5 questions à Sophie Chavanel, chef de la communication pour le développement pour l’UNICEF en RDC
À l’occasion du mois de la Francophonie, nous nous sommes entretenus avec la Québécoise Sophie Chavanel, qui dirige les efforts de communications de l’UNICEF dans le pays francophone le plus peuplé du monde : la République démocratique du Congo (RDC).
Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre travail?
Je me suis jointe à l’UNICEF il y a un peu plus de quatre ans. Je suis une ancienne journaliste mais également une mère. Je veux laisser un monde meilleur à ma fille.
Ce qui me motive avant tout, c’est de voir la portée de l’UNICEF dans le monde. Nous sommes en mesure d’atteindre les populations les plus reculées, de nous rendre dans les communautés les plus isolées en Afrique et ailleurs dans le monde. Nos conducteurs sont réellement incroyables…ce sont de véritables conducteurs de rallye! Je suis extrêmement reconnaissante de travailler chaque jour pour la plus cause qui me tient le plus à cœur : celle des enfants.
Pouvez-vous nous parler des effets de la pandémie sur les enfants en RDC?
La COVID-19 a eu des effets désastreux sur les enfants. Beaucoup de familles en République démocratique du Congo ont perdu leurs revenus. Ce sont des millions de personnes qui se retrouvées sans gagne-pain, du jour au lendemain. Quand vous vivez au jour le jour, c’est extrêmement stressant.
De plus, la plupart des enfants en RDC ont manqué un an d’école. L’augmentation de la violence faite aux enfants est elle aussi extrêmement préoccupante. C’est plusieurs pas en arrière pour un pays qui a une population très jeune, dynamique.
Quelle différence les vaccins contre la COVID-19 peuvent-ils faire?
Je suis positive. Nous avons récemment reçus les premières livraisons de vaccins contre la COVID-19 via le mécanisme COVAX.
Cela étant dit, dans un pays aussi vaste que la RDC, la logistique pour rendre les vaccins accessibles aux populations les plus vulnérables sera un défi colossal. Nous sommes en pleine saison des pluies et les routes sont difficilement praticables. S’assurer de faire parvenir les vaccins à tous les villages, à toutes les communautés, sera ardu.
Selon vous, les leçons tirées d'Ebola ont-elles aidé la RDC à agir efficacement face à la COVID-19?
Oui, je le crois. Plusieurs pays d’Afrique ont réagi extrêmement rapidement et efficacement afin de faire face à la pandémie. Ce n’est pas la première pandémie en Afrique. Peu après le déclenchement de la pandémie, des stations de lavage de mains ont été mises sur pied et des messages de sensibilisation ont été émis.
Une des forces de la RDC, ce sont ses nombreux groupes communautaires. Il existe près de 20 000 réseaux d’entraide qu’on appelle les « cellules d’animation communautaire ». Ce sont des groupes de bénévoles qui informent les communautés, s’assurent que les enfants vont à l’école et dirigent les gens vers les services de santé appropriés. Ces groupes, qui ont notamment contribué à limiter la propagation d’Ebola en RDC, ont été activés dès le début de la pandémie de COVID-19.
Quels sont les principaux défis du pays en matière d’éducation?
Il n’y a pas assez d’écoles. Et quand il y a des écoles, il y a trop d’enfants par classe. Des enfants de différents niveaux sont dans les mêmes groupes, ce qui rend l’apprentissage vraiment difficile. La qualité de l’éducation n’est également pas toujours au rendez-vous.
En raison de la COVID-19, dans de nombreux villages, plusieurs jeunes ne sont pas encore de retour sur les bancs d’école. Cela fait plus d’un an qu’ils ne vont pas à l’école. Et malheureusement, ce sont surtout les filles qui sont touchées. On fait appel à elles pour les tâches ménagères ou pour subvenir aux besoins de la famille. Elles sont davantage susceptibles de ne jamais reprendre le chemin de l’école.
Mais j’ai de l’espoir. Et les jeunes aussi ont de l’espoir; je le vois. Ils se soucient de l’environnement et de l’accessibilité du système d’éducation. Cette jeunesse congolaise, qui est brillante, qui est talentueuse, cherche des solutions pour que le monde soit plus vert, plus équitable et plus juste au sortir de la pandémie. Et je suis convaincue qu’elle réussira à réinventer un monde meilleur.