Burkina Faso : L’insécurité pousse plus d’un enfant sur 10 à la malnutrition aiguë dans les zones fortement affectées

De nouvelles données nutritionnelles montrent que l'insécurité expose les enfants à des niveaux alarmants de malnutrition et à l'absence de services de base, avertit l'UNICEF

OUAGADOUGOU, 28 novembre 2023 – L’insécurité pousse plus d’un enfant de moins de 5 ans sur 10 vers la malnutrition aiguë dans 22 des 25 zones fortement affectées enquêtées au Burkina Faso, selon de nouvelles données, avertit l’UNICEF.

Le Ministère de la Santé et de l'Hygiène Publique, avec l'appui de l'UNICEF et de ses partenaires, a commandité l'enquête nutritionnelle rapide en juillet 2023 dans 25 communes et localités des régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Nord, du Nord, du Sahel, de l'Est et du Centre-Est.

« Dans de nombreuses régions touchées par le conflit, nous constatons une augmentation du nombre d’enfants gravement malades, souffrant d’émaciation et ayant besoin de soins vitaux. Ce niveau élevé de taux de malnutrition est un rappel brutal du profond coût humain de l'insécurité », a déclaré John Agbor, Représentant de l'UNICEF au Burkina Faso.

Sur les 18 communes et sept localités enquêtées, des taux de malnutrition élevés ont été constatés dans 15 zones. Sept autres ont été classées comme ayant des taux de prévalence très élevés, supérieurs au seuil d'urgence de 15 pour cent, avec 1 enfant sur 5 confronté à une malnutrition aiguë, dans trois communautés et localités. Les taux entre les familles déplacées internes et les communautés d’accueil sont similaires.

L'enquête a également montré que la situation nutritionnelle des femmes enceintes et allaitantes est tout aussi préoccupante, avec des taux de malnutrition aiguë globale (MAG) variant de 2,5 à 9,9 pour cent.

L’accessibilité limitée à certaines localités, les services réduits dans certains établissements de santé et marchés alimentaires, la faible disponibilité des infrastructures d’eau, d’hygiène et d’assainissement sont autant de facteurs concourant aux taux élevés de malnutrition aiguë chez les enfants du Burkina Faso. Par exemple, en août 2023, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a rapporté que quelque 778 établissements de santé étaient fermés ou fonctionnaient a minima, privant ainsi 3,6 millions de personnes de soins de santé et de nutrition.

Dans tout le pays, on estime que plus de 630 000 enfants de moins de 5 ans risquent de souffrir de malnutrition aiguë cette année, dont 172 000 souffrant de
la forme aiguë sévère connue sous le nom d'émaciation, selon le cadre intégré de classification (IPC).

L'UNICEF et ses partenaires ont appuyé le traitement d'environ 211 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë dont 98 000 cas graves, entre janvier et octobre de cette année. Cela représente une augmentation de 30 pour cent et de 21,4 pour cent respectivement, par rapport au nombre de cas d’il y a trois ans.

Le Plan de réponse humanitaire 2023 et l’Aperçu des besoins humanitaires estiment qu’au moins 54 millions de dollars américains sont nécessaires pour l’assistance nutritionnelle au Burkina Faso. À ce jour, moins d’un tiers de ce budget a été reçu.

L'UNICEF appelle à un financement accru, flexible, opportun et à long terme pour répondre aux besoins croissants des enfants et de leurs familles. Les travailleurs et les fournitures humanitaires doivent parvenir en toute sécurité aux enfants et aux familles les plus vulnérables là où ils en ont un besoin urgent. Toute interruption ou tout retard dans la fourniture de l'aide a un impact négatif sur la survie des enfants et de leurs familles.

« En collaboration avec le gouvernement, l'UNICEF et ses partenaires s'efforcent de garantir qu'aucun enfant ne souffre de malnutrition. Nous continuons à mener des interventions vitales pour prévenir la malnutrition et fournir des soins, malgré les défis sécuritaires et logistiques », a déclaré Agbor.

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