La crise climatique et les conflits au Soudan du Sud provoquent faim et malnutrition
Djouba, le 3 novembre 2022 – La faim et la malnutrition augmentent dans les zones du Soudan du Sud frappées par les inondations, la sécheresse et les conflits. Certaines communautés risquent de mourir de faim si l’aide humanitaire n’est pas maintenue et si les mesures d’adaptation aux changements climatiques ne sont pas renforcées, alerte l’ONU.
Selon le dernier Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié aujourd’hui, quelque deux tiers de la population sud-soudanaise, soit 7,76 millions de personnes, risquent de faire face à une insécurité alimentaire aiguë pendant la saison creuse pré-récolte, qui s’échelonne d’avril à juillet 2023, tandis que 1,4 million d’enfants souffriront de malnutrition.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (l’UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM) avertissent que la proportion de personnes confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 [crise] de l’IPC ou plus) et de malnutrition n’a jamais été aussi élevée, dépassant même les seuils observés lors des conflits de 2013 et 2016. Le déclin de la sécurité alimentaire et la forte prévalence de la malnutrition sont liés à une combinaison de conflits, de mauvaises conditions macroéconomiques, de manifestations climatiques extrêmes et de la flambée des prix de la nourriture et du carburant. Parallèlement, le financement des programmes humanitaires est à la baisse en dépit des besoins toujours croissants.
« Nous nous sommes concentrés sur la prévention de la famine depuis le début de l’année et avons évité le pire, mais cela ne suffit pas, avertit Makena Walker, directrice de pays par intérim du PAM au Soudan du Sud. Tous les jours, le Soudan du Sud est aux premières loges de la crise climatique et des familles perdent leur maison, leur bétail, leurs champs et tout espoir en raison des conditions météorologiques extrêmes. Sans aide alimentaire humanitaire, des millions d’autres personnes se retrouveront dans une situation de plus en plus précaire et dans l’incapacité de subvenir aux besoins alimentaires les plus élémentaires de leur famille. »
Les inondations pluriannuelles sans précédent qui balaient le pays exacerbent les niveaux déjà élevés de famine causée par les conflits continus et la crise alimentaire mondiale. Les régions centrales du pays, qui sont les plus touchées
par les inondations d’une année à l’autre, sont aussi celles qui présentent les niveaux d’insécurité alimentaire les plus élevés.
« Soutenir les moyens de subsistance est particulièrement nécessaire pour favoriser l’autosuffisance du Soudan du Sud en matière de production alimentaire. Nous savons que le potentiel subsiste puisque quelque 840 000 tonnes de céréales ont été produites en 2021, au cours d’une année difficile marquée par les changements climatiques, les inondations, les conflits et d’autres facteurs. Étant donné le déficit céréalier actuel de 541 000 tonnes, il faut investir de toute urgence dans les moyens de subsistance ruraux pour accroître la production et l’autosuffisance », affirme Meshack Malo, représentant de la FAO au Soudan du Sud.
Bien que la sécurité alimentaire se soit légèrement améliorée dans certaines régions du pays, la crise nutritionnelle s’intensifie dans l’ensemble du Soudan du Sud. Tous les comtés sauf un verront leur situation nutritionnelle se détériorer d’ici juin 2023, dont 44 comtés sont déjà dans une situation jugée critique.
« Depuis trois ans, les inondations ont bouleversé un nombre croissant de personnes dans l’ensemble du Soudan du Sud, déclare Jesper Moller, représentant par intérim de l’UNICEF au Soudan du Sud. Parmi ces personnes se trouve un nombre croissant d’enfants souffrant d’insécurité alimentaire et de malnutrition, que la communauté internationale ne peut ignorer. Pour protéger efficacement les enfants des effets des changements climatiques, nous devons nous assurer d’atteindre les plus vulnérables d’entre eux grâce à un programme essentiel d’interventions multisectorielles de services sociaux. »
« Le rapport de l’IPC est le fruit de plusieurs mois de collecte et d’analyse de données, auxquels ont participé le gouvernement, les agences des Nations unies, les ONG et d’autres partenaires, ajoute Sara Beysolow Nyanti, représentante spéciale adjointe de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud et coordonnatrice résidente. Des données de qualité comme celles-ci sont cruciales pour l’élaboration de programmes de réponse humanitaire afin d’aider à subvenir aux besoins de la population, et ces chiffres démontrent que les habitants du Soudan du Sud ont besoin de soutien plus que jamais. L’obtention d’engagements de la part de donateurs pour 2023 est vitale pour éviter l’aggravation de la situation humanitaire dans le pays. »
L’approvisionnement en ressources pour la réponse humanitaire en 2023 au Soudan du Sud est requis de toute urgence d’ici les prochains mois, à défaut de quoi les agences ne seront pas en mesure de prépositionner l’aide humanitaire à temps pour l’année prochaine, mettant des millions de familles en danger de sombrer davantage dans la famine.
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Notes aux médias :
Quelque 7,76 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë sévère au cours de la période d’avril à juillet 2023, soit la saison creuse pré-récolte. Ces prévisions comprennent 2,9 millions de personnes au bord de la famine (phase 4 à l’échelle de l’IPC) et 43 000 autres vivant en situation catastrophique d’insécurité alimentaire aiguë (phase 5 de l’IPC). Dans 47 comtés, la majorité de la population se retrouvera en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC) durant cette période de 2023.
Dans les États de Jonglei et d’Unité, 74 et 77 pour cent de la population, respectivement, sont susceptibles de se retrouver en phase 3 (crise) ou pire à l’échelle de l’IPC, avec certains foyers d’insécurité alimentaire aiguë en phase 5 (catastrophe) pour la période d’avril à juillet 2023.
Par ailleurs, l’Équatoria oriental, dans le sud-est du pays, affiche la plus importante dégradation en matière de sécurité alimentaire parmi les comtés du Soudan du Sud en proie à la sécheresse qui frappe la Corne de l’Afrique. Les conditions arides accablent la grande région de Kapoeta et ont décimé les moyens de subsistance, faisant périr cultures et bétail.
Ces données de l’IPC sont fondées sur la présomption que les populations continueront à recevoir une aide alimentaire humanitaire jusqu’à la saison creuse de 2023. Sans cette assistance alimentaire, les chiffres seraient encore plus graves. Il convient également de noter que le comté de Panyikang dans l’État du Nil supérieur, une zone où les niveaux d’insécurité alimentaire sont historiquement élevés, n’a pas pu faire l’objet d’une enquête en raison du manque de sécurité.
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