Résumé des propos de Lucia Elmi, représentante spéciale de l’UNICEF sur la situation des enfants dans l’État de Palestine – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse s’étant tenue aujourd’hui au Palais des Nations à Genève.
Genève, le 12 janvier – « Après près de 100 jours de violence, de tueries, de bombardements et de captivité pour les enfants à Gaza, toute cette souffrance devient insupportable.
Chaque jour qui passe, les enfants et les familles de la bande de Gaza font face à un risque accru de mort en raison des bombardments, de maladies liées au manque d’eau potable, et de privation causée par le manque de nourriture. Et pour les deux enfants israéliens encore retenus en otage à Gaza, leur cauchemar commencé le 7 octobre se poursuit.
Et la situation continue de se détériorer rapidement. L’UNICEF a parlé la semaine dernière de la « triple menace » qui pèse sur les enfants de la bande de Gaza : conflit, maladies et malnutrition. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour y faire face, mais nous sommes confrontés à un défi de taille pour résoudre ces problèmes.
Pour les enfants de Gaza le temps vient à manquer, alors que la majeure partie de l’aide humanitaire vitale dont ils ont désespérément besoin reste bloquée en raison de l’insuffisance des couloirs d’accès et de la lenteur des inspections. Des besoins croissants et une réponse limitée, voilà la formule d’un désastre aux proportions dramatiques.
Des milliers d’enfants sont déjà morts et des milliers d’autres suivront rapidement si nous ne résolvons pas immédiatement trois goulots d’étranglement urgents :
UN – LA SÉCURITÉ : Aucun endroit n’est sûr dans la bande de Gaza. Les bombardements intenses et le conflit en cours dans les zones urbaines densément peuplées menacent la vie des civils et des travailleurs humanitaires.
Les bombardements empêchent également l’acheminement de l’aide dont la population a désespérément besoin. Lorsque j’étais à Gaza la semaine dernière, nous avons essayé pendant six jours d’acheminer du carburant et des fournitures médicales vers le nord et pendant six jours, les restrictions de mouvement nous en ont empêchés. Mes collègues à Gaza ont rencontré ce même problème durant des semaines avant mon arrivée. Les familles du nord ont désespérément besoin de ce carburant pour faire fonctionner les infrastructures d’eau et d’assainissement. Elles attendent toujours.
DEUX – LA LOGISTIQUE : Nous ne parvenons toujours pas à faire entrer suffisamment d’aide : hier, seuls 139 camions (73 via Rafah et 66 via KS) sont entrés. Le processus d’inspection reste lent et imprévisible. Et certains matériaux dont nous avons cruellement besoin font toujours l’objet de restrictions, sans justification claire. Il s’agit notamment de générateurs pour alimenter les installations d’eau et les hôpitaux, et de tuyaux en plastique pour réparer les infrastructures d’eau gravement endommagées.
En outre, une fois l’aide arrivée, il est très difficile de la distribuer dans l’ensemble de la bande de Gaza, en particulier dans le nord et, depuis peu, dans le centre.
Les fréquentes coupures de communication rendent extrêmement difficile la coordination de la distribution de l’aide, et empêchent les bénéficiaires de savoir comment et quand y accéder.
La congestion dans le sud, due aux déplacements massifs et aux besoins considérables, se traduit par des incidents répétés au cours desquels des personnes désespérées arrêtent les camions et tentent de mettre la main sur tout ce qu’elles peuvent.
La pénurie de carburant et de camions à l’intérieur de la bande de Gaza, ainsi que les dégâts importants subis par les routes, ralentissent les déplacements et en diminuent la fréquence.
TROIS – COMMERCIAL : L’aide humanitaire ne suffit pas. Le volume de marchandises à la vente dans la bande de Gaza doit augmenter, et rapidement. Il faut qu’au moins 300 camions de produits commerciaux privés entrent chaque jour dans la bande de Gaza. Cela aiderait les gens à acheter des produits de première nécessité, soulagerait les tensions au sein de la communauté et stimulerait les programmes d’aide en espèces proposés par l’UNICEF et d’autres organismes.
Mais nous constatons très peu de changement et, pour être claire, les conséquences se mesurent quotidiennement en nombre de décès d’enfants.
Un cessez-le-feu immédiat et durable est la seule façon de mettre fin aux meurtres et mutilations des enfants et de leurs familles, et de permettre l’acheminement urgent d’une aide désespérément nécessaire. Mais pendant que nous continuons à plaider et à faire pression pour que cela se produise, nous avons besoin de toute urgence de :
- L’ouverture de tous les points de passage vers la bande de Gaza ;
- Processus d’approbation et d’inspection plus rapides, plus efficaces et prévisibles pour l’aide ;
- La reprise des activités commerciales/privées ;
- L’entrée immédiate d’une quantité bien plus importante de carburant pouvant traverser la bande de Gaza ;
- Des canaux de télécommunication fiables et ininterrompus ;
- Une plus grande capacité de camionnage et de transport à l’intérieur de la bande de Gaza ;
- La protection des infrastructures civiles telles que les écoles et les hôpitaux ;
- L’accès au nord de la bande de Gaza, pour nous permettre d’atteindre les enfants et les familles vulnérables qui ont un besoin urgent d’aide humanitaire.
Enfin, les deux enfants israéliens enlevés doivent être libérés immédiatement, sans condition et en toute sécurité.
Cette violence doit cesser maintenant.
Je vous remercie. »