À l’occasion du sixième anniversaire du conflit en Syrie, l’UNICEF publie le rapport Hitting Rock Bottom
TORONTO/DAMAS/AMMAN, le 12 mars 2017 – En 2016, les violations graves envers les enfants en Syrie ont été les pires enregistrées, révèle l’UNICEF dans un rapport sur les retombées du conflit sur les enfants, alors que la guerre dure maintenant depuis six ans.
Les cas avérés de meurtres, de mutilations et de recrutements d’enfants ont nettement augmenté l’année dernière en raison de l’escalade de la violence dans tout le pays.
- Au moins 652 enfants ont été tués, une augmentation de 20 pour cent depuis 2015, ce qui fait de 2016 la pire année pour les enfants de la Syrie depuis le début, en 2014, du compte formel des enfants victimes du conflit.
- Au total, 255 enfants ont été tués dans ou à proximité d’une école.
- Plus de 850 enfants ont été recrutés pour combattre dans le cadre du conflit, soit plus du double du nombre de recrutements en 2015. Des enfants sont utilisés et recrutés pour combattre directement sur les lignes de front et ils prennent de plus en plus part aux combats, y compris, dans les cas extrêmes, en tant que bourreaux, kamikazes ou gardiens de prison.
- Au moins 338 attaques ont été perpétrées contre des hôpitaux et du personnel médical.
« Nous avons franchi une autre étape dévastatrice dans la crise humanitaire syrienne. Le conflit est non seulement entré dans sa septième année, mais plus d’enfants que jamais auparavant en subissent les conséquences tragiques. Le Canada a fait preuve d’un formidable leadership en réaction à la crise, mais les besoins croissants continuent de largement surpasser l’aide apportée, et ce, au détriment de la vie des enfants, de leurs espoirs et de leurs rêves pour l’avenir », déclare David Morley, le président et chef de la direction d’UNICEF Canada, qui a récemment visité un camp de réfugiés syriens en Jordanie.
Près de six millions d’enfants ont besoin d’aide de toute urgence
Après six années de guerre, près de six millions d’enfants dépendent maintenant de l’aide humanitaire, soit douze fois plus qu’en 2012. Des millions d’enfants ont été déplacés; certains ont même été déplacés à sept reprises. Plus de 2,3 millions d’enfants vivent actuellement en tant que réfugiés en Égypte, en Iraq, en Jordanie, au Liban et en Turquie.
Les difficultés d’accès dans plusieurs régions de la Syrie entravent l’évaluation de l’ampleur des souffrances des enfants et font obstacle à l’aide humanitaire d’urgence destinée aux filles et aux garçons les plus vulnérables. Au-delà des bombes, des balles et des explosions, des enfants meurent en silence, souvent de maladies qui peuvent normalement être facilement évitées. L’accès à des soins médicaux, à des fournitures essentielles et à d’autres services de base demeure difficile.
En Syrie et au-delà de ses frontières, les mécanismes d’adaptation s’érodent, et les familles prennent des mesures extrêmes pour survivre, poussant souvent leurs enfants à se marier et à travailler. Dans plus des deux tiers des familles, les enfants travaillent pour aider leurs proches. Certains enfants travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, même pour des adultes.
280 000 enfants en état de siège
Les plus vulnérables en Syrie sont les 2,8 millions d’enfants qui se trouvent dans les régions difficiles d’accès, dont 280 000 enfants qui vivent en état de siège, et qui sont presque totalement coupés de l’aide humanitaire.
« La profondeur de la souffrance est sans précédent. En Syrie, des millions d’enfants subissent quotidiennement des attaques. Leur vie est bouleversée. Chaque enfant est marqué à vie et souffrira des terribles conséquences du conflit sur sa santé, son bien-être et son avenir », affirme Geert Cappelaere, le directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, depuis Homs, en Syrie.
Malgré les horreurs et les souffrances, il y a pourtant des histoires remarquables d’enfants déterminés à garder espoir et à réaliser leurs rêves. « Je veux être une chirurgienne pour venir en aide aux personnes malades et blessées de la Syrie. Je rêve d’une Syrie sans guerre pour que nous puissions rentrer chez nous. Je rêve d’un monde où la guerre n’existe pas », déclare la jeune Darsy, âgée de 12 ans, qui vit maintenant en tant que réfugiée en Turquie.
« Nous continuons d’être témoins du courage des enfants syriens. Beaucoup ont traversé les lignes de front simplement pour passer leurs examens scolaires. Ils sont déterminés à apprendre, y compris se rendre dans des écoles sous-terraines. Nous pouvons, et nous devons, en faire beaucoup plus afin de changer les choses pour les enfants de la Syrie », ajoute monsieur Cappelaere.
L’UNICEF réclame cinq actions urgentes
Le Canada a démontré son rôle de chef de file mondial par sa réponse globale à la crise humanitaire syrienne. L’année dernière, le gouvernement du Canada s’est engagé à verser 1,11 milliard de dollars sur trois ans pour faire face aux crises en Syrie et en Iraq. Le gouvernement du Canada a aussi jumelé les dons admissibles au Fonds de secours d’urgence pour la Syrie qui ont été effectués de septembre 2015 à février 2016 par de généreux Canadiens et Canadiennes; ces dons se sont élevés à 31,8 millions de dollars. La contribution gouvernementale de 31,8 millions de dollars dans le cadre du programme de jumelage a été entièrement allouée à l’UNICEF afin de permettre à un plus grand nombre d’enfants vulnérables et dont la vie est bouleversée par le conflit d’avoir accès à une éducation en Jordanie et en Syrie et de mener une campagne nationale de vaccination en Syrie. Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2016, le premier ministre Justin Trudeau s’est également engagé à verser 78 millions de dollars pour appuyer l’initiative de l’UNICEF « Non à une génération perdue », ce qui élève la contribution totale du Canada à plus de 238 millions de dollars depuis 2014.
Les besoins continuent cependant d’augmenter, et de plus grandes mesures doivent être prises pour aider les enfants vulnérables de la Syrie. L’UNICEF fait appel à toutes les parties prenant part au conflit, aux personnes qui ont une influence sur elles, à la communauté internationale et à quiconque se soucie des enfants pour :
- trouver une solution immédiate afin de mettre un terme au conflit en Syrie;
- mettre fin à toutes les violations graves envers les enfants, y compris les meurtres, mutilations et recrutements, et aux attaques perpétrées contre des écoles et des hôpitaux;
- lever tous les sièges et permettre un accès inconditionnel et continu à tous les enfants dans le besoin, où qu’ils soient en Syrie;
- procurer aux gouvernements et aux communautés d’accueil de réfugiés un soutien durable pour les enfants vulnérables, quel que soit leur statut; et
- assurer un soutien financier continu en appui aux programmes d’aide de l’UNICEF, qui sont essentiels à la survie des enfants syriens.