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UNICEF Canada
2 octobre, 2017
Dans les rares moments où je ne suis pas en ligne, l’une de mes activités favorites consiste à faire des expériences culinaires et à créer des délices pour moi-même et pour les gens que j’aime. L’un de mes meilleurs « clients » est mon neveu Xavier, âgé de sept ans, qui, malgré son bec fin, adore aider à la cuisine et confectionner ses plats préférés.
Parmi nos succès récents, il y a les carrés au Rice Krispies, les biscuits au sucre (pas trop souvent, quand même!) et son mets préféré : les boulettes de viande maison faites avec amour. Pour les préparer, je mets du sel, du poivre, de l’origan, de l’ail et du basilic avec un soupçon de carottes râpées, car même les tantes doivent se montrer créatives quand vient le temps de faire manger des légumes aux enfants! Jusqu’ici, il n’a pas découvert cette astuce (gardez le secret, je vous en prie!). En fait, il aime tellement ces boulettes que lorsqu’il se trouve avec sa mère, son père ou sa grand-mère, il leur demande de les faire « comme tante June ». Pour une fois que ma cuisine est considérée meilleure que celle de ma mère… attention, je vais me mettre à m’en vanter!
En tant que membre de l’entourage qui l’a élevé, une boulette de viande à la fois, je suis heureuse de pouvoir lui cuisiner des plats qu’il aime et qu’il apprécie, et qui sont nutritifs. Je sais également, après avoir vécu et travaillé dans plusieurs quartiers de Toronto, qu’avoir accès à de la nourriture et pouvoir choisir parmi une variété de plats n’est pas universel : être un bec fin est un privilège. Parmi les quelque 850 000 personnes qui ont recours aux banques alimentaires au Canada, plus du tiers sont des enfants. À Toronto, une augmentation de 18 % des enfants âgés de moins de 17 ans qui ont recours à la Daily Bread Food Bank a été observée. La preuve de l’insécurité alimentaire est également évidente dans les rapports internationaux. Le Bilan Innocenti 14 de l’UNICEF a révélé que le Canada figure en 32e place sur 41 pays en matière d’insécurité alimentaire.
À quoi ressemble l’insécurité alimentaire? Concrètement, le fait de ne pas avoir suffisamment de nourriture nutritive veut dire que des enfants et leurs parents sautent des repas, mangent trop peu ou consomment trop de nourriture sans valeur nutritive. Un simple sandwich au beurre d’arachides et à la confiture est un luxe pour beaucoup (trop) d’enfants. De plus en plus d’entre eux souffrent quotidiennement de la faim dans les communautés où nous vivons, dans les écoles fréquentées par nos enfants, au coin de la rue… souvent dans l’ombre. Comment se sent-on en situation d’insécurité alimentaire? On a honte à l’école de ne pas avoir la nourriture appropriée ou d’avoir « oublié » son dîner à la maison. Cela veut dire qu’on manque d’énergie pour apprendre et pour gérer le défi quotidien que représente le seul fait d’être un enfant.
Vous vous demandez sans doute ce que nous pouvons faire devant une telle situation. J’admets que c’est une question piège qui comporte beaucoup de réponses simples et complexes, aussi décevantes les unes que les autres. S’assurer de faire en sorte que les enfants puissent se permettre d’être des becs fins n’est peut-être pas une mauvaise piste de solution. Pour ce faire, ils doivent avoir accès à de la nourriture saine. Si ce n’est pas possible à la maison, cela peut prendre la forme d’un petit-déjeuner ou d’un dîner à l’école. Cela peut également se traduire par des approvisionnements suffisants dans les banques alimentaires pour les gens dans le besoin. Mais au-delà de ces mesures, il faut continuer à améliorer les revenus des ménages et réduire la pauvreté. L’initiative du gouvernement fédéral de renouveler la politique alimentaire est la bienvenue. Parce que l’insécurité alimentaire ne se réduit pas à un choix de vie.
Je souhaite un Canada où les becs fins existent et où les ventres vides sont une chose du passé. Tout en continuant de faire les plats que mon neveu aime et qui l’aident à grandir, je vais aussi faire ce qu’il faut pour que les autres enfants du pays puissent eux aussi manger comme ils le veulent.
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