Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, tire la sonnette d’alarme face à l’aggravation de la crise qui touche les enfants au Soudan, à la suite d’une visite dans le pays
PORT-SOUDAN, Soudan, le 26 juin 2024 – Dans l’ensemble du Soudan, les enfants continuent de payer un lourd tribut au conflit qui ravage le pays, prévient Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, au terme d’une visite à Port-Soudan. Sur les 24 millions d’enfants que compte le pays, plus de la moitié, soit quelque 14 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire urgente et la plupart sont déscolarisés.
Les signalements de violations graves des droits de l’enfant continuent d’affluer à un rythme alarmant alors que plus de 3 800 enfants auraient été tués ou blessés depuis l’escalade du conflit en avril 2023. Dans le Darfour du Nord, plus de 400 enfants auraient été tués ou mutilés lors de l’intensification récente des combats à l’intérieur et en périphérie de la ville d’El Fasher, tandis que le recours permanent aux armes explosives dans les zones peuplées fait peser un danger supplémentaire sur les enfants et leur famille. Les civils sont pris au piège des combats et le Saudi Maternity Hospital, qui était le dernier hôpital fonctionnel à fournir des services maternels et pédiatriques à El Fasher, a été bombardé il y a moins d’une semaine.
« Plus d’un an après le début de cette guerre brutale, la douleur et la souffrance des enfants au Soudan sont de plus en plus terribles », déplore la Directrice générale de l’UNICEF. « Pris au piège entre les lignes de front, contraints de quitter leur logement ou témoins du démembrement de leur communauté, ces enfants voient leur vie s’effondrer. C’est la pire crise de déplacement d’enfants au monde. Les enfants ne déclenchent pas les guerres, mais en paient le plus lourd tribut. Le monde doit savoir ce qu’endurent les enfants au Soudan et exhorter l’ensemble des parties belligérantes à cesser les violences et à mettre un terme à la guerre. »
Près de 9 millions d’enfants sont frappés par une insécurité alimentaire aiguë et n’ont pas accès à l’eau potable. Près de 4 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë et 730 000 d’entre eux seraient en danger de mort imminente. À cela s’ajoute une chute de la couverture vaccinale en raison des combats et des restrictions en matière d’accès qui, combinée à une flambée de maladies telles que le choléra, la rougeole, le paludisme et la dengue, met en péril la vie de centaines de milliers d’enfants supplémentaires.
Au Soudan, Catherine Russell a rencontré plusieurs enfants qui lui ont fait part d’histoires douloureuses. Areeg, 11 ans, lui a ainsi raconté comment elle avait fui de chez elle lorsque la guerre était arrivée à Khartoum ainsi que le meurtre de son amie qui habitait à côté. Les combats qui ont éclaté dans l’État d’Al Jazirah ont de nouveau contraint la jeune fille et sa famille à prendre la fuite. Ils vivent désormais sous une tente à Port-Soudan. « La vie ici est difficile », affirme Areeg. « Je suis très triste d’avoir dû partir de Khartoum. » Elle fréquente un espace ami des enfants géré par l’UNICEF où elle peut dessiner, jouer et renouer avec l’enfance pendant quelques heures. « J’adore dessiner », confie-t-elle. « Je peux mettre toutes mes émotions dans mes dessins. »
Malaz, 15 ans, a quant à elle confié à Catherine Russell qu’elle espérait que ses parents, tous les deux enseignants, trouvent du travail afin qu’ils puissent acheter à manger. Comme tant d’autres, l’adolescente et sa famille ont fui les combats en laissant toutes leurs affaires derrière eux. « Nous avions une maison à Khartoum », témoigne la jeune fille. « Elle n’était pas grande, mais c’était chez nous ».
« La guerre engendre une combinaison mortelle de déplacements, de maladies et de faim. Toutes les conditions sont réunies pour que le pays sombre dans une famine induite par le conflit et qu’un nombre catastrophique d’enfants voient leur vie écourtée », affirme Catherine Russell. « Dix-sept millions d’enfants sont par ailleurs déscolarisés, ce qui signifie que la guerre risque d’avoir une incidence sur la vie d’une génération entière de jeunes. »
Lundi, Catherine Russell s’est rendue à Nairobi, au Kenya, avec des enfants ayant fui la guerre au Soudan afin de participer à un événement organisé conjointement par l’USAID, Save the Children et l’UNICEF dans le but de demander que des mesures urgentes soient prises pour les millions d’enfants soudanais dont la vie est suspendue par la guerre.
Alors que le conflit menace l’avenir de 24 millions d’enfants au Soudan, l’UNICEF demande :
- Que toutes les parties au conflit mettent un terme aux violations graves commises à l’encontre des enfants, notamment les meurtres et les mutilations, les violences sexuelles, le recrutement dans des groupes armés et les attaques ciblant les écoles et les hôpitaux. Les civils, notamment les enfants et les femmes, ainsi que les installations dont ils dépendent doivent être protégés en toutes circonstances ;
- Un cessez-le-feu et des mesures en faveur d’une paix durable ;
- Un accès humanitaire immédiat et inconditionnel à travers les lignes de conflit et les frontières, notamment au Darfour, dans l’État d’Al Jazirah, à Khartoum et dans le Kordofan ;
- Une réponse humanitaire entièrement financée.
L’UNICEF lance un appel de fonds de 840 millions de dollars É.-U. afin de mettre en place une série d’interventions dans les domaines de la protection de l’enfance, de l’éducation, de la santé, de la nutrition, de l’eau et de l’assainissement ainsi qu’une aide en espèces au profit des enfants au Soudan.
« Les enfants déplacés à l’intérieur du Soudan et ceux qui ont fui à l’étranger n’ont que deux souhaits : rentrer chez eux et que la guerre s’arrête », conclut Catherine Russell.
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À propos de l’UNICEF
L’UNICEF est le plus important organisme humanitaire dans le monde axé sur les enfants. Nous travaillons dans les endroits les plus durs du monde pour offrir une protection, des soins de santé, des vaccins, une éducation, des aliments nutritifs, de l’eau potable et des systèmes d’assainissement de l’eau. En tant que membre des Nations Unies, nous sommes présents dans plus de 190 pays et territoires, un rayonnement unique qui nous permet d’être sur le terrain pour aider les enfants les plus défavorisés. Bien que l’UNICEF fasse partie du système des Nations Unies, son travail, qui consiste à sauver des vies, dépend entièrement de contributions volontaires. Visitez unicef.ca et suivez-nous sur Twitter, Instagram et Facebook.