La situation humanitaire en Somalie demeure extrêmement grave : l’aide doit être soutenue et accrue pour maintenir la famine à distance

MOGADISCIO, 13 décembre 2022 – Les efforts des autorités nationales et locales ainsi que l’augmentation de l’aide humanitaire pour répondre aux impacts de la plus longue et de la plus grave sécheresse dans l’histoire contemporaine de la Somalie ont empêché les seuils de famine d’être atteints, du moins pour le moment.

La situation demeure toutefois extrêmement grave et l’assistance humanitaire doit être soutenue dans le temps et accrue, à défaut de quoi le pays risque fort de basculer dans la famine, surtout si les précipitations durant la saison des pluies d’avril à juin 2023 et au-delà s’avèrent sous la norme, comme les prévisions actuelles l’indiquent.

« L’augmentation collective de l’aide humanitaire, y compris celle des instances somaliennes, a permis d’empêcher l’insécurité alimentaire et la malnutrition aiguë d’atteindre la phase 5 de l’IPC, soit celle de la famine. En date du mois d’octobre, les partenaires humanitaires ont pu procurer de l’aide vitale à environ 6,8 millions de personnes », déclare Adam Abdelmoula, représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations Unies et coordonnateur résident de l’action humanitaire en Somalie.

La population rurale agropastorale des districts de Baidoa et de Buur Hakaba ainsi que les personnes déplacées dans la ville de Baidoa de la région de Bay ont évité la famine annoncée entre octobre et décembre 2022. Toutefois, la crise sous-jacente ne s’est pas atténuée et les pires conséquences n’ont été que temporairement évitées, selon l’analyse IPC du 13 décembre 2022. Ces mêmes populations demeurent dans une situation d’extrême vulnérabilité, y compris les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays à Mogadiscio. Les conditions extrêmes et prolongées ont engendré un taux de décès anormalement élevé et cette mortalité excessive ne freinera pas sans une augmentation soutenue de l’aide dans les secteurs cruciaux.

« Même sans décréter la famine, la situation est particulièrement alarmante, affirme M. Abdelmoula. L’envergure et la gravité de l’urgence augmentent avec les déplacements qui se poursuivent sans relâche, les prix des aliments et de l’eau qui restent élevés, les écarts critiques dans les interventions qui persistent et les faibles pluies qui sont insuffisantes pour renflouer les sources d’eau et préserver les terres à pâturage pour le bétail. Tous les indicateurs convergent vers une même conclusion : l’aide humanitaire doit être soutenue et accrue pour prévenir d’autres pertes de vies et d’autres souffrances. »

Le nombre de personnes touchées par la sécheresse en Somalie a plus que doublé cette année, passant de 3,2 millions en janvier à 7,8 millions en octobre, et l’ampleur des besoins s’intensifie proportionnellement.

La sécheresse a provoqué cinq fois plus de déplacements en cette même période, touchant 1,3 million de personnes. Tandis que la famine a été évitée à l’heure actuelle, quelque 8,3 millions de personnes se dirigeraient vers la phase 3 de l’IPC, soit celle de la crise, ou vers un pire contexte d’insécurité alimentaire d’avril à juin 2023, et 700 000 d’entre elles feront face à une situation de famine ou de catastrophe (phase 5 de l’IPC) alors que l’aide humanitaire s’annonce réduite en raison de financement insuffisant. Étant donné que la Somalie traverse sa cinquième saison consécutive de pluies insuffisantes et que la prochaine saison des pluies d’avril à juin 2023 s’annonce sous la norme, les besoins partout en Somalie persisteront bien au-delà du milieu de l’année 2023.

Le plan de réponse humanitaire pour la Somalie 2022 qui demande 2,27 milliards de dollars pour répondre aux besoins de 7,6 millions de personnes accuse un déficit de financement de plus d’un milliard de dollars en date du 13 décembre 2022.

« Nous remercions les donateurs pour leur générosité jusqu’à présent et sollicitons du financement supplémentaire, immédiat et flexible, afin de permettre une augmentation et une amélioration des actions humanitaires, dit M. Abdelmoula. Ensemble, nous avons pu éviter la famine, quoique temporairement. Nous pouvons, et devons, nous assurer que cette réalité demeure pour le peuple somalien. »

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