Livraisons de vaccin antipaludique : dernières étapes avant la vaccination à plus grande échelle
Plus de 330 000 doses du vaccin antipaludique RTS,S recommandé par l'OMS sont arrivées la nuit dernière au Cameroun – ce qui représente une étape historique vers la vaccination à plus grande échelle contre l'une des maladies les plus meurtrières chez les enfants africains.
Le paludisme frappe surtout le continent africain, qui comptait, en 2021, environ 95 % des cas de paludisme dans le monde et 96 % des décès liés à cette maladie.
Plusieurs pays africains sont actuellement en train de finaliser leurs plans de d’introduction du vaccin. Il s’agit du Burkina Faso, du Libéria, du Niger et de la Sierra Leone, qui devraient recevoir 1,7 millions de doses dans les semaines qui viennent.
Ces livraisons marquent la fin de la phase pilote de la vaccination antipaludique et préparent le terrain pour le début (au premier trimestre 2024) des vaccinations organisées par les pays dans le cadre des programmes de vaccination systématique soutenus par Gavi.
Genève/New York/Copenhague, le 22 novembre 2023 – L’arrivée, la nuit dernière à l’aéroport de Yaoundé, au Cameroun, de 331 200 doses du vaccin RTS,S, premier vaccin antipaludique recommandé par l'OMS, marque le début des livraisons vers les pays qui n’avaient pas participé au programme pilote de vaccination contre le paludisme. C'est le signe que le déploiement de la vaccination contre le paludisme dans les zones les plus à risque du continent africain va bientôt commencer.
Un enfant de moins de cinq ans meurt du paludisme pratiquement toutes les minutes. En 2021, 247 millions de cas de paludisme ont été recensés dans le monde, et 619 000 patients en sont morts ; 77 % de ces décès concernaient des enfants de moins de cinq ans, la plupart en Afrique. Avec 95 % des cas mondiaux de paludisme et 96 % des décès liés à cette maladie en 2021, le continent africain est celui qui est le plus lourdement touché par le paludisme.
Le Burkina Faso, le Libéria, le Niger et la Sierra Leone devraient quant à eux, recevoir 1,7 million de doses du vaccin RTS,S dans les semaines qui viennent, et d'autres pays africains devraient à leur tour recevoir des doses dans les mois à venir. En effet, plusieurs pays en sont maintenant à l'étape finale de préparation pour l'introduction du vaccin antipaludique dans leurs programmes de vaccination de routine, et les premières doses devraient être administrées au cours du premier trimestre 2024.
L'introduction d'un nouveau vaccin dans les programmes de vaccination essentiels doit faire l'objet d'une préparation très complète : formation du personnel de santé, investissement dans les infrastructures, les équipements et les capacités de stockage des vaccins, mobilisation et demande des communautés, mise en place progressive de la nouvelle vaccination en l’intégrant aux autres vaccinations et interventions de santé. Le vaccin antipaludique présente une difficulté supplémentaire : il doit être administré selon un schéma en quatre doses, ce qui nécessite une planification encore plus minutieuse.
Depuis 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi administrent le vaccin dans certains de leurs districts, selon un schéma à quatre doses qui débute vers l'âge de 5 mois. Ces districts avaient été sélectionnés pour le programme pilote, connu sous le nom de Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique (MVIP). Dans ce cadre, plus de 2 millions d'enfants ont été vaccinés contre le paludisme dans ces trois pays africains, ce qui a entraîné une baisse spectaculaire (13 %) de de la mortalité, toutes causes confondues, chez les enfants en âge de recevoir le vaccin, ainsi qu'une réduction substantielle des formes graves du paludisme et des hospitalisations. Le programme pilote a montré par ailleurs une forte adhésion à la vaccination antipaludique, sans réduction de l'utilisation des autres mesures de prévention du paludisme ou de l'utilisation des autres vaccins. Le MVIP est coordonné par l'OMS en collaboration avec l'UNICEF et différents partenaires ; il est financé par Gavi, le Fonds mondial et UNITAID, et les doses ont été données par GSK, le fabricant du vaccin RTS,S.
