Le choléra et la malnutrition, principaux dangers dans les camps de réfugiés surpeuplés.
L’UNICEF presse les donateurs de répondre aux appels humanitaires à l’approche de la conférence internationale des donateurs
DHAKA, BANGLADESH/GENÈVE, le 20 octobre 2017 – Des conditions de vie inhumaines et les maladies transmises par l’eau menacent la vie de plus de 320 000 enfants rohingyas réfugiés qui ont fui vers le sud du Bangladesh depuis la fin du mois d’août, dont quelque 10 000 enfants qui ont traversé la frontière du Myanmar ces derniers jours, alerte l’UNICEF aujourd’hui.
« De nombreux enfants rohingyas réfugiés au Bangladesh ont été témoins d’atrocités au Myanmar qu’aucun enfant ne devrait jamais voir, et tous ont souffert de terribles pertes », déclare Anthony Lake, Directeur général de l’UNICEF. « Ces enfants ont instamment besoin de nourriture, d’eau salubre, d’installations d’assainissement et de vaccins pour se protéger des maladies qui se développent généralement dans les situations d’urgence. Mais ce n’est pas tout, ils ont aussi besoin de surmonter toutes les épreuves qu’ils ont endurées. Ils ont besoin de recevoir une éducation. Ils ont besoin de conseils. Ils ont besoin d’espoir. Si nous ne leur apportons pas tout cela maintenant, comment pourront-ils jamais grandir et devenir des citoyens productifs au sein de leur société ? Avec cette crise, c’est leur enfance qui leur est volée. Nous ne pouvons permettre qu’ils soient aussi privés d’avenir. »
Plus d’un demi-million de Rohingyas ont fui les violences terribles qui ravagent le Myanmar et ont traversé la frontière pour se rendre dans le district de Cox’s Bazar, dans le sud du Bangladesh, depuis la fin du mois d’août. Ils ont ainsi rejoint quelque 200 000 autres Rohingyas arrivés avec les précédents afflux de réfugiés. Entre 1 200 et 1 800 enfants franchissent la frontière chaque jour ; ils représentent près de 60 % des derniers arrivants.
Dans un rapport publié ce jour, intitulé Rejetés et désespérés – Les enfants rohingyas réfugiés face à un avenir précaire, l’UNICEF signale que la plupart des réfugiés vivent dans des camps de fortune surpeuplés et insalubres. Malgré l’intensification de l’aide internationale dirigée par le Gouvernement bangladais, il reste impossible de répondre aux besoins les plus élémentaires de nombreux enfants.
« Nous attendons encore plus de réfugiés alors que les enfants sont déjà confrontés à des dangers épouvantables », s’inquiète Edouard Beigbeder, Représentant de l’UNICEF au Bangladesh. « Le risque d’attraper une maladie transmise par l’eau ou d’autres maladies est omniprésent pour ces enfants qui vivent en plein air, avec une quantité désespérément restreinte de nourriture et d’eau salubre et un nombre bien trop limité d’installations d’assainissement. »
Dans les camps, des niveaux élevés de malnutrition aiguë sévère ont été constatés chez les jeunes enfants, et les mères et les nouveau-nés n’ont pas accès aux soins prénataux et postnataux. Le soutien apporté aux enfants traumatisés par la violence est également insuffisant.
Au vu du chaos qui règne dans les camps, les enfants et les jeunes constituent des proies idéales pour les individus pratiquant la traite des êtres humains et pour tous ceux qui pourraient chercher à les exploiter et à les manipuler, souligne en outre le rapport.
L’UNICEF appelle les responsables à mettre un terme aux atrocités ciblant les civils dans l’État de Rakhine au Myanmar et à donner aux acteurs humanitaires un accès immédiat et sans restriction à tous les enfants affectés par la violence dans la région. Pour l’heure, l’UNICEF ne peut toujours pas se rendre auprès des enfants rohingyas qui se trouvent dans le nord de l’État de Rakhine.
Par ailleurs, le rapport souligne la nécessité de trouver une solution pérenne à la crise dans l’État de Rakhine, qui réponde aux problèmes d’apatridie et de discrimination, conformément aux recommandations formulées par la Commission consultative sur l’État de Rakhine.
À l’approche d’une conférence internationale des donateurs qui aura lieu le 23 octobre à Genève, l’UNICEF appelle les donateurs à répondre immédiatement aux demandes du Plan actualisé d’aide humanitaire pour le Bangladesh élaboré par l’Organisation des Nations Unies et des organismes humanitaires. Ce plan demande un financement de 434 millions de dollars américains, dont un financement de 76,1 millions de dollars pour répondre aux besoins les plus urgents des enfants rohingyas arrivés récemment, mais aussi de ceux arrivés lors des vagues précédentes et des enfants des communautés hôtes vulnérables.
Cet appel vise en priorité à fournir de l’eau salubre et des installations d’assainissement, ainsi qu’à améliorer les conditions d’hygiène des enfants rohingyas face à l’inquiétude de possibles épidémies de diarrhées et d’autres maladies transmises par l’eau. La plupart des enfants rohingyas ne sont pas totalement immunisés contre des maladies comme la rougeole. L’UNICEF se mobilise également pour fournir aux enfants rohingyas des services d’apprentissage et de soutien dans des espaces amis des enfants et travaille avec ses partenaires pour traiter le problème de la violence liée au genre.
L’UNICEF appelle une action immédiate afin d’obtenir des résultats dans quatre domaines clés :
- L’apport d’une aide et d’un financement internationaux en faveur des Plans d’aide humanitaire pour le Bangladesh et le Myanmar ;
- La protection des enfants et des familles rohingyas et un accès humanitaire immédiat et sans restriction à l’ensemble des enfants affectés par la violence dans l’État de Rakhine ;
- Une aide au retour sûr, volontaire et digne des réfugiés au Myanmar ;
- L’élaboration d’une solution pérenne à la crise, y compris l’application des recommandations formulées par la Commission consultative sur l’État de Rakhine.
Le rapport ainsi que les photos et les ressources vidéo en appui sont disponibles ici.
Notes aux rédacteurs et rédactrices en chef :
Les enfants rohingyas font partie des quelque 50 millions d’enfants déracinés de chez eux par un conflit, la pauvreté ou un événement climatique extrême. L’année dernière, l’UNICEF a lancé la campagne mondiale #EnfantsDéracinés pour mettre en lumière la détresse de ces enfants très vulnérables.