Violence en Haïti : Les enfants constituent désormais jusqu’à la moitié des effectifs des groupes armés du pays – UNICEF

Les enfants sont pris dans un « cercle vicieux de souffrance » face à l’essor ininterrompu de la violence

PORT-AU-PRINCE/NEW YORK, le 31 mai 2024 – Alors que les conditions en Haïti continuent de se détériorer, les groupes armés compteraient parmi leurs effectifs, selon les estimations des Nations Unies, 30 % à 50 % d’enfants, lesquels sont victimes de coercition, d’abus et d’exploitation dans un contexte persistant de fragilité sociale, économique et politique alimentée par la violence incessante qui a plongé diverses régions du pays dans le chaos.

En Haïti, où 90 % de la population vit dans la pauvreté, les enfants se trouvent dans une situation critique, trois millions d’entre eux ayant toujours besoin d’une aide humanitaire urgente. Dans le même temps, les perturbations politiques qui sévissent depuis des années, conjuguées aux conditions économiques catastrophiques, ont conduit à la prolifération de groupes armés, dont un nombre croissant d’enfants du pays se voient contraints de grossir les rangs faute d’autres moyens de survie ou de protection, ce qui constitue une violation manifeste de leurs droits.

« Les enfants en Haïti sont pris dans un cercle vicieux de souffrance : ils sont poussés à rejoindre les groupes armés par pur désespoir, notamment en raison de la violence, de la pauvreté et de l’effondrement des systèmes qui devraient les protéger », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. « Les enfants recrutés par les groupes armés se voient assignés diverses tâches, comme la cuisine, le ménage, le guet ou encore le rôle d’« épouses ». Tous perdent non seulement leur innocence, mais aussi tout lien avec leur communauté. Cette situation engendre des conséquences tragiques pour chacun des enfants concernés. Il convient par conséquent de prendre des mesures concrètes visant à garantir en priorité la protection et le bien-être des enfants en Haïti, en agissant notamment pour mettre un terme en toute sécurité à l’association de ces derniers aux groupes armés, veiller à leur réintégration dans la société et leur fournir un accès sûr aux services et aux soutiens essentiels. »

D’après les dernières estimations, plus d’un demi-million d’enfants en Haïti vivent dans des quartiers contrôlés par des groupes armés, ce qui augmente le risque qu’ils soient recrutés ou victimes de violence.

Les enfants sont bien souvent contraints de rejoindre les rangs des groupes armés soit parce qu’ils ne peuvent subvenir autrement aux besoins de leur famille, soit parce qu’eux-mêmes ou leur famille font l’objet de menaces. Un grand nombre d’enfants intègrent également ces groupes après avoir été séparés de leur famille car ils n’ont aucun autre moyen de survivre et de bénéficier d’une protection.

Le recrutement et l’utilisation d’enfants par les groupes armés constituent une violation grave de leurs droits, et l’enrôlement d’enfants de tout âge dans des groupes armés est une infraction manifeste au droit international.

Aussi l’UNICEF et les Ministères haïtiens de la justice, de l’éducation, et du travail et des affaires sociales sont-ils récemment convenus d’œuvrer conjointement à la réintégration des enfants ayant été associés à des groupes armés. Un accord qui marque une étape déterminante dans la préservation de leur bien-être.

Depuis le début de l’année 2024, plus de 2 500 décès, blessures ou enlèvements ont été recensés à la suite de l’escalade de la violence et les Nations Unies ont attesté plus de 400 violations graves commises contre des enfants. Dans le même temps, la violence continue de contraindre les familles à se déplacer. À ce jour, plus de 180 000 enfants sont déplacés à l’intérieur du pays.

Malgré l’extrême instabilité de la situation, l’UNICEF continue d’intensifier ses opérations pour fournir la protection et l’aide vitale dont les familles ont besoin, notamment celles qui sont prises au piège et privées d’accès aux services essentiels. Aux côtés du Gouvernement et de ses partenaires, l’UNICEF contribue à préserver le fonctionnement à l’échelle nationale, régionale et locale (dans les quartiers les moins sécurisés) des systèmes et des services qui protègent les enfants et les familles.

L’UNICEF appelle la communauté internationale à accélérer ses efforts pour protéger les enfants en Haïti :

• En veillant à ce que la mission de sécurité soutenue au niveau international accorde la priorité à la protection des enfants et à la sécurité des civils, et s’engage à faire respecter le droit humanitaire ainsi qu’à obtenir l’espace nécessaire aux interventions humanitaires ;

• En soutenant les initiatives visant à prévenir les violations graves commises contre des enfants et à y mettre fin, notamment en veillant à la protection des écoles, des hôpitaux et d’autres installations dont dépendent les enfants ainsi qu’à la préservation des espaces humanitaires ;

• En soutenant davantage les actions entreprises sur le territoire national pour garantir un accès humanitaire prévisible, durable et sans entrave à grande échelle, y compris le déplacement sûr des travailleurs humanitaires et de première ligne ainsi que la fourniture des services et articles essentiels aux populations dans le besoin ;

• En augmentant sans attendre les financements souples pour répondre aux besoins en matière d’aide humanitaire et de protection des personnes les plus vulnérables à mesure que la situation évolue, tout en garantissant que l’aide atteint les enfants concernés le plus vite possible, y compris ceux qui se sont enfuis ou qui ont été libérés par des groupes armés.

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Note aux rédactions :

• L’analyse des données mentionnées dans ce communiqué a été réalisée par l’UNICEF à partir des données issues du Rapport annuel du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et des rapports du Haut-Commissariat et du Secrétaire général.