Réaction d’UNICEF Canada au budget fédéral 2018
MONTRÉAL, le 28 février 2018 – UNICEF Canada était heureux de voir le gouvernement du Canada faire un pas de plus dans la bonne direction avec la publication hier du budget fédéral. Voici la réaction du président et chef de la direction d’UNICEF Canada, David Morley :
« Depuis des années, nous voyons que les enfants et les jeunes au Canada sont à la traîne par rapport à leurs pairs dans les autres pays riches. Ils sont mieux éduqués, mais en moins bonne santé; ils sont exposés à plus de violence et connaissent plus d’inégalités que leurs pareils dans les pays aux ressources économiques similaires. Le budget fédéral 2018 prévoit des mesures pour donner plus de possibilités et d’équité aux enfants, mais nous devons faire de plus grands progrès afin d’obtenir de meilleurs résultats. »
Du côté positif du grand livre
Vers l’équité pour les enfants autochtones
Le budget fait un grand pas en avant vers des services équitables pour les enfants des Premières Nations. En 2015, la Commission de vérité et de réconciliation a lancé ses appels à l’action, y compris un appel pour atteindre la parité en matière de bien-être pour les enfants inuits, métis et des Premières Nations. En 2018, un jugement du Tribunal canadien des droits de la personne a conclu que le gouvernement fédéral n’investissait pas équitablement dans les services de base pour les enfants des Premières Nations. Nous sommes heureux de voir le gouvernement s’attaquer aux pressions de financement auxquelles font face les services à l’enfance et à la famille, tout en augmentant les ressources des communautés en matière de prévention pour que les enfants soient en sécurité et que les familles puissent rester unies. Le budget 2018 alloue un nouveau financement de plus de 1,4 milliard de dollars sur six ans pour les services à l’enfance et à la famille des Premières Nations afin de permettre aux enfants vulnérables de rester en sécurité au sein de leur famille et de leur communauté. Les enfants bénéficieront également d’augmentations importantes des budgets consacrés à l’eau potable, aux soins de santé, à l’emploi et au perfectionnement des compétences, de même qu’aux populations inuit, métis et des Premières Nations. Le financement équitable des services culturels devrait se traduire par des résultats équitables en matière d’éducation, de santé et de protection de l’enfance, et combler les écarts importants en ce qui concerne les droits et le bien-être des enfants et des jeunes.
Congé parental
Nous sommes heureux que le gouvernement propose 1,2 milliard de dollars sur cinq ans pour instaurer en juin 2019 une nouvelle prestation de partage des prestations parentales dans le cadre de l’assurance-emploi, semblable au programme qui existe au Québec. La prestation prévoit cinq semaines supplémentaires de prestations parentales qui doivent être utilisées pour ne pas être perdues, jusqu’à concurrence de 40 semaines si le deuxième parent prend un minimum de cinq semaines. La prestation couvrira 55 pour cent du revenu. Si une famille opte pour un congé de 18 mois, le deuxième parent peut prendre jusqu’à huit semaines de congé additionnel à 33 pour cent du revenu. Cette étape est bienvenue pour favoriser l’attachement de l’enfant pendant une période critique de son développement. Cette prestation devrait toutefois être plus accessible aux familles à faible revenu et en situation d’insécurité d’emploi, avec un taux de rémunération plus élevé et un accès plus facile.
Des mesures pour améliorer la santé et le bien-être des enfants
Un programme national d’assurance-médicaments qui réduirait ou éliminerait le coût des médicaments d’ordonnance pour les enfants et leurs parents est une mesure bienvenue. Les médicaments représentent une dépense budgétaire importante pour certaines familles, ce qui réduit les fonds disponibles à investir dans d’autres besoins et dans les possibilités pour les enfants. Cependant, certaines maladies chroniques parmi les plus courantes chez les enfants, y compris l’asthme et le diabète, peuvent être prévenues plutôt que traitées au moyen de médicaments en améliorant la qualité de l’air, et en réduisant la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Le budget ne tient pas compte de ces aspects. UNICEF Canada exhorte le gouvernement à utiliser sa prochaine politique alimentaire nationale et sa stratégie de réduction de la pauvreté afin de réduire les taux astronomiques d’insécurité alimentaire et d’obésité chez les enfants au Canada. L’annonce budgétaire de 1,3 milliard de dollars sur trois ans pour protéger les aires terrestres et marines, de même que l’admission gratuite dans les parcs nationaux pour les enfants, contribuera à protéger la qualité de l’air et de l’eau ainsi que les écosystèmes, et à améliorer la santé et le bien-être des enfants.
Ne figurent pas au grand livre
Réduction de la pauvreté des enfants
Le Canada fait partie d’une poignée de pays riches où l’inégalité des revenus a nettement augmenté au cours des dernières années. Les données croissantes indiquent que la limitation des inégalités des revenus est la clé pour obtenir de meilleurs résultats pour les enfants, et pas uniquement pour celles et ceux qui sont laissés pour compte. L’indexation de la prestation pour enfants est une bonne mesure pour consolider l’inégalité des revenus et répondre aux besoins fondamentaux des enfants, mais il faut investir davantage. Continuer de tirer parti de la prestation canadienne pour réduire la pauvreté des enfants de 50 pour cent d’ici 2020 et de 60 pour cent d’ici 2030, conformément à ce que font les pays les mieux cotés, contribuerait grandement à améliorer le bien-être des enfants. Certains enfants bénéficieront de la nouvelle allocation pour les travailleuses et travailleurs à faible revenu et d’un nouveau programme d’aide au logement dans le cadre de la stratégie nationale en matière de logement annoncée en 2017.
Investissement dans la jeune enfance
Le revenu familial est important pour procurer aux enfants ce dont ils ont besoin pour réaliser pleinement leur potentiel. Mais des services publics universels de qualité sont essentiels. Parce que les inégalités en matière de bien-être chez les enfants se manifestent au cours des premières années de vie, il est préférable de réduire la courbe des coûts pour investir dans le développement du jeune enfant plutôt que de remédier aux désavantages précoces dans l’éducation, la santé, la protection de l’enfance et la justice et dont les coûts sont assumés par l’ensemble de la population. Les investissements de 100 millions de dollars dans l’innovation en matière d’apprentissage et de garde du jeune enfant, et de 95 millions de dollars pour combler les lacunes dans les données sur les services de garde au Canada ne suffisent pas.
Adoption de bonnes politiques pour les enfants
Les enfants représentent une population importante dont les intérêts sont souvent négligés dans le processus décisionnel gouvernemental. Le taux de pauvreté des enfants est supérieur à celui de tout autre groupe au Canada, car les enfants n’ont pas la priorité absolue. Les enfants ont droit à une considération prioritaire, car ils constituent le groupe le plus vulnérable touché par les décisions publiques. Ils peuvent être touchés de façon disproportionnée par la privation ou des conditions défavorables. Tous les paliers de gouvernement devraient utiliser les outils d’évaluation d’impact sur les droits de l’enfant lors de la prise de décisions, comme l’a fait le budget fédéral en tenant compte du genre. Cela permettra d’obtenir des résultats plus équitables et meilleurs pour les enfants au Canada, et d’améliorer les politiques, tout comme le fait l’analyse comparative entre les sexes.
La mise en place d’un centre de statistiques sur le genre, la diversité et l’inclusion visant à promouvoir une analyse sexospécifique des politiques, ainsi que d’une base de données pour étayer les bonnes décisions politiques, devrait être jumelée à un centre similaire afin de veiller à ce que les politiques publiques et les autres décisions gouvernementales tiennent compte des effets sur les enfants et à ce que nous fassions des progrès mesurables dans la réalisation des droits et du bien-être de l’enfant.
Le Canada sur la scène mondiale
L’augmentation de l’aide internationale est également une mesure bienvenue en ces temps particulièrement difficiles pour des filles et des garçons dans le monde. Au milieu de l’horreur de tant de crises brutales et prolongées, le Canada peut et doit continuer d’agir en tant que chef de file mondial du développement et de l’aide humanitaire. Nous partageons l’engagement du gouvernement du Canada envers un financement novateur, de même que l’engagement du secteur privé envers l’autonomisation des filles en tant qu’investissement dans un avenir meilleur pour toutes et tous. Un endroit, selon les paroles du ministre des Finances, où chaque enfant a des possibilités égales de réaliser ses rêves. »