Déclaration attribuable à Henrietta H. Fore, directrice exécutive de l’UNICEF et Dr. Natalia Kanem, directrice exécutive de l’UNFPA à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, le 6 février.
NEW YORK, 6 février 2018 – « Les mutilations génitales féminines représentent beaucoup de choses. Un acte violent qui engendre des infections, des maladies, des complications lors de l’accouchement et même la mort. Une pratique cruelle qui porte préjudice et inflige une souffrance morale durable aux membres les plus vulnérables et les plus faibles de la société – les filles entre l’enfance et l’âge de 15 ans. Une violation des droits de l’homme qui reflète et perpétue la condition d’infériorité des filles et femmes dans trop d’endroits. Un frein au bien-être des communautés et à la prospérité des économies.
Toutefois, c’est également quelque chose qui peut être éliminé.
Partout dans le monde, le mouvement visant à éliminer les mutilations génitales féminines prend de l’ampleur. La volonté politique, l’engagement de la communauté et des investissements ciblés contribuent à faire évoluer les pratiques et à améliorer des vies.
Dans les pays où l’UNFPA et l’UNICEF mènent des activités conjointes pour éliminer des mutilations génitales féminines, les filles ont aujourd’hui 33 % plus de chances d’échapper à cette pratique néfaste qu’en 1997. Depuis 2008, plus de 25 millions de personnes issues de 18 000 communautés de 15 pays différents ont publiquement désavoué cette pratique. À l’échelle mondiale, sa prévalence a diminué de près de 25 % depuis le début des années 2000.
C’est une bonne chose pour les filles et les jeunes femmes, mais également pour leur famille et les communautés. Les filles qui ne sont pas soumises à cette pratique ont tendance à grandir en meilleure santé et à avoir des enfants mieux portants. Elles sont souvent plus instruites, touchent des rémunérations plus élevées et sont plus à même de prendre des décisions concernant leur propre vie. Les communautés et les pays qui luttent contre cette pratique néfaste et s’engagent à l’éliminer en voient les bienfaits.
Ce sont là les bonnes nouvelles. Toutefois, dans certains des pays les plus pauvres de la planète où la pratique des mutilations génitales féminines persiste, les tendances démographiques menacent de compromettre les progrès que nous avons accomplis.
D’ici à 2030, plus d’une naissance sur trois dans le monde aura lieu dans un des 30 pays où les mutilations génitales féminines sont pratiquées. Si des progrès ne sont pas faits rapidement pour protéger le nombre croissant de filles qui courent le risque d’être victimes de cette pratique néfaste dans ces pays, des millions de filles pourraient être mutilées d’ici à 2030.
Il est inadmissible que ces filles subissent le même sort que les 200 millions de femmes et de filles vivant dans le monde aujourd’hui qui ont déjà enduré une mutilation génitale féminine. Ces dernières en portent déjà les cicatrices, souffrent de complications connexes ou revivent d’horribles souvenirs de douleur et de trahison. Personne – ni les filles, ni leur famille, ni les communautés – ne tire d’avantages économiques ou sociaux à vivre dans des sociétés inégales où une telle violence à l’égard des filles est acceptée.
Nous savons comment remédier à cette situation. Nous avons vu que la fréquence des mutilations génitales féminines pouvait diminuer rapidement là où la résolution du problème était prise à cœur par les gouvernements, les communautés et les familles. Là où les normes sociales étaient remises en question, village après village. Là où les professionnels de la santé s’unissaient pour s’opposer à cette pratique et refusaient d’y prêter leur concours. Là où des lois visant à ériger cet acte en infraction pénale étaient promulguées et appliquées. Là où un meilleur accès à la santé, à l’éducation et à des services juridiques garantissait un changement durable. Là où les filles et les femmes étaient protégées et à même de faire entendre leur voix.
Il est reconnu dans les objectifs de développement durable que les mutilations génitales féminines entravent les progrès réalisés en vue d’instaurer un monde plus égalitaire, plus juste et plus prospère. Ces objectifs incluent la cible ambitieuse consistant à éliminer toutes les pratiques néfastes de ce type commises à l’égard des filles et des femmes d’ici à 2030.
Compte tenu du nombre croissant de filles à risque, il s’agit d’une course contre les tendances. Toutefois, des investissements accrus, un engagement politique renforcé, une participation plus importante de la communauté et une plus grande autonomisation des femmes et des filles permettraient de remporter cette course. Et puisqu’elle peut être remportée, on se doit d’y parvenir.
Il est grand temps d’éliminer une fois pour toutes les mutilations génitales féminines de la surface de la Terre. C’est une tâche qui nous incombe à tous, pour notre avenir commun. »