Les données du projet pilote ont montré l'innocuité et l'impact du vaccin RTS,S et fourni des éléments importants sur l’acceptation du vaccin et son adoption, ce qui a permis à l'OMS de recommander récemment un deuxième vaccin contre le paludisme, le R21, fabriqué par le Serum Institute of India (SII). Lors d’un essai clinique de phase 3, le R21 a montré un bon profil d'innocuité et a permis de réduire le paludisme chez les enfants. On peut donc s’attendre à ce que le R21, à l’instar du RTS,S, ait un impact important en termes de santé publique. Les pays pourront donc choisir leur vaccin, en fonction des caractéristiques de leurs programmes, de l'offre de vaccins et de leur accessibilité financière.
Le vaccin R21 fait actuellement l'objet d'un examen par l'OMS en vue de sa préqualification. La disponibilité de deux vaccins antipaludiques devrait permettre d'augmenter l'offre et de pouvoir répondre à la forte demande des pays africains, et d'obtenir un nombre suffisant de doses de vaccin pour pouvoir vacciner tous les enfants vivant dans les zones où le paludisme constitue un problème de santé publique. Pour préparer l’intensification de la vaccination, Gavi, l'OMS, l'UNICEF et leurs partenaires collaborent avec les pays qui ont exprimé leur intérêt et/ou qui ont confirmé leurs plans en ce qui concerne les prochaines étapes du déploiement du vaccin.
La mise en œuvre à grande échelle de la vaccination antipaludique dans les régions endémiques pourrait changer la donne en matière de lutte contre le paludisme et sauver des dizaines de milliers de vies chaque année. Toutefois, la vaccination antipaludique ne constitue pas la solution à elle seule. L’introduction des vaccins antipaludiques doit s’intégrer à l’ensemble des mesures de lutte contre le paludisme recommandées par l'OMS, à savoir l’utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide, la pulvérisation intradomiciliaire d'insecticide à effet rémanent, le traitement préventif intermittent des femmes enceintes, le recours aux antipaludiques, la prise en charge et le traitement des cas. Toutes ces mesures ont contribué à réduire le nombre de décès liés au paludisme depuis l'an 2000. Fait important, le MVIP a montré que l'administration des vaccins antipaludiques parallèlement aux interventions non vaccinales peut renforcer les autres vaccinations et l’utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticide, et favorise de manière générale l'accès aux mesures de prévention du paludisme.
« Le monde a besoin de bonnes nouvelles - et celle-ci en est une », a déclaré David Marlow, directeur exécutif de Gavi, l'Alliance du vaccin. « Nous sommes fiers que les partenaires qui constituent notre Alliance, avec en tête les pays africains, aient pris la décision d'investir dans le vaccin contre le paludisme, considérant qu’il s’agissait d’une priorité de santé publique ; et que ce soutien ait permis de disposer d’un nouvel outil capable de sauver la vie de milliers d'enfants chaque année. Nous sommes ravis de participer, par nos programmes, au déploiement de ce vaccin historique tout en veillant, avec nos partenaires, à son intégration aux autres mesures vitales de lutte contre le paludisme ».
« Ce pourrait être un tournant décisif dans notre combat contre le paludisme », a reconnu Catherine Russell, directrice générale de l'UNICEF. « L’introduction du vaccin, c’est un peu comme l’entrée sur le terrain du meilleur joueur. Grâce à cette étape tant attendue, franchie sous la conduite des leaders africains, nous entrons dans une nouvelle ère en matière de vaccination et de lutte contre le paludisme, avec l’espoir de sauver la vie de centaines de milliers d'enfants chaque année. »
« Il s'agit d'une nouvelle avancée révolutionnaire pour les vaccins antipaludiques, qui apporte une lueur d’espoir alors que, dans le monde, tant d'enfants vulnérables traversent des heures sombres. La livraison de vaccins antipaludiques à de nouveaux pays d'Afrique offrira une protection vitale à des millions d'enfants exposés au risque de paludisme », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. « Mais nous ne devons pas nous arrêter là. Ensemble, nous devons trouver la volonté et les ressources nécessaires pour déployer largement la vaccination antipaludique, afin que tous les enfants puissent vivre plus longtemps et en meilleure santé ».
« Il s'agit d'une avancée significative dans la généralisation de la vaccination contre le paludisme dans la région. Le vaccin, qui protège les enfants contre les formes graves de la maladie, est un complément essentiel à l'ensemble des outils de prévention du paludisme dont nous disposons. Il va nous aider à inverser la tendance à la hausse du nombre de cas et à réduire davantage le nombre de décès », a affirmé la Dre Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique.
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