitent des mêmes services et des mêmes chances de vivre une vie épanouissante que les autres Canadiens et Canadiennes. Il faut se soucier de cette situation parce que :
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selon la Convention relative aux droits de l’enfant, le Canada a accepté que chaque enfant, sans discrimination, ait le droit de jouir du meilleur état de santé possible;
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la force de notre pays se mesure à la façon dont il prend soin de ses citoyens et citoyennes les plus vulnérables, les enfants. Chacun d’entre eux a droit au meilleur de ce que nous pouvons offrir et le mérite. Les familles et les communautés doivent être soutenues afin de pouvoir élever des enfants qui s’épanouissent pleinement et dont l’épanouissement sera garant de notre succès en tant que nation;
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les enfants autochtones constituent le segment de la population canadienne dont la croissance est la plus rapide. Ils représentent environ le tiers de l’ensemble de la population autochtone, soit un pourcentage beaucoup plus élevé que celui des enfants dans la population non autochtone, qui est de 19 pour cent. Ils peuvent établir une influence significative sur notre système d’éducation et sur notre main-d’œuvre. Leur avenir et celui du Canada ne font qu’un.
Ce que vous pouvez faire aujourd’hui
Tous les jeunes Canadiens et Canadiennes devraient avoir accès aux services de santé et de protection essentiels dispensés par les administrations publiques. Ils ne devraient jamais en être privés ni y avoir accès moyennant des retards parce que les différents paliers gouvernementaux ne parviennent pas à départager leurs champs de compétence.
Les conflits de compétences intergouvernementaux qui touchent les jeunes des Premières Nations sont fréquents et touchent des centaines d’enfants chaque année. Tous les enfants possèdent les mêmes droits à la vie, à l’épanouissement individuel et au respect absolu de leurs intérêts. Le Principe de Jordan, qui a été adopté à l’unanimité par la Chambre des communes le 12 décembre 2007, accorde la primauté aux droits de l’enfant pour mettre fin aux conflits intergouvernementaux qui influent sur la vie et la santé des jeunes des Premières Nations. Il réclame des administrations publiques qu’elles adoptent une orientation stratégique qui rendra obligatoire la prestation des services auxquels les enfants des Premières Nations ont droit et qu’elles départagent ultérieurement leurs responsabilités financières en cas de conflit. Le Principe de Jordan a été adopté par toutes les provinces sur le plan théorique, mais aucun plan de mise en œuvre tangible n’existe encore.
Enregistrez immédiatement votre soutien ou celui de votre organisation au Principe de Jordan.
Communiquez avec votre député fédéral ou provincial, pour lui faire part de votre inquiétude quant aux inégalités auxquelles font face les enfants autochtones. Téléchargez la lettre suggérée leur demandant de faire adopter une loi pour mettre en œuvre le Principe de Jordan afin d’assurer une prestation sans heurts des services de santé destinés aux enfants autochtones et de rendre accessible aux enfants métis le Programme de soins de santé non assurés de Santé Canada.
Soutenez les principes de Rassemblés autour d’un rêve, dont l’objectif vise à favoriser l’amélioration des soins de santé dans les communautés autochtones, et par là même, la santé des enfants, des adolescents et des adolescentes de ces communautés.
Renseignez-vous sur la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations-Unies et discutez avec vos amis, votre famille, vos enfants et d’autres jeunes ainsi que vos représentants gouvernementaux, des droits de l’enfant et de leur importance pour tous les enfants du Canada